«Même si on est loin des grands centres, on peut créer de belles entreprises»- Jean Pouliot, président de Produits métalliques PMI

Offert par Les Affaires


Édition du 15 Octobre 2016

«Même si on est loin des grands centres, on peut créer de belles entreprises»- Jean Pouliot, président de Produits métalliques PMI

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Édition du 15 Octobre 2016

Jean Pouliot, président de Produits métalliques PMI. [Photo : Benoit Lepage]

Pour mousser l'entrepreneuriat, la Société de promotion économique de Rimouski (SOPER) peut compter sur Jean Pouliot, président de Produits métalliques PMI. «Il trouve toujours le temps de nous appuyer dans plusieurs projets, dit le directeur général de la SOPER, Martin Beaulieu. Il veut vraiment donner le goût aux gens de se lancer en affaires.»

Retour au dossier Ces gens qui font une région

C'est ce qu'il fait, par exemple, lorsqu'il visite les élèves du programme Lancement d'une entreprise du Centre de formation Rimouski-Neigette pour leur raconter son parcours d'entrepreneur. Mais attention : pas question pour lui de dorer la pilule. «M. Pouliot est transparent, il n'hésite pas à parler de ses erreurs, dit Véronique Mariève Gosselin, conseillère à la SOPER. C'est quelqu'un de très inspirant.»

En entrevue, le principal intéressé exhorte les entrepreneurs de sa région à avoir de l'ambition. «Il ne faut pas avoir peur de voir grand, d'oser. Même si on est loin des grands centres, on peut créer de belles entreprises», affirme Jean Pouliot.

Pas étonnant qu'il soit l'un des ambassadeurs pour le Bas-Saint-Laurent de Prospérité Québec, la campagne du Conseil du patronat du Québec pour valoriser la croissance économique.

L'entreprise de Jean Pouliot, justement, est l'un des fleurons de sa région. Fondée en 1951 par son père, Raymond, elle compte 85 employés et se spécialise dans la fabrication et l'installation de structures d'acier. «On est les meilleurs dans les charpentes métalliques et on ne fait que ça, dit l'homme d'affaires. On offre la solution complète, comprenant l'ingénierie.»

Voir grand

Récemment, PMI a travaillé à l'agrandissement de l'usine de liquéfaction, de stockage et de regazéification de Gaz Métro, située dans l'est de Montréal. Elle a aussi fabriqué et érigé un bâtiment électrique pour le site hydroélectrique de Muskrat Falls, au Labrador. Et elle vient de terminer la charpente d'acier de l'Assemblée nationale du Bénin, en Afrique de l'Ouest.

Quand Jean Pouliot parle de voir grand, il s'inclut dans le lot. Car ces temps-ci, sa PME s'affaire à concevoir une structure d'acier pour sa propre usine de Rimouski. PMI procède à des travaux d'agrandissement qui feront passer sa superficie de 35 000 à 50 000 pieds carrés. Elle ajoute également des équipements pour automatiser une partie de la production. Cet investissement de 5 millions de dollars permettra de doubler la capacité de production.

«Il faut investir en automatisation pour augmenter la productivité, soutient l'entrepreneur. C'est d'autant plus nécessaire que le recrutement de la main-d'oeuvre est difficile. Il n'y a pas assez de soudeurs-assembleurs qui sortent des écoles», souligne-t-il.

Une hausse de la productivité permettra également de compenser les coûts plus élevés du transport qui résultent de sa localisation géographique. À l'exception de Ciment McInnis et de quelques autres, la quasi-totalité de ses clients provient en effet de l'extérieur de la région. Mais malgré cela, Jean Pouliot n'aurait pas voulu bâtir son entreprise ailleurs.

«Rimouski est une petite grande ville où il y a tous les services, dit-il. Le cadre de vie est enchanteur. Et il n'y a pas de trafic !»

Au beau fixe

Il n'est sûrement pas le seul à penser cela, car le climat économique est plutôt bon dans la MRC de Rimouski-Neigette.

«Nos indicateurs économiques sont tous à la hausse et notre taux de chômage n'est que de 4 à 5 %, signale Martin Beaulieu. On a aussi de belles entreprises qui émergent, comme la Distillerie du St-Laurent, qui produit du gin macéré avec des algues de la région.»

Signe que ça va bien : le parc industriel de Rimouski affiche complet, et des travaux d'agrandissement seront menés l'an prochain pour augmenter sa superficie de 50 %. «En 2018, on pourra accueillir de 25 à 30 entreprises de plus», souligne M. Beaulieu, qui ajoute que sa municipalité attire notamment des entreprises du secteur maritime et de celui des technologies de l'information (TI). «Un emploi sur cinq est en TI. Telus, avec 1 500 employés, est le plus grand employeur privé.»

D'autres projets sont sur les rails, dont la construction du Parc éolien Nicolas-Riou, qui comprendra 65 éoliennes. Ce projet de 500 M$ est le fruit d'un partenariat entre les huit MRC du Bas-Saint-Laurent, Énergie de France et la Première Nation malécite de Viger. Quelque 400 emplois sont créés pendant les travaux. À terme, le Parc éolien emploiera une dizaine de personnes.

Parmi les projets annoncés, il y a celui de la firme Odacité, de Mont-Saint-Hilaire, qui a acquis des terrains près de la Cité des Achats, à Rimouski, pour y bâtir quatre immeubles commerciaux. Il s'agirait d'un investissement de 15 à 20 M$. La chaîne Riôtel projette pour sa part d'investir 15 M$ dans la construction d'un hôtel avec vue sur le fleuve.

Enfin, Rimouski voit son bassin d'entrepreneurs se renouveler. «On a plusieurs cas de relève d'entreprise ces temps-ci, dit M. Beaulieu. Par exemple, le Central Café, une véritable institution ici, a été repris par des employés qui ont formé une coopérative. Pour un repreneur unique, la bouchée aurait été grosse, mais le modèle coopératif procure des leviers de plus.»

Martin Beaulieu, directeur général de la Société de promotion économique de Rimouski.

Relève et mentorat

Le changement de garde, Jean Pouliot y pense lui aussi. Et même si ce ne sera pas avant cinq ans, il le prépare depuis quelques années déjà. «Comme je suis membre du Groupement des chefs d'entreprise depuis plus de 20 ans, j'ai vu de belles histoires de relève... et de moins belles, dit-il. Je me suis juré que la mienne ferait partie des belles.»

Chez PMI, six cadres reprendront le flambeau, dont la fille de Jean Pouliot, Josiane, qui est directrice, estimation et prix de revient. Ils sont tous déjà actionnaires.

«Mes conseillers financiers ont élaboré une stratégie qui leur permettra d'acquérir la partie opérationnelle de l'entreprise, puis les équipements, sans être égorgés financièrement, explique l'homme d'affaires de 57 ans.

«De mon côté, je sécurise mon avenir financier en faisant des prélèvements réguliers, alors que je suis encore dans l'entreprise, ajoute-t-il. L'objectif, c'est d'éviter d'être vulnérable une fois à la retraite en étant pris avec un solde de vente trop élevé.»

En plus de préparer sa relève, Jean Pouliot sert de mentor auprès de deux entrepreneurs de sa région qu'il refuse de nommer pour préserver la confidentialité de la démarche. «Le rôle d'un mentor, ce n'est pas de donner des réponses ou de dire quoi faire, mais de susciter la réflexion, dit celui qui est chef mentor de la cellule de mentorat de la MRC de Rimouski-Neigette. Si en faisant cela je peux aider d'autres entrepreneurs, j'en suis très heureux.»

De l'aide, le président de Produits métalliques PMI en donne jusqu'en Haïti. Depuis six ans, il coordonne la reconstruction d'une école des métiers de la construction à Port-au-Prince, détruite lors du séisme meurtrier de 2010. Il s'agit d'un projet conjoint de l'Association de la construction du Québec, dont il était le premier vice-président au moment de la catastrophe, et de son pendant canadien.

Une série de complications a toutefois retardé les travaux. «C'est lent, c'est difficile. Quand j'y suis allé avec deux de mes employés pour monter la charpente, ça tirait de la mitraillette autour de nous. Mais ce projet, j'y tiens. Les élèves de l'école sont des jeunes de la rue qui apprennent un métier. C'est important. S'il n'y a pas d'autres problèmes, l'école ouvrira d'ici un an.»

L’économie régionale est dynamisée par la construction du Parc éolien Nicolas-Riou, qui comprendra 65 éoliennes dans les MRC des Basques et de Rimouski-Neigette. Le projet est évalué à un demimilliard de dollars. Quelque 400 emplois sont créés durant les travaux. 

PLATEFORME WEB POUR LA RELÈVE

Trois grands cabinets comptables établis dans la région de Rimouski, Deloitte, Mallette et Raymond Chabot Grant Thornton, travaillent de concert avec la Société de promotion économique de Rimouski (SOPER) pour faciliter la relève entrepreneuriale. Les partenaires ont lancé l'été dernier une plateforme Web privée permettant le jumelage entre des entreprises à vendre et des repreneurs potentiels.

La SOPER commence par qualifier les repreneurs en analysant leur capacité financière. Ensuite, s'ils sont intéressés par une entreprise, elle transmet leur nom au cabinet comptable qui accompagne le vendeur. «Ça permet de mieux faire circuler l'information et ça diminue le risque qu'une entreprise ferme, faute de relève», dit Martin Beaulieu, directeur général de la SOPER.

RIVIÈRE-DU-LOUP SE PORTE BIEN

L'optimisme règne à Rivière-du-Loup. En 2015, les 100 entreprises manufacturières de la MRC de Rivière-du-Loup ont investi environ 30 millions de dollars en immobilisations et en équipements, selon Marie-Josée Huot, directrice générale du Centre local de développement.

«On compte 3 700 emplois manufacturiers, par rapport à 2 600 il y a 15 ans, note-t-elle. On n'a pas eu de grandes fermetures d'entreprises, comme dans d'autres régions. C'est peut-être parce que toutes nos entreprises, sauf une, appartiennent à des entrepreneurs d'ici. Ce sont des gens qui vont tout faire pour leur entreprise.»

Une autre force du tissu manufacturier de la région de Rivière-du-Loup, c'est sa diversité. «Nos entreprises œuvrent dans plusieurs secteurs, ce qui nous protège quand un secteur va moins bien», souligne Mme Huot.

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