Le budget face à «la crise d’abordabilité la plus grave de notre histoire»

Publié le 21/03/2023 à 18:26

Le budget face à «la crise d’abordabilité la plus grave de notre histoire»

Publié le 21/03/2023 à 18:26

Par lesaffaires.com

(Photo: 123RF)

BUDGET DU QUÉBECLes Affaires a recueilli les réactions du milieu des affaires après le dévoilement du budget Girard.

 

Congé fiscal pour les projets d’investissement

«C’est la mesure phare du budget pour les entreprises», affirme à Les Affaires Charles Milliard, PDG de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), en soulignant que ce nouveau congé fiscal contribuera à augmenter la productivité des entreprises québécoises.

Pour sa part, Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ) salue cette mesure qui pérennise l’appui aux entreprises manufacturières. En même temps, l’association déplore qu’il n’y ait rien de nouveau pour les entreprises manufacturières qui représentent pourtant 13% du PIB québécois. «On devrait en faire plus pour les manufacturiers, notamment pour les investissements et la main-d’œuvre. Il n’y a rien dans ce budget pour faire bouger l’aiguille», insiste la PDG de MEQ, Véronique Proulx.

 

Réduire la pénurie de main-d’œuvre

«On aurait souhaité que les 15 métiers les plus en demande au Québec soient reconnus dans le Plan d’action pour la main-d’œuvre», affirme Véronique Proulx, PDG de MEQ. L’association affirme qu’il devient «urgent» d’accroître le nombre de travailleurs disponibles, déplorant du coup que le budget «n’aura pas d’impact réel en ce sens».

À la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), Charles Milliard aurait aimé que le ministre des Finances propose un allègement fiscal pour les travailleurs âgés de plus de 60 ans qui souhaite continuer à travailler. «Ce type de mesure, que nous réclamons depuis trois ans, n’existe pas».

 

Immobilier: 5000 unités et 1G$ pour favoriser l’accès à des logements abordables

«C’est un saupoudrage de mesures qui n’est pas tellement efficace, soutient le directeur général du Réseau québécois des OSBL d’habitation, André Castonguay. Et quand on parle de logements abordables, c’est relatif au revenu des ménages. Mais il y a des gens qui doivent réserver 50%, 60% ou 70% de leurs revenus pour se loger, et ce que le ministre Girard propose n’est pas satisfaisant.»

La porte-parole du Front d’action populaire pour le réaménagement urbain (FRAPRU), Véronique Laflamme, indique qu’en plus, sur les 5000 logements abordables annoncés par le gouvernement, il n’y a réellement que 1500 nouvelles unités… sur six ans.

«Ça en prendrait 10 000 par année pour régler le problème. Là, la CAQ n’atteint même pas le nombre de leur promesse électorale. Pendant ce temps, le parc de logements abordables s’effrite. On perd plus de logements qu’il ne s’en construit. On voit des gens qui travaillent, obligés de vivre dans leur voiture, des familles vivre dans des 3 ½. Ce qui est présenté dans le budget est inacceptable, et nous nous enfonçons dans la crise d’abordabilité la plus grave de notre histoire.»

Les Manufacturiers et exportateurs du Québec aurait également souhaité que le gouvernement caquiste augmente «de façon considérable» l’offre de logements aux quatre coins du Québec, une mesure qui permettrait d’attirer plus de travailleurs dans les régions, où il y a aussi une pénurie d’appartements et de maisons.

«Les mesures annoncées, bien que nécessaires, sont insuffisantes pour relever les défis du secteur : déficit de 100 000 habitations au Québec, taux d’inoccupation des logements locatifs faméliques, abordabilité à son pire niveau en plus de trois décennies et taux de propriété en baisse pour la première fois depuis 1971», dit Paul Cardinal, directeur du Service économique à l’APCHQ.

 

La pénurie de main-d’œuvre en région

«Il y a beaucoup d’argent, surtout pour le bioalimentaire, l’industrie forestière et le tourisme. Par contre, on a beau avoir plein de programmes, si personne n’est incité à aller vivre dans les régions, ça ne donnera pas grand-chose. Quand on regarde la proposition de valeur d’une région en ce moment, on ne pense pas juste aux emplois et aux salaires, on regarde le taux d’occupation des urgences dans les hôpitaux, est-ce qu’il y a des places dans les services de garde, est-ce qu’il y a des cours de français pour les personnes immigrantes, est-ce qu’il y a des logements? Sur ce dernier point, le ministre a beau dire qu’il investit un milliard de dollars, c’est un recyclage d’annonces. Même après le budget, ça va rester difficile pour une région d’attirer des travailleurs. Si un immigrant entend parler de Rimouski, mais que la ville est aux prises avec un taux d’inoccupation de logements de 0,1%, elle n’ira pas», dit Charles Milliard.

«Les éléments du budget pour favoriser le développement économique des régions sont des pas dans la bonne direction, mais ça ne va qu’accentuer les problèmes de pénurie de main-d’œuvre chez les PME», soutient François Vincent, vice-président pour le Québec à la FCEI.

Et la santé

«Pourquoi le gouvernement se prive de précieuses sommes pour le réseau de la santé et des services sociaux en octroyant des baisses d’impôts. Le ministre Dubé parle lui-même de l’importance de reconstruire le réseau et que les enjeux sont grands, d’où son Plan Santé annoncé. La population n’a même plus accès à un système de santé auquel elle est en droit de s’attendre. Malgré tout, le gouvernement opte pour un choix politique populiste, tel que des baisses d’impôts, et se prive ainsi de revenus de plus de 9 milliards de dollars sur 6 ans. C’est un non-sens», déclare Julie Bouchard, présidente de la FIQ.

 

Pénurie de Main-d’œuvre 

«Le gouvernement reconnaît enfin la pénurie de main-d’œuvre qui affecte les entreprises et la nécessité d’élargir le bassin de travailleurs qualifiés. Nous saluons les efforts pour favoriser la croissance, les exportations comme nous l’avons appelé de nos vœux. Toutefois, on observe que les jeunes repreneurs et entrepreneurs sont très inquiets en raison du contexte économique. Le Québec doit créer des incitatifs pour s’assurer d’une économie entrepreneuriale dynamique à moyen et long terme.» Pierre Graff, président-directeur général, Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec

 

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