Budget Fédéral: un budget pauvre en mesures pour lutter contre la pénurie de main-d’oeuvre

Publié le 28/03/2023 à 16:57

Budget Fédéral: un budget pauvre en mesures pour lutter contre la pénurie de main-d’oeuvre

Publié le 28/03/2023 à 16:57

Par Catherine Charron

Les entreprises qui voudront profiter de certains crédits d’impôt devront respecter certaines exigences en matière de main-d’œuvre. (Photo: 123RF)

BUDGET FÉDÉRAL. La pénurie de main-d’œuvre ne figure pas parmi les principaux défis qui nuisent à l’économie du pays, si on se fie aux mesures contenues dans le troisième budget fédéral de la ministre des Finances Chrystia Freeland.

Selon un haut fonctionnaire du gouvernement, ce budget-ci s’articule plutôt autour des trois enjeux qui affectent le plus les Canadiens : la transition vers une économie qui émet peu de carbone, le coût de la vie et l’accès aux soins de santé.

Certes, Ottawa compte «faire progresser l’innovation et la productivité» en stimulant par exemple «la recherche et le développement dans les entreprises», mais aucune nouvelle mesure phare n’a été annoncée afin d’aider à pourvoir les centaines de milliers de postes vacants dans l’économie canadienne.

Pourtant, «le nombre de postes vacants pour chaque chômeur [est] actuellement d’environ 75 % supérieur à la norme d’avant la pandémie», soulève-t-on dans le budget de 300 pages.

 

Investir en immigration

Ottawa semble s’en remettre essentiellement à l’immigration et les 500 000 nouveaux résidents permanents qu’elle entend accueillir d’ici 2025 pour gonfler les rangs des entreprises canadiennes.

Le gouvernement dédiera notamment 123,3 millions de dollars (M$) de plus à l’exercice 2023-2024 pour augmenter l’immigration francophone au pays. Il remettra une partie de la cagnotte aux employeurs canadiens afin de les aider à recruter des travailleurs étrangers qui parlent cette langue. Le reste servira à leur offrir davantage d’aide à leur arrivée au Canada.

L’État compte aussi accélérer le traitement des demandes de citoyenneté en utilisant dorénavant les données biométriques des individus pour mener leur examen, plutôt que de passer exclusivement par leur nom, comme c’est le cas à l'heure actuelle. Au cours des cinq prochaines années, cette mesure devrait coûter 24,6 M$, dont «14,6 M$ en amortissement restants».

S’il mentionne la bonification de 43,5 M$ prévue à l’exercice 2023-2024 de l’aide juridique aux demandeurs d’asile, le budget ne se penche pas spécifiquement sur l’accélération d’émission de permis de travail pour ces derniers.

 

Adapter les compétences des Canadiens

Cette année, Ottawa bonifie de 625 M$ ses ententes de transfert relatives au développement de la main-d’œuvre et au marché du travail avec les provinces et les territoires. Ça s’ajoute aux trois milliards de dollars qu’elle débourse habituellement pour la «formation axée sur les compétences, l’expérience professionnelle sur place, l’orientation professionnelle et l’aide à la recherche d’emploi».

Cette somme permettra notamment d’aider les Canadiens à développer les aptitudes nécessaires pour contribuer à la transition vers une économie «propre» annoncée par le gouvernement fédéral.

Pour y arriver, l’État compte aussi s’appuyer sur des mesures déjà mises en place comme le Programme de solutions pour la main-d’œuvre sectorielle et le Programme pour la formation et l’innovation en milieu syndical et le service d’apprentissage, mais n’y injectera toutefois pas d’argent additionnel, selon ce qu’on peut lire dans le budget.

 

Des conditions de travail améliorées grâce aux crédits d’impôt

Pour la toute première fois, les entreprises qui voudront profiter de certains crédits d’impôt devront respecter certaines exigences en matière de main-d’œuvre, comme le gouvernement l’avait laissé entendre dans son Énoncé économique de l’automne 2022.

Pour être éligible aux crédits d’impôt à l’investissement dans les technologies propres et l’hydrogène vert de 15%, est-il indiqué dans le budget, l’entreprise devra s’assurer, par exemple, que la rémunération des employés qui installeront les équipements à partir du 1er octobre 2023 suive la convention collective en vigueur.

Les crédits d’impôt à l’investissement dans le captage, l’utilisation et le stockage de carbone, de même que celui sur l’investissement dans l’électricité propre tiendront aussi compte des conditions de travail des Canadiens, confirme-t-on. Davantage de détails devraient suivre au cours des prochaines semaines.

 

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