Les défis récurrents des sinistres liés aux conditions météo

Offert par Les Affaires

Publié le 21/09/2020 à 11:42

Les défis récurrents des sinistres liés aux conditions météo

Offert par Les Affaires

Publié le 21/09/2020 à 11:42

Par Richard Cloutier

L’adaptation aux changements climatiques, ou l’atténuation des catastrophes, signifie « prendre des mesures stratégiques pour réduire la vulnérabilité des collectivités aux conséquences des changements climatiques ». (Photo: 123RF)

COVID-19 : la réponse de l’industrie
Richard Cloutier
La réponse des assureurs de dommages à la situation inédite engendrée par la COVID-19 depuis la mi-mars s’est déployée sur trois axes. Leurs priorités ont été d’assurer la sécurité des employés, de maintenir un service continu aux clients et de soutenir la communauté. 
Chez belairdirect, la capacité des systèmes informatiques a rapidement été augmentée pour permettre au plus grand nombre d’employés de travailler depuis la maison. « En quelques jours à peine, 98 % des employés étaient installés en télétravail », signale Émilie Dutil-Bruneau, directrice principale, communications, responsabilité sociale et marque employeur chez belairdirect.
L’assureur fondé à Montréal en 1955 a aussi mis en place des mesures d’allégement pour aider ses clients aux prises avec des difficultés financières. En plus de soutenir des organismes, incluant le Club des petits déjeuners, « pour cibler les besoins immédiats des personnes et des familles les plus vulnérables aux répercussions sociales, sanitaires et économiques de la pandémie », témoigne Mme Dutil-Bruneau.
Le 8 avril, les sociétés membres du Bureau d’assurance du Canada (BAC) – soit 90 % du marché de l’assurance de dommages au Canada – ont confirmé une série de mesures d’aide aux consommateurs, incluant des options de paiement souples, et le renoncement aux frais pour insuffisance de fonds.
Le confinement a aussi eu un impact sur le comportement des assurés. En travaillant de la maison et en limitant leurs déplacements à l’essentiel, ceux-ci ont moins utilisé leur véhicule et fait moins de kilométrage.
La baisse de l’utilisation des véhicules a été corroborée par les données du programme Ajusto, confirme Valérie Lavoie, présidente et chef de l’exploitation, Desjardins Groupe d’assurances générales. « En avril, les utilisateurs d’Ajusto avaient parcouru seulement 50 % de leur kilométrage habituel. En juin, on est revenu à 90 % donc légèrement en baisse par rapport à l’avant Covid-19 ».
Dès avril, Desjardins a mis de l’avant des mesures d’allégement selon différents termes, incluant une remise sur les primes d’assurance auto aux personnes confinées et une remise entre 25 % à 40 % du montant de la prime d’assurance auto payée pour un mois, pour un total de 100 millions de dollars (M$).
Le BAC évaluait en avril que pour la période de 90 jours suivant le début de sa mise en place chez les assureurs, la mesure de réduction de primes d’assurance automobile découlant des changements dans les habitudes de conduite apportés par la pandémie « pourrait permettre aux consommateurs de réaliser des économies de 600 M$ ».
En assurance habitation, de nombreux assureurs ont temporairement haussé la limite de couverture prévue aux contrats d’assurance habitation pour les biens utilisés pour exercer un travail à domicile. Desjardins Assurances a par exemple haussé à 10 000 $ la limite de cette couverture, et a appliquée automatiquement cette protection supplémentaire à l’ensemble des détenteurs d’une assurance habitation.
Impacts financiers
Le vaste redéploiement des équipes en télétravail, accompagné d’une réorganisation en matière de solutions numériques, ainsi que la flexibilité démontrée à l’égard des clients relativement aux options de paiement et aux mesures d’ajustement de primes ont toutefois eu des conséquences pour les entreprises du secteur de l’assurance de dommages.
Au Mouvement Desjardins, on confirme que les résultats ont été affectés par les « incidences financières de la pandémie de COVID-19 ». Les résultats du premier trimestre et du deuxième trimestre 2020 font respectivement état d’excédents avant ristournes aux membres s’établissant à 285 M$, en baisse de 116 M$ (ou 28,9 %), et d’excédents avant ristournes aux membres de 529 M$, en baisse de 163 M$ (ou 23,6 %), par rapport à ceux des trimestres correspondants de 2019.
Même son de cloche à la Compagnie d’assurance générale Co-operators. Pour le trimestre clos le 30 juin, le bénéfice net consolidé s’est établi à 47,9 M$, comparativement à un bénéfice net de 79,1 M$ pour le trimestre correspondant l’an dernier. Quant aux primes directes souscrites (PDS), elles ont diminué de 3,2 % (ou 33,5 M$) au deuxième trimestre de 2020, comparativement au trimestre correspondant de 2019, pour s’établir à 1 016,3 M$. Une situation principalement attribuée au « remboursement pour déplacements réduits de 35,5 M$ dans le secteur de l’assurance automobile et à d’autres changements de couverture demandés par les clients ».
« Dans le contexte des défis liés à la COVID-19, nous nous concentrons sur le soutien à nos clients, à nos membres et à nos collectivités », a déclaré Rob Wesseling, président et chef de la direction de Groupe Co-operators dans une communication. Il constate toutefois que « les politiques budgétaires et monétaires accommodantes ont entraîné une forte remontée des marchés financiers après leur correction en mars ».
De même, chez Desjardins, on signale que « malgré les incidences de la pandémie de COVID-19 sur les résultats financiers pour le deuxième trimestre de 2020, le Mouvement Desjardins demeure une institution financière aux assises très solides capable d’absorber les contrecoups d’un ralentissement économique ».
Chez La Capitale/SSQ Assurances, le conseiller en relation avec les médias et affaires publiques Jean-Pascal Lavoie évoque aussi une « bonne santé financière », qui permet de « traverser la crise avec confiance ». 
 
« Somme toute, les conséquences de la pandémie ne sont pas aussi aigües que ce que nous aurions pu craindre il y a quelques mois. Nous sommes en excellente santé financière et, grosso modo, nos résultats sont au rendez-vous », analyse-t-il.
Si le secteur de l’assurance de dommages résiste relativement bien jusqu’ici, l’évolution de la pandémie pourrait avoir une incidence sur les placements, et les demandes de règlement des assureurs et se répercuter à plus long terme sur les résultats de leurs activités et leur situation financière. 
L’efficacité des mesures prises par les assureurs pour faire face à la situation est le facteur qui fera la différence, estime PwC. « La manière donc vous allez servir vos clients sera la clé », indique la firme-conseil dans une analyse portant sur les défis du secteur en matière de gestion face à la COVID-19. 
PwC est d’avis que pour renforcer la fidélité de leurs assurés et montrer sa valeur à long terme, les assureurs doivent non seulement agir avec compassion, mais démontrer qu’ils peuvent évoluer dans cet environnement précaire avec rapidité, flexibilité et en s’appuyant sur une grande expertise technique.
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ASSURANCES DOMMAGES. Si la pandémie de COVID-19 s’est imposée rapidement comme un enjeu pour l’industrie de l’assurance de dommages, on ne peut ignorer que les incidents liés au climat et à l’automobile apportaient déjà leur lot de défis. 

« Le nombre et le coût des sinistres catastrophiques imputables aux conditions météorologiques extrêmes n’ont cessé de croître au Canada », indique le Bureau d’assurance du Canada (BAC), dans son étude Assurance de dommage au Canada 2020.

Ainsi, les frais de règlement des sinistres liés aux événements météorologiques violents sont évalués à environ 1,32 milliard de dollars (G$) en 2019, selon les données de Catastrophe Indices and Quantification. L’année s’est classée au septième rang pour des pertes assurées les plus élevées jamais enregistrées. 

Si « 2016 avait été marquée par le plus important événement catastrophique, l’incendie de Fort McMurray ; chaque année depuis, s’est classée parmi les dix années des sinistres assurés les plus coûteux jamais enregistrées », précise le BAC, l’association sectorielle qui représente les sociétés privées d’assurance de dommages du pays.

Il faut toutefois comprendre que les pertes assurées ne représentent qu’une partie de l’ensemble des coûts attribués aux catastrophes liées aux conditions météorologiques. « Une norme acceptée pour les pertes en capital est que pour chaque dollar de pertes prises en charge par les assureurs au Canada, entre trois et quatre dollars sont assumés par les gouvernements, les ménages et les entreprises », précise l’étude Lutter contre la hausse du coût des inondations au Canada, préparée pour le BAC par le Centre Intact d’adaptation au climat, basé à l’Université de Waterloo.

Investir pour s’adapter

« Lorsque des maisons, des entreprises, des terres agricoles et des infrastructures publiques sont touchées par des événements météorologiques extrêmes, les Canadiens le ressentent d’abord dans leurs collectivités », a témoigné Bill Karsten, président de la Fédération canadienne des municipalités (FCM), en marge de la publication du rapport Investir dans l’avenir du Canada : Le coût de l’adaptation au climat, publié par la FCM et le BAC en février 2020. 

L’adaptation aux changements climatiques, ou l’atténuation des catastrophes, signifie « prendre des mesures stratégiques pour réduire la vulnérabilité des collectivités aux conséquences des changements climatiques », précise cette étude. Elle évalue que les municipalités sont « propriétaires et exploitantes de 60 % des infrastructures publiques au Canada ». 

Le rapport estime qu’un investissement annuel moyen de 5,3 G$ dans les infrastructures municipales et les mesures d’adaptation locales est requis pour permettre d’éviter « les pires effets des changements climatiques à l’échelle municipale » pour l’ensemble du pays. Les inondations et l’érosion sont associées aux coûts d’adaptation les plus élevés, et sont évoquées comme étant parmi les risques climatiques qui nécessitent les plus grands investissements.

Devant l’augmentation continue du coût des changements climatiques, le BAC encourage l’investissement dans l’amélioration des infrastructures pour protéger les collectivités contre les inondations et les incendies, l’amélioration des codes du bâtiment et de l’aménagement du territoire, et l’offre d’incitatifs pour dissuader les développements résidentiels et commerciaux dans les zones à risque élevé d’inondation. 

Craig Stewart, vice-président aux affaires fédérales du BAC, est d’avis que tous les paliers de gouvernement doivent collaborer « pour réduire notre risque climatique collectif, en commençant par un plan d’action national pour faire face aux inondations », qui sont jugées comme le principal risque climatique pour les Canadiens.

« Les personnes extérieures au monde de l’assurance sont probablement surprises de voir à quel point les assureurs se font entendre sur la question du changement climatique. Mais ce n’est pas nouveau. Nos membres sonnent l’alarme depuis les années 1980, en se fondant sur leur vision globale des sinistres attribuables aux phénomènes météorologiques violents et de leur impact sur notre industrie », affirme Don Forgeron, président et chef de la direction du BAC.

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