Le CRIAQ veut plus de collaboration entre industriels et chercheurs

Publié le 15/06/2013 à 00:00, mis à jour le 13/06/2013 à 11:39

Le CRIAQ veut plus de collaboration entre industriels et chercheurs

Publié le 15/06/2013 à 00:00, mis à jour le 13/06/2013 à 11:39

Par François Normand

Le Consortium de recherche et d'innovation en aérospatiale du Québec (CRIAQ) joue un rôle déterminant relativement au dynamisme de cette grappe industrielle dans la région de Montréal. Mais plus de 10 ans après sa création, il doit faire peau neuve. Une transformation qui permettra de pousser encore plus loin la collaboration entre les entreprises et les universités et les centres de recherche.

«C'est notre défi des 10 prochaines années», affirme le pdg du CRIAQ, Clément Fortin, dans un entretien à ses bureaux montréalais.

Le CRIAQ regroupe 56 entreprises québécoises et étrangères, ainsi que 25 universités et centres de recherche. Les industriels financent 25 % des projets, le reste provient des fonds publics.

L'objectif de cette transformation souhaitée par Clément Fortin ? Inciter les entreprises à collaborer davantage pour développer et commercialiser de nouveaux produits. Actuellement, cette collaboration se fait essentiellement à l'étape de la recherche précompétitive.

À ces niveaux, les membres du CRIAQ ne partagent pas vraiment de l'information hyper stratégique. Bref, les partenaires travaillent sur des projets en amont, mais pas en aval. Une meilleure collaboration entre industriels et chercheurs permettrait de commercialiser davantage et plus rapidement les meilleures idées issues de la grappe.

Comme Kent Nagano

L'enjeu est de taille pour l'économie québécoise, car 70 % de la R-D en aérospatiale au pays est réalisée en sol québécois. Un défi d'autant plus important que cette collaboration accrue entre industriels et universitaires est une tendance lourde en Occident. Aux États-Unis, par exemple, Washington est en train de créer 15 instituts de recherche publics-privés afin d'améliorer la compétitivité de l'industrie manufacturière américaine.

Le CRIAQ joue déjà un rôle déterminant pour dynamiser la grappe de l'aérospatiale québécoise. Mais ce n'est pas un acteur : il n'a ni chercheur ni propriété intellectuelle. L'organisme est plutôt un chef d'orchestre. Comme le maestro Kent Nagano, le CRIAQ ne joue pas la musique, mais il s'assure que les musiciens - en l'occurrence, les industriels et les milieux universitaires - exécutent la même partition, sans fausse note.

Concrètement, le CRIAQ compte quatre chargés de projets. Ces spécialistes coordonnent la collaboration entre des entreprises et des universités ou des centres de recherche. Une stratégie qui donne des résultats. Depuis dix ans, 96 projets ont été réalisés ou sont en cours, pour des investissements totalisant 125 millions de dollars.

«Un indicateur de notre impact ? Le nombre de chercheurs dans l'aérospatiale a été multiplié par 4 en 10 ans», dit Clément Fortin. En 2002, la grappe en comptait 50, alors qu'elle en comprend 200 aujourd'hui.

Collaborer davantage

Mais là, il faut passer à la prochaine étape de cette collaboration. Le débat reste toutefois à faire, admet le patron du CRIAQ, alors que le gouvernement du Québec planche sur une politique industrielle et sur une politique de l'innovation.

«Quel est ce modèle qui nous permettra de collaborer à des niveaux plus élevés et de partager des ressources sans se piler sur les pieds pour ce qui est de la propriété intellectuelle ? C'est le grand défi», insiste Clément Fortin.

Cela dit, un projet commun entre des membres du CRIAQ sur la fabrication additive (ou l'impression en 3D), dont faisait état Les Affaires le 25 mai, est peut-être «l'embryon» de cette future collaboration plus étroite tant souhaitée.

Ces entreprises sont Bombardier, Pratt & Whitney et Bell Helicopter. Dans ce projet-pilote, elles travaillent avec trois établissements : l'École Polytechnique, l'Université McGill et l'Université Laval. Pour accroître l'interaction entre ces partenaires dans la fabrication additive, le CRIAQ et ces organisations viennent de mettre en place le Campus international de la recherche et d'innovation en aérospatiale de Montréal.

D'autres modèles

Le CIRIAM est un modèle de collaboration. Mais il peut y en avoir d'autres afin d'accroître l'interaction entre les industriels et les milieux universitaires relativement à l'aérospatiale dans la région de Montréal.

Par exemple, en Allemagne, le géant européen EADS (qui possède Airbus) et d'autres partenaires (y compris des universités comme la Technische Universität München) sont en train de créer un campus en aérospatiale sur le site industriel d'EADS à Ottobrunn, au sud de Munich. De 2 000 à 3 000 universitaires et ingénieurs y travailleront de façon permanente.

Pour sa part, Clément Fortin aime bien le modèle de collaboration entre industriels et universitaires mis sur pied au Royaume-Uni, à l'University of Sheffield Advanced Manufacturing Research Centre (AMRC). Un partenariat sur la fabrication additive dans lequel sont engagés les géants Boeing et Rolls-Royce.

Il souligne aussi le modèle de collaboration entre Bombardier et le Northern Ireland Advanced Composites and Engineering Centre (NIACE), à Belfast, en Irlande du Nord. Cet organisme fait de la recherche de pointe dans différents secteurs, dont l'aérospatiale.

La France n'est pas en reste avec ses huit instituts de recherche technologique (IRT), comme l'IRT Jules Verne dans la région de Nantes. Il s'agit d'un centre de recherche sur les technologies avancées de production. Des entreprises comme Alstom et Airbus sont membres de cet institut.

On le voit, le CRIAQ et ses partenaires ont beaucoup de sources d'inspiration pour tenter d'accroître la collaboration en recherche et en innovation dans la grappe de l'aérospatiale. Mais attention aux recettes importées toutes faites, prévient Clément Fortin. «Le modèle que nous mettrons en place devra s'adapter à notre réalité pour qu'il fonctionne.»

L'AÉROSPATIALE EN CHIFFRES

AU CANADA

22 milliards de dollars de ventes par an

700 entreprises

160 000 employés

80 % des produits sont exportés

Occupe le 5e rang mondial

AU QUÉBEC

215 entreprises

12 milliards de dollars de ventes par an

70 % de la R-D canadienne en aérospatiale concentrée au Québec

42 000 emplois

RECHERCHE PARTICIPATIVE

100 Plus de 100 projets en montage, en cours ou achevés

124,2 M$ Valeur totale des projets

Source : CRIAQ

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