Investir dans l'intelligence artificielle pour être plus productif

Offert par Les Affaires


Édition du 22 Octobre 2016

Investir dans l'intelligence artificielle pour être plus productif

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Édition du 22 Octobre 2016

L'intelligence artificielle, est déjà présente dans la vie de tous les jours, dans le GPS de nos téléphones portables jusque dans les parutions de notre fil Facebook. Mais dans les entreprises, elle est loin d'être utilisée à son maximum.

L'intelligence artificielle est une science dont le but est de faire exécuter par une machine des tâches que l'homme accomplit en utilisant son intelligence. Elle permettra de créer des robots ou des applications capables de repérer le contexte extérieur et de s'adapter à une situation donnée comme le fait un humain. «L'intelligence artificielle est une des grandes technologies de rupture qui deviendront une tendance de fond d'ici 2020», dit Ramy Sedra, leader, conseils en analytique des données chez PwC Canada.

Yves Proteau, coprésident d'APN, une entreprise de Québec qui compte 120 employés et fabrique des pièces d'usinage de haute précision pour des clients des secteurs de l'aéronautique et de la défense, s'y attaque déjà. Après avoir travaillé dans une grande entreprise où il a mis en place de nombreux moyens technologiques, il a appliqué dès 2004 les mêmes recettes à l'entreprise familiale, qui n'avait pourtant à l'époque qu'un chiffre d'affaires annuel de 1,5 million de dollars. Les trois usines d'APN au Québec et en Californie sont désormais intelligentes. «Depuis cinq ans, toutes les machines sont connectées et intégrées dans un seul système», explique Yves Proteau. Il peut ainsi vérifier à distance le fonctionnement de toutes les usines, machine par machine, en direct.

Passionné de la recherche et de la cueillette de données fiables pour accroître l'automatisation, le coprésident est allé plus loin. «On a des capteurs partout qui recueillent des données, et on commence déjà à inclure l'intelligence artificielle dans le traitement de ces données», indique Yves Proteau. Conséquence : la planification de la production, qui demandait 20 heures auparavant, n'en demande qu'une aujourd'hui. «Le système est capable de détecter ce que l'humain, submergé par trop de données, ne peut pas voir. Il traite les données selon des critères de tri posés par les experts au sein de l'entreprise, puis propose une solution. Le tout est dynamique : s'il y a de nouvelles commandes, il s'adapte», explique le dirigeant.

Automatiser les tâches répétitives

Grâce à cette modernisation des méthodes de travail, l'utilisation des machines a doublé (80 heures par semaine par rapport à 40 heures auparavant) et ne nécessite plus qu'un employé pour deux machines. «Même si le personnel nécessaire est plus cher, car plus qualifié, on s'y retrouve», reconnaît Yves Proteau.

Beaucoup craignent des réductions de personnel à la suite de l'implantation de futurs robots chargés, grâce à l'intelligence artificielle, d'accomplir certaines tâches qui demandent peu de qualifications.

Pier-Paul Levesque, président d'Umbrella, une société de Québec qui aide les PME à «optimiser, à sécuriser et à faciliter l'intégration des technologies», pense, au contraire, que les entreprises qui ne prennent pas le virage risquent de perdre leur main-d'oeuvre.

«Les employés ne toléreront plus de réaliser des tâches routinières et sans valeur ajoutée qui peuvent être automatisées. Étant donné l'enjeu de l'attraction de la main-d'oeuvre au Québec, c'est un aspect à ne pas négliger», soutient Pier-Paul Levesque.

Tous les secteurs seront concernés

Le virage est incontournable, selon les spécialistes. «Toutes les entreprises seront concernées par l'intelligence artificielle. Les gagnantes seront celles qui prendront le pli dès maintenant. Il vaut mieux s'adapter dès à présent qu'être en mode réactif lorsque la concurrence sera en train de perturber son marché», conseille Ramy Sedra.

L'expert de PwC précise que l'intelligence artificielle peut avoir des applications propres à la production, mais aussi dans les fonctions administratives de l'entreprise, comme l'automatisation des systèmes de paiement des comptes de frais.

Même «si des sondages montrent que 60 % des dirigeants d'entreprises canadiennes sont préoccupés par les enjeux liés à l'intelligence artificielle et savent que, d'ici cinq ans, leur secteur sera perturbé par ces innovations technologiques, le taux d'investissement dans ces outils est très faible», déplore Ramy Sedra.

«L'informatique et les technologies sont souvent perçues comme des boulets par les entrepreneurs. S'ils n'effectuent pas d'amélioration continue et attendent plusieurs années pour actualiser leurs outils technologiques, ils seront dépassés, prévient Pier-Paul Lévesque. Les innovations demanderont alors plusieurs préalables technologiques et, cette fois, l'investissement sera très lourd à porter.»

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