Telus Santé veut grandir avant de penser à la Bourse


Édition de Novembre 2020

Telus Santé veut grandir avant de penser à la Bourse


Édition de Novembre 2020

Notre “focus”  reste l’exécution de notre stratégie de croissance, répond François Gratton, chef de la direction de Telus Santé. (Photo: courtoisie)

Telus Santé pourrait un jour faire son entrée en Bourse — comme la filiale Telus International — en février dernier. Pour le moment, le spécialiste TI dans  le domaine de la santé veut d’abord consacrer ses énergies à la croissance. 

Notre “focus”  reste l’exécution de notre stratégie de croissance, répond François Gratton, chef de la direction de Telus Santé. On veut tirer profit de l’effervescence que l’on voit actuellement en santé, et la capturer. Il nous reste du travail à faire. En temps et lieu, on choisira l’option à mettre de l’avant. On n’est pas rendu là. »

Le dirigeant, qui est également chef de la direction de Telus Québec et de Telus Agriculture, se fait avare de détails sur les projets à venir. Ceux-ci devraient, promet-il, créer beaucoup de valeurs pour ses clients. Il dit vouloir demeurer « à l’avant-garde » de la qualité des soins et espère pouvoir révéler « quelques surprises » dans les mois qui viennent.

Pour s’assurer d’être en mesure de repérer les occasions les plus prometteuses, entre autres, Telus Santé a par ailleurs mis sur pied, au cours des derniers mois, un comité consultatif médical. Les avis de ce groupe devraient lui fournir un avantage concurrentiel, espère le dirigeant.

Telus Santé a vu le jour en 2008 lorsque Telus a mis la main sur Emergis, une entreprise de TI dans le domaine de la santé. Depuis 10 ans, la société de télécommunication a injecté plus de 3,2 milliards de dollars dans cette division en vue de n’en faire rien de moins que « le » joueur majeur des technologies de soins de santé au pays.

Telus Santé est maintenant un vecteur de croissance important dans l’entreprise, affirme François Gratton. Les 800 millions de dollars de revenus générés par la filiale représentaient près de 5,4 % des ventes de Telus, qui n’a pas été en mesure de nous donner les chiffres à jour pour 2020. La pandémie a d’ailleurs servi d’élément déclencheur pour accélérer le développement de Telus Santé grâce à l’allègement de certaines contraintes réglementaires. En effet, les gouvernements ont rapidement permis aux fournisseurs de soins de santé, dès le début de la pandémie, de se faire rembourser les consultations virtuelles.

« La pandémie a accéléré grandement l’adoption des TI en santé. Elle a créé un point d’inflexion, une réalisation globale de l’importance et la nécessité d’adopter ces technologies, explique François Gratton. Et ce grand boom accélère l’exécution de notre stratégie. »

Cette stratégie comporte trois volets. D’abord, Telus Santé vise à donner à ses activités la plus grande portée possible, de sorte à atteindre un maximum de participants du système de santé. Ensuite, elle veut faciliter la collaboration et l’échange d’information dans le système de santé. Enfin, elle ambitionne de produire de meilleurs résultats en matière de gestion active de la santé.

 

Trois nouveaux services

La crise sanitaire a coïncidé, pour Telus Santé, avec l’atteinte de trois jalons importants dans son développement.

Premièrement, l’entreprise a vu son application Akira, dont elle avait fait l’acquisition à l’été 2019, connaître un succès retentissant : la demande s’est multipliée par quatre. En quoi consiste Akira ? Il s’agit d’un programme destiné aux employeurs qui permet à leurs employés d’obtenir une consultation virtuelle avec une infirmière ou un médecin et de recevoir un diagnostic et une ordonnance. Aujourd’hui, 1,5 million de personnes sont couvertes par ce programme.

Deuxièmement, Telus Santé a commencé à déployer plus largement son application Babylon, qu’elle avait lancée en 2019. Comme Akira, Babylon est un service qui permet d’obtenir une téléconsultation. Celui-ci, toutefois, est offert à tous les Canadiens, qui peuvent se faire rembourser leur consultation par le système de santé.

Le service a d’abord été lancé en Colombie-Britannique, puis en Alberta au début de 2020. La Saskatchewan et l’Ontario ont été ajoutés au printemps, et le service a été lancé en mode pilote au Québec au mois de septembre. Le rodage devrait se terminer bientôt et le lancement officiel dans la province devrait se faire au cours de l’année.

« Aujourd’hui, 34 millions de Canadiens peuvent avoir accès à un médecin par l’entremise de Babylon », souligne François Gratton. Il estime du fait même avoir contribué à améliorer l’efficacité du système de santé en éliminant entre autres des déplacements inutiles : « On sait que seulement 10 % des téléconsultations mènent à une consultation en personne. »

La division Telus Santé s’affaire maintenant à rendre les soins de santé mentale plus accessibles grâce à ces deux applications. « La demande pour des consultations en santé mentale s’est accrue durant la crise, dit François Gratton. Nous nous sommes donc activés durant l’année pour offrir des consultations avec des spécialistes en santé mentale, et en ce moment, nous travaillons à augmenter la capacité pour répondre au besoin. »

Le troisième jalon important pour Telus Santé a été l’ajout, à la deuxième semaine de mars 2020, d’un module de consultation virtuelle à sa plateforme de dossier médical électronique. Celle-ci est utilisée par 30 000 fournisseurs de soins. « La demande a été incroyable, raconte le président. Au plus fort de la première vague, 40 % des professionnels qui utilisent cette plateforme avaient eu recours à la fonctionnalité de télésoins. »

 

Une mission sociale

Dans le domaine des télécommunications, certains joueurs, comme Bell ou Rogers, diversifient leurs activités en étant actifs dans le domaine des médias. Telus a plutôt choisi la santé. Pourquoi ?

« Il y a 12 ans, on a décidé de s’attaquer au défi des soins de santé. Le défi est énorme : la population vieillit, les coûts augmentent, le système fonctionne en silos. On pensait qu’avec notre expertise en TI, on avait une possibilité d’aider le système de santé comme personne d’autre », explique François Gratton.

Depuis, son entreprise s’est attaquée au problème de façon agressive. Elle a notamment cherché à décloisonner les silos du système de santé en étant présente auprès de tous les intervenants, c’est-à-dire en offrant des services qui s’adressent autant aux patients qu’aux professionnels et aux payeurs.

« L’idée est de favoriser la collaboration et le partage d’information, de façon à ce que les professionnels aient accès aux bons renseignements au bon moment pour qu’ils posent les bons diagnostics et proposent les bons traitements », dit le président.

Pour lui, le travail qu’accomplit Telus Santé s’inscrit carrément dans la vocation sociale de son entreprise. « La mission sociale, chez Telus, ce n’est pas seulement de donner de l’argent, dit-il. C’est aussi la réponse aux questions “Qu’est-ce qu’on fait ?” et “Comment on le fait ?” ».

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