Québec ne touchera pas au Fonds des générations

Publié le 25/03/2021 à 16:10

Québec ne touchera pas au Fonds des générations

Publié le 25/03/2021 à 16:10

Par Stéphane Rolland
Eric Girard

Le ministre des Finances du Québec, Eric Girard, et le premier ministre François Legault (Photo: Jacques Boissinot)

BUDGET. Le gouvernement Legault va se donner plus de temps pour résorber le choc de la pandémie sur les finances publiques, mais il n’a pas l’intention d’utiliser les versements prévus au Fonds des générations pour faciliter le retour à l’encre noire.

L’équilibre budgétaire est maintenant prévu pour l’exercice 2027-2028, a annoncé Québec dans son budget 2021-2022. Le ministre des Finances, Éric Girard, a reconnu qu’il faudra suspendre la Loi sur le retour à l’équilibre budgétaire qui prescrit un retour à l’équilibre dans un délai de cinq ans.

À (re)lire: Tous les détails sur le 3e budget du gouvernement Legault

Le Ministère estime que le déficit structurel — c’est-à-dire le déficit qui perdurerait une fois les effets de la pandémie terminée — est de 6,5 milliards de dollars (G$). «On n’aura pas atteint le plein emploi avant la fin 2022, explique Éric Girard. Il aurait donc fallu réduire les dépenses de 2 G$ chaque année durant les trois années suivantes. C’est un peu trop. »

Pour l’exercice 2021-2022, le gouvernement anticipe donc un déficit de 12,3 G$, qui suit un déficit de 15 G$ pour l’exercice 2020-2021. Le manque à gagner diminuerait à 8,5 G$ en 2022-2023. Malgré l’accumulation des déficits, le ministre assure que la dette est «sous-contrôle». Estimée à 219 G$ dans le budget, la dette brute grimpera à 258,5 G$ en 2026. Son poids en pourcentage du PIB à 49,5% passerait à 47% d’ici cinq ans.

Le ministre se donne ainsi plus de latitude, comme l’ont suggéré les économistes de l’Institut du Québec (IDQ) et de l’Association des économistes québécois dans un rapport conjoint. Ils recommandaient un report des échéances de l’atteinte budgétaire et de réduire temporairement les versements au Fonds des générations. «L’idée, c’est de s’assurer qu’il y ait une certaine souplesse dans [les lois actuelles] pour éviter que l’application ne soit encore plus néfaste pour l’économie et les soins à la population», a expliqué en entrevue à La Presse Canadienne la présidente-directrice générale de l’IDQ, Mia Homsy.

S’il s’accorde plus de souplesse sur les échéances, Éric Girard ne veut pas réduire les versements au Fonds des générations, même temporairement. Le Ministère prévoit que 3,1 G$ sera versé au Fonds des générations en 2021-2022. Cette somme augmenterait progressivement jusqu’à 4,2 G$ en 2025-2026. «Le Fonds des générations, c’est important, défend Éric Girard. Ça permet de réduire la dette et de conserver notre capacité d’agir à long terme. »

 

Coïncidence?

L’ex-ministre des Finances Carlos Leitão s’est dit d’accord avec la décision du gouvernement de repousser l’équilibre. «Ça ne serait pas souhaitable de revenir à l’équilibre avant que l’économie revienne à son plein potentiel», concède le porte-parole de l’opposition officielle libérale en matière d’économie en conférence de presse.

Selon le scénario prévu, la grande partie des compressions potentielles devrait survenir après la prochaine campagne électorale. Carlos Leitão trouve qu’il s’agit «d’une drôle de coïncidence. Je pense que c’était voulu.»

Son collègue André Fortin avait des mots plus durs en qualifiant le budget «d’une autre époque», de «conservateur» et du «moins vert du Québec». Le gouvernement est imprudent en fixant déjà une échéance et devrait plutôt se concentrer sur les besoins de la population, selon le porte-parole de l’opposition officielle en matière de finances publiques.

Chez Québec solidaire, on déplore que le gouvernement n’ait pas songé à aller chercher de nouveaux revenus auprès des citoyens fortunés et des grandes entreprises. Vincent Marissal, le porte-parole en matière de finances publiques, reconnaît que le gouvernement s’est libéré du «carcan» de l’échéance de cinq ans, mais appréhende de futures réductions des dépenses. «On aimerait un vaccin contre l’austérité, mais là tout ce qu’on a est une demi-dose qui ne durera que deux ans.»

 

«Chaque chose en son temps»

Éric Girard plaide qu’il faut y aller par étape dans le retour à l’équilibre budgétaire. «Chaque chose en son temps, plaide-t-il. Il faut d’abord retrouver le plein emploi, ensuite il faut que l’économie retrouve sa trajectoire, ensuite viendra le moment de penser à l’équilibre budgétaire. C’est un budget de pandémie. Elle n’est pas terminée.»

Le gouvernement a également identifié les conditions qui guideront ses actions quant aux finances publiques. Il s’engage à ne pas alourdir le fardeau fiscal et à «arrimer la croissance des dépenses à celle des revenus». Il dit miser sur l’accélération de la croissance économique et une contribution fédérale accrue pour les dépenses en santé.

Questionné en conférence de presse, le ministre des Finances n’a pas voulu chiffrer la contribution anticipée du gouvernement fédéral. Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, émet des doutes sur la coopération d’Ottawa dans ce dossier. «Dans quel univers parallèle ses milliards seront versés? C’est une hypothèse imprudente.»

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