Les perspectives de Larry Fink: dix choses que nous avons apprises

Publié le 11/02/2022 à 15:55

Les perspectives de Larry Fink: dix choses que nous avons apprises

Publié le 11/02/2022 à 15:55

Larry Fink, PDG de BlackRock et plus important gestionnaire d'actifs au monde. (Photo: Getty Images)

Le gestionnaire d’actifs de BlackRock vient de tenir un événement sur les perspectives de 2022. Voici certains points saillants de ce qu’a dit Larry Fink. Son PDG, sur toute une série de sujets. Ollie Smith et Sunniva Kalostyak de Morningstar y étaient et nous en parlent :

Le comportement des consommateurs a complètement changé

«Nous avons vu un énorme changement en 2021. À cause de ce qui se passe actuellement avec le nouveau variant, nous dépensons beaucoup moins d’argent pour les services. Nous ne faisons pas autant la navette. Nous n’allons pas autant au restaurant. La réserve d’épargne s’est spectaculairement accrue, mais quand nous la dépensons, nous le faisons davantage pour financier des biens d’équipement. Certaines des raisons fondamentales pour lesquelles nous avons des problèmes avec la chaîne d’approvisionnement sont liées à une demande qui est plus importante qu’elle ne l’a jamais été.»

L’inflation n’est pas transitoire

«L’inflation est un très gros problème au début de 2022 à cause de ce changement d’habitudes du consommateur. Et ça se voit aussi dans les salaires. Aux États-Unis, nous avons le plus gros pourcentage de démissions que nous ayons jamais connu, ce qui en dit gros sur la confiance des travailleurs. Si l’on démissionne, c’est parce que l’on est convaincu de pouvoir trouver quelque chose de mieux plus facilement. Cela est en soi un facteur de simulation de l’inflation salariale. La question est donc la suivante: qu’est-ce qui sera plus important, l’inflation salariale, ou l’inflation de base? Ça va poser un gros problème politique.»

«L’inflation de la durabilité», ça existe.

«Nous sommes de grands partisans d’un monde qui évolue plus rapidement, et de façon décarbonisée, mais si nous n’avons pas les politiques gouvernementales qu’il faut pour naviguer l’offre d’énergie plutôt que la demande, nous allons connaître de gros déséquilibres. C’est ce que nous avons connu vers la fin de l’année dernière, où il y a eu tant de pressions et d’atténuation de la demande d’hydrocarbures sans aucunement nier la demande. Je crois que nous allons connaître cette situation pendant encore quelque temps. Je pourrais presque l’appeler inflation de la durabilité. En 2022, c’est cette toile de fond qui conduira à des changements de comportement des banques centrales, notamment la Réserve fédérale.» 

Les investisseurs dans les actions ne devraient pas s’attendre à de très gros rendements

«Le S&P a connu une augmentation de 27 % l’année dernière. Ce type de résultat n’est pas près de se reproduire.»

Il n’y a pas de doute : certaines valorisations sont extrêmes, et il y a un élan si fort dans les marchés d’actions ! Nos clients investissent de plus en plus massivement dans des placements privés, que ce soient des créances privées, des capitaux privés ou de l’immobilier, et nous voyons donc de vrais changements dans le comportement des investisseurs au niveau mondial, mais cela devrait susciter moins de crainte d’inflation. Voilà pourquoi je n’ai pas peur des actions. Je crois fermement qu’il faut en posséder en 2022. De même, je crois fermement que l’on peut trouver des occasions parmi les obligations, même si les taux augmentent. Je ne suis donc par inquiet outre mesure des marchés des capitaux mondiaux. Les réserves d’argent non utilisé sont énormes. C’est probablement la question que l’on me pose le plus souvent : «Où dois-je mettre mon argent?» — et pas «comment puis-je protéger mon argent?»

La technologie améliore la résilience, mais…

«Je ne crois pas que le travail à distance peut créer une culture. On a grand besoin d’interconnexions avec son équipe et son organisation. Badiner sur l’économie ou avoir un débat politique au dîner est beaucoup plus exhaustif que le faire par un appel virtuel. N’oublions pas que la connectivité des individus est à la base même de la culture d’une organisation. Je crois vraiment que la culture est la différence principale entre une mauvaise société et une bonne, ou entre une bonne société et une société fantastique.»

Les jeunes ont du mal… et la solitude est une chose réelle

«J’ai beaucoup de peine pour les jeunes qui sont entrés dans nos organisations et ont passé si peu de temps au bureau. Je ne sais pas comment ils vont acquérir une maturité qui leur permettra de surmonter cette verticalité. De façon virtuelle et indépendante, il est difficile de déplacer les gens dans d’autres parties de nos organisations, et retrouver personnellement l’essence d’une organisation va être vital. Il y a beaucoup de signes que les problèmes de santé mentale vont croissant, la solitude se répand, en dépit du fait que les profits des sociétés se portent de toute évidence très bien. Mais cela ne veut pas dire que la situation soit parfaite, cela ne veut pas dire que ça va durer. Cela veut dire que nous sommes résilients, et je ne pense pas que ça va durer.» 

Le secteur privé ne peut pas jouer un rôle de police environnementale

«Le problème avec le climat et le risque climatique sera le plus gros changement dans les marchés des capitaux. En même temps, les politiciens ont des mandats de deux, quatre ou six ans pour mettre en place la politique qu’il faut, et c’est de 20 à 30 ans que nous parlons. C’est là que se niche le déséquilibre qui nous attend. À présent, les gouvernements demandent au secteur privé d’en faire plus parce qu’ils sont incapables d’en faire autant qu’ils le voudraient. Le risque est le suivant: nous ne pouvons pas nous improviser police environnementale au nom des gouvernements, et il y a un équilibre délicat à conserver. Il va nous falloir à tous beaucoup d’astuce pour naviguer nos portefeuilles, et certaines industries devront être laissées pour compte si elles de s’adaptent pas. Je pense que l’occasion de trouver ces nouvelles technologies nous permettant de créer rapidement un monde décarbonisé nous offrira des perspectives fascinantes, et que cela va créer des profits énormes pour ceux qui découvriront ces firmes et ces technologies.»

Nous devrions décarboniser lentement

«À présent, nous n’avons pas suffisamment de technologie pour décarboniser de façon juste et équitable. Si nous voulions décarboniser dès demain, nous y arriverions probablement, mais au prix d’une hyperinflation et d’un accroissement des inégalités. Il nous faut traverser toutes sortes de nuances détaillées avant d’en arriver au vert, et nous allons trouver et créer ces technologies pour accélérer ce cheminement. Mais tout l’argent que nous gérons ne nous appartient pas. Notre boulot est d’informer et d’éduquer nos clients : comment penseraient-ils à la décarbonisation dans un monde qui a besoin d’hydrocarbures, et comment peut-on gérer cette transition?»

Les sociétés d’hydrocarbures vont bel et bien devenir des chefs de file

«Certaines des meilleures réunions que j’ai eues en 2021 l’ont été avec des sociétés d’hydrocarbures. Elles vont piloter la transition, et il y a d’autres sociétés naissantes qui vont se joindre à elles. C’est comme pour l’industrie automobile : Tesla est la société innovante dans les véhicules électriques, mais en même temps GM, Ford Volkswagen, Toyota ont accéléré pour lui emboîter le pas.»

Le capitalisme des parties prenantes n’est pas politique

«Nos recherches mettent sans aucun doute en évidence que les sociétés qui se concentrent le plus sur les acteurs qui les composent ont une profitabilité à long terme plus résiliente et plus durable. Et qu’on se le dise : le capitalisme des parties prenantes n’est pas politique. Le capitalisme des parties prenantes est le moteur qui l’anime. C’est la culture d’une organisation qui va de l’avant qui construit une connexion avec ses clients, leurs employés et leur communauté, c’est le type de société dans laquelle il faut investir.»

 

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