Les géants du pétrole renouent avec les bénéfices… et les critiques

Publié le 11/02/2022 à 10:04

Les géants du pétrole renouent avec les bénéfices… et les critiques

Publié le 11/02/2022 à 10:04

Par AFP

Pas de quoi soulager des consommateurs qui voient leur pouvoir d'achat grevé par la flambée des prix de l'énergie, et sont très critiques vis-à-vis des richesses engrangées par les groupes pétroliers, sommés par ailleurs de verdir leurs pratiques. (Photo: 123RF)

Paris — Les sociétés pétrolières ont enregistré des bénéfices stratosphériques en 2021, profitant à plein de la flambée des cours de l'or noir. Une prospérité qui hérisse les défenseurs de l'environnement et des consommateurs frappés au portefeuille par la crise de l'énergie.

TotalEnergies a ainsi annoncé jeudi un énorme bénéfice net de 16 milliards de dollars américains en 2021, le plus élevé depuis au moins 15 ans. Avant lui, d'autres géants pétroliers avaient dévoilé des bénéfices annuels vertigineux: 23 milliards $US pour ExxonMobil, 20,1 milliards pour Shell, 15,6 milliards pour Chevron ou 7,6 milliards pour BP.

Ce rebond après une année 2020 douloureuse du fait de la pandémie de COVID-19 était «assez largement attendu», souligne Francis Perrin, chercheur associé au Policy Center for the New South (Rabat) et directeur de recherche à l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques (Paris).

En effet, le prix du pétrole, après avoir touché le fond en avril 2020 avec un baril de Brent à 18 $US, «a progressé en moyenne annuelle, en 2021 par rapport à 2020, de 70% pour le prix du Brent», rappelle M. Perrin.

Le baril a atteint en janvier des sommets inédits depuis plus de sept ans, à plus de 90 $US.

«Les sociétés pétrolières ont bénéficié d'un alignement de planètes extraordinairement favorable sur 2021», note aussi Moez Ajmi, du cabinet EY: outre la flambée des cours, les majors ont procédé à un «nettoyage» de leurs actifs pour ne garder que les plus rentables.

Autres facteurs de bonne santé, selon M. Ajmi, «un renforcement de la politique de réduction des coûts qui avait commencé dès la chute des prix de 2014» et une «réouverture (certes progressive) des vannes de l'OPEP+», l'Organisation des pays producteurs de pétrole et ses alliés, et donc plus de volumes.

 

Grimace à la pompe

La plupart des compagnies ont ainsi connu d'une année sur l'autre un «virage à 180 degrés», selon M. Perrin. A l'image de l'américain ExxonMobil, qui avait perdu 22,4 milliards $US en 2020 avant un bénéfice presque équivalent en 2021.

Son PDG Darren Woods a vanté les «investissements ciblés» réalisés au plus fort de la crise et les économies de coûts. Il ne semble d'ailleurs pas prêt à investir autant qu'il prévoyait de le faire avant la pandémie.

Pas de quoi soulager des consommateurs qui voient leur pouvoir d'achat grevé par la flambée des prix de l'énergie, et sont très critiques vis-à-vis des richesses engrangées par les groupes pétroliers, sommés par ailleurs de verdir leurs pratiques.

Soucieux de déminer toute polémique, TotalEnergies avait dégainé la veille de ses résultats une remise à la pompe dans ses stations en zone rurale en France, ainsi qu'un «chèque gaz» de 100 euros pour ses clients précaires. Cela n'a pas empêché le candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot de dénoncer des bénéfices «sur le dos des Françaises et des Français», tandis que «les factures de gaz et d'essence qui augmentent, c'est au profit des actionnaires».

Au Royaume-Uni, les chiffres de BP et Shell suscitent des appels à une taxe exceptionnelle.

«Ces bénéfices sont une gifle pour les millions de gens qui redoutent leur prochaine facture d'énergie», a notamment fustigé Greenpeace cette semaine. «BP et Shell empochent des milliards grâce à la crise des prix du gaz (…) Ces mêmes entreprises sont responsables d'amener notre monde plus près de la catastrophe climatique», dénonçait aussi l'ONG écologiste.

Pourtant, l'OPEP table plus que jamais sur une nouvelle hausse de la demande mondiale pour 2022, qui reviendrait au niveau de consommation record de 2019, avant la chute liée à la pandémie.

Parallèlement, le cours de l'or noir devrait continuer à grimper, selon M. Perrin, pour qui le retour à un baril à 100 $US cette année est totalement plausible.

«La crise sanitaire semble être à sa fin, la reprise économique en Chine, aux Etats-Unis et en Europe ne semble pas fléchir, l'offre continue d'être limitée sous l'effet du manque d'investissement pétrolier ces deux dernières années et de la pression écologique. Donc oui, le rebond des profits des majors pourrait se poursuivre sur 2022», résume Moez Ajmi.

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