Le Credit Suisse n’arrive pas à rassurer et s’effondre en Bourse

Publié le 15/03/2023 à 09:05, mis à jour le 15/03/2023 à 17:02

Le Credit Suisse n’arrive pas à rassurer et s’effondre en Bourse

Publié le 15/03/2023 à 09:05, mis à jour le 15/03/2023 à 17:02

Par AFP

Les marchés sont fébriles à l’égard de Credit Suisse après les secousses déclenchées par la faillite de la banque américaine SVB, la banque helvétique étant considérée comme le maillon faible du secteur en Suisse. (Photo: Getty Images)

Zurich — La banque centrale et le gendarme des marchés financiers suisses ont finalement apporté mercredi soir un soutien verbal au Credit Suisse (CSGN), au terme d’une journée cauchemardesque pour la deuxième banque du pays, qui s’est effondrée en Bourse.

«Le Credit Suisse satisfait aux exigences en matière de capital et de liquidités imposées aux banques d’importance systémique. En cas de besoin, la BNS mettra des liquidités à la disposition du Credit Suisse», affirment la BNS et la Finma dans un communiqué commun diffusé en début de soirée, après une journée d’un étonnant silence. 

À la clôture, le titre affichait -24,24% et la banque ne valait plus qu’un peu moins de 6,7 milliards de francs suisses (6,8 milliards d’euros) en bourse. Une paille pour l’une des 30 banques dans le monde considérées comme trop grosses pour faire faillite.

Plus tôt dans la journée, les deux plus hauts dirigeants de Credit Suisse avaient déjà tenté de rassurer sur la solidité financière du géant bancaire mais sans réussir à convaincre les investisseurs qui ont infligé à l’action de la banque la pire chute de son histoire.

Perçue comme le maillon faible en Suisse, l’établissement a vu le cours de son action perdre jusqu’à 30% pour toucher un nouveau plancher historique à 1,55 franc suisse malgré l’intervention de son président, Axel Lehmann et de son directeur général Ulrich Körner pour essayer de redresser la barre.

Pour la BNS et la Finma, «les turbulences actuelles sur le marché bancaire américain ne suggèrent pas qu’il existe un risque de contagion directe pour les établissements suisses».

Dans une interview à la chaîne de télévision, Channel News Asia, retweetée par la banque, Ulrich Körner, a multiplié les propos rassurants: « Nous sommes une banque solide, nous sommes une banque de dimension mondiale sous réglementation suisse ».

« Nous remplissons et dépassons pratiquement toutes les exigences réglementaires », a-t-il renchéri, ajoutant: « notre capital, notre base de liquidité est très très solide ».

L’inquiétude dépasse les frontières du pays alpin et le Trésor américain a dit « surveiller la situation et être en contact avec ses homologues internationaux ».

En France, la Première ministre Elisabeth Borne a publiquement appelé les autorités suisses pour qu’ils règlent les problèmes de la banque et a demandé à son ministre des finances de parler à son homologue à Berne.

Abîme

Cette chute vertigineuse a commencé après des déclarations du président de la Banque Nationale saoudienne, première actionnaire de Credit Suisse.

Les Saoudiens ont volé au secours de la banque en entrant à son capital en novembre. Mais la Saudi National Bank ne compte « absolument pas » injecter davantage d’argent, principalement pour des raisons réglementaires, a expliqué Ammar al-Khudairy, son président. 

La Banque Nationale saoudienne détient une participation de 9,8%. Mais au regard du droit suisse, le gendarme des marchés, la Finma, devrait se prononcer si elle franchissait le seuil des 10%.

Dans un entretien avec l’agence Reuters, M. al-Khudairy s’est pourtant dit « très content » du programme de restructuration de Credit Suisse, évoquant une banque « très solide ».

Fondé en 1856, Credit Suisse est un pilier de la place financière helvétique mais il est dans la tourmente depuis la faillite de la société financière britannique Greensill qui avait marqué le début d’une série de scandales ayant fragilisé la banque.

Depuis mars 2021, l’action a perdu plus de 83% de sa valeur.

« La pression sur Credit Suisse a touché un marché déjà nerveux », a réagi Jane Foley, une analyste de Rabobank, auprès de l’AFP.

Un tout autre monde

Les investisseurs s’inquiètent en effet du risque de contagion après la faillite de la banque américaine SVB.

« Il semble qu’il y ait des investisseurs de plus en plus inquiets », a souligné Neil Wilson, analyste à Finalto dans un commentaire de marché.

Mais si Credit Suisse venait à se trouver face à des « problèmes existentiels », alors « nous serions face à quelque chose d’une toute autre dimension. Elle est vraiment trop importante pour qu’on la laisse couler », a-t-il insisté.

À la différence de SVB, Credit Suisse fait partie des 30 banques au niveau mondial considérées comme trop grosses pour qu’on les laisse faire faillite, ce qui lui impose une réglementation plus stricte pour pouvoir tenir le choc en cas de difficulté.

Credit Suisse a lancé en octobre un vaste programme de restructuration pour tenter de se redresser. Mais certains actionnaires ont fini par jeter l’éponge, à l’image de la société d’investissement américaine Harris Associates, longtemps son plus gros actionnaire, qui avait révélé la semaine passée avoir entièrement vendu sa participation dans la banque.

Début février, Credit Suisse avait dévoilé une perte nette de 7,3 milliards de francs suisses (près de 7,4 milliards d’euros) pour l’exercice 2022 sur fond de retraits massifs de fonds de la part de ses clients et avait prévenu s’attendre encore à une perte avant impôts « substantielle » en 2023.

 

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