Gestion de portefeuille: négociez-vous trop?


Édition du 15 Mars 2014

Gestion de portefeuille: négociez-vous trop?


Édition du 15 Mars 2014

Par Jean Gagnon

Dans un de ses commentaires qui ont marqué l'imaginaire des investisseurs, Warren Buffett affirma en 1992 : «La Bourse est un endroit où l'argent est transféré des investisseurs actifs vers les investisseurs plus patients».

Vingt-deux ans plus tard, le débat concernant le taux de rotation idéal du portefeuille est toujours d'actualité. Par exemple, savez-vous à quelle fréquence votre conseiller vend les actions ou les fonds de votre portefeuille ?

Si la valeur des transactions (achats et ventes combinés) que vous ou votre conseiller effectuez durant l'année est égale à deux fois la valeur de votre portefeuille, c'est que le taux de rotation est de 100 %. Cela signifie que votre portefeuille a tourné une fois.

Les arguments en faveur de la limitation du nombre de transactions sont nombreux, dit Philippe Le Blanc, gestionnaire de portefeuille chez COTE 100. En négociant peu, on diminue d'abord les frais de transaction. Mais il y a aussi les conséquences fiscales. Pour les portefeuilles non enregistrés, chaque vente peut entraîner un gain en capital imposable qui réduira le capital disponible pouvant être réinvesti.

De plus, en négociant peu et en ayant une philosophie d'investissement à long terme, on domine plus facilement l'émotivité causée par la volatilité des marchés. «Ces investisseurs ne se laisseront pas entraîner à vendre au mauvais moment», explique M. Le Blanc.

Enfin, parce que le nombre de sociétés de grande qualité est limité, on peut avoir de la difficulté à remplacer les titres que l'on vend, suggère le gestionnaire. «Idéalement, on aimerait acheter de bons titres et ne jamais les vendre», dit-il. Le taux de rotation annuel de ses portefeuilles est de moins de 20 %.

La gestion tactique

Évidemment, tous les investisseurs n'ont pas le même style de gestion. Certains se veulent plus tactiques et sont appelés à négocier plus souvent, comme l'explique Stéphane Rochon, directeur de la recherche chez BMO Nesbitt Burns, à Toronto. «On se décrit comme des investisseurs proactifs qui tentent de répondre aux cycles économiques.»

La gestion du risque doit inclure une bonne discipline de vente, selon lui. L'idée est de se débarrasser rapidement des titres qui sous-performent, dit M. Rochon. «Nous vendons ceux qui sous-performent leur secteur de plus de 10 %, ce qui permet de minimiser les pertes potentielles.» Cela entraîne généralement un taux de rotation du portefeuille de 60 % à 70 %, observe l'expert.

La stratégie du momentum compte ses adeptes

Les adeptes de stratégies fondées sur le momentum boursier négocieront encore plus. C'est le cas, entre autres, du Fonds quantitatif d'actions canadiennes Montrusco Bolton. «Nous tournons notre portefeuille de deux à deux fois et demie par année», dit Ismaël Chiadmi, vice-président principal et gestionnaire du fonds.

La stratégie consiste à reconstruire le portefeuille chaque trimestre en remplaçant les titres qui ont le moins d'élan par ceux qui ont le vent dans les voiles, selon une mesure par une formule de momentum. Généralement, la moitié des titres sont échangés chaque trimestre.

Il y a également les fervents d'analyse technique qui feront parfois tourner leurs portefeuilles rapidement. «Le taux de rotation du portefeuille a beaucoup à voir avec votre personnalité d'investisseur», dit Ron Meisels, gestionnaire de portefeuille et spécialiste de l'analyse technique. «Êtes-vous un investisseur à long terme ou un trader ?» demande-t-il.

Si vous faites affaires avec un conseiller, il est approprié de connaître à quelle fréquence il négocie pour vous assurer que cela correspond à votre profil d'investisseur.

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