"Rien faire n'est pas une option" pour celle-ci et son président, analyse Marcel Fratzscher, président de l'institut de recherche allemand DIW, pour qui "les nouvelles mesures reflètent la tentative de la BCE de sauver la face vis-à-vis des marchés et des entreprises".
Mais dans le même temps, Mario Draghi lui-même qualifie la baisse des taux décidée jeudi d'"ajustement technique", preuve s'il était besoin qu'il ne se fait pas beaucoup d'illusions sur ses effets sur l'économie.
Quant aux autres mesures, elles sont certes à même de donner un coup de pouce au marché du crédit, mais, comme le faisait remarquer récemment le ministre des Finances Wolfgang Schäuble, ce sont avant tout les perspectives de rentabilité qui président aux décisions d'investissement - la mise à disposition de liquidités seule ne fait pas repartir l'économie.
Courtiser Berlin
Cela, M. Draghi le sait. Aux côtés de la politique monétaire, "il faut de la croissance", a-t-il martelé jeudi, et c'est aux gouvernements d'en créer les conditions, par le biais de la politique budgétaire et de réformes structurelles. Trois piliers qui ne sont pas sans rappeler les "Abenomics" du Premier ministre japonais Shinzo Abe, note Chris Williamson, du cabinet Markit.
Pas question pour autant de laisser filer les déficits, prévient M. Draghi. Dans des propos tenus récemment aux Etats-Unis, certains avaient voulu voir une déviation de cette ligne, alors qu'en Europe le débat entre tenants d'une stricte orthodoxie budgétaire - l'Allemagne - et partisans d'un relâchement de la bride pour soutenir la croissance - Paris, Rome - a repris de plus belle.
Pour Christian Schulz, de la banque Berenberg, en insistant sur les réformes, M. Draghi caresse Berlin dans le sens du poil. "Si la BCE veut aller plus loin", et brûler sa dernière cartouche, l'achat massif de dette souveraine, "elle a besoin du soutien tacite de Berlin", et elle ne l'aura qu'en prêchant la bonne parole des réformes structurelles, analyse-t-il.