Une liste de vérification pour votre portefeuille

Offert par Les Affaires


Édition du 08 Septembre 2018

Une liste de vérification pour votre portefeuille

Offert par Les Affaires


Édition du 08 Septembre 2018

Par Raymond Kerzérho

EXPERT-INVITÉ: Raymond Kerzérho CFA, MBA, est le directeur de la recherche de PWL Capital. Il enseigne également la finance à l’Université McGill et anime le balado « L’investissement décomplexé », offert sur iTunes, Googleplay et pwlcapital.com.

On me demande à l'occasion mon avis à propos du portefeuille d'un investisseur qui sollicite les services de mon employeur, PWL Capital. Voici les défauts fréquents parmi les portefeuilles que j'ai analysés au cours des derniers mois. Reconnaîtrez-vous certains traits de votre propre portefeuille ?

1 Concentration par titres excessive

La vieille théorie selon laquelle de 20 à 30 titres boursiers suffisent à constituer un portefeuille diversifié est simplement fausse. Comment sauver les meubles si vous détenez, admettons, la moitié de votre portefeuille dans des titres du mauvais secteur, du mauvais pays ou même si vous détenez 4 % ou 5 % de vos placements dans l'action d'une entreprise qui fait faillite? Certains des portefeuilles que j'ai analysés détenaient plus de 40 % de leur valeur dans les 10 titres les plus importants. C'est beaucoup trop. Selon moi, vous devriez détenir des milliers de titres individuels et pas plus de 20 % du portefeuille dans les 10 principaux titres.

2 Trop peu d'obligations

Les portefeuilles qui n'incluent pas ou qui incluent très peu d'obligations sont fréquents. Selon mes observations, beaucoup de gens ont d'assez bons nerfs pour vivre à l'aise avec un portefeuille tout en actions dans les périodes de volatilité ordinaire. Durant les périodes de crise, les marchés vous feront toutefois vivre des montagnes russes qui vous inciteront à douter de votre stratégie et à l'abandonner, précisément au moment où il est crucial de demeurer calme et persévérant. Les obligations servent justement à tempérer la volatilité des portefeuilles lors des crises. Selon votre tempérament, votre âge et vos connaissances des rouages des marchés financiers, une pondération de 20 % à 50 % en obligations s'impose pour la plupart des investisseurs.

3 Trop de liquidités

Les liquidités regroupent les placements à court terme, tels que les comptes d'épargne à intérêt élevé et les autres placements arrivant à échéance dans moins d'un an. Bien que ces placements produisent de l'intérêt, ils en produisent moins que les obligations, dont les échéances s'échelonnent de un à trente ans. Selon une étude très solide commanditée par Crédit Suisse (1), la différence historique entre le rendement des obligations gouvernementales à long terme et celui des bons du Trésor à court terme est d'environ 1,2 %. C'est ce qu'on appelle la prime de risque d'échéance, soit le rendement supplémentaire offert pour vous convaincre d'acheter des obligations, qui sont généralement plus volatiles que les liquidités. La prime de crédit est également plus élevée dans les obligations que dans les liquidités : la différence de taux entre les titres d'entreprises et ceux de gouvernements est plus grande pour une échéance de 10 ans que pour un terme de 30 jours.

Bref, si vous avez beaucoup plus de 5 % en liquidités sur une base plus ou moins permanente, vous sacrifiez du rendement à long terme inutilement. Vous n'êtes pas seul : certains portefeuilles que j'ai étudiés comportaient jusqu'à 30 % de liquidités. Si vous ne prévoyez pas devoir financer une dépense à même votre compte de placements, j'aurais tendance à conserver la pondération en liquidités le plus près possible de zéro.

4 Manque de diversification internationale

Sans doute le défaut le plus fréquent. Beaucoup de gens détiennent de 80 % à 90 % de leur portefeuille d'actions dans les marchés canadien et américain. J'ai même vu une concentration de 80 % au Canada seulement.

La plupart des mégagestionnaires de placement comme la Caisse de dépôt et placement du Québec et le Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l'Ontario (Teachers') détiennent une proportion importante d'actions internationales. Vous pouvez en faire autant. Les marchés mondiaux comprennent environ 45 pays : la moitié d'entre eux sont développés, les autres sont émergents. Un portefeuille d'actions devrait inclure au moins de 30 % à 40 % de titres à l'extérieur de l'Amérique du Nord.

5 Pas de diversification par taille d'entreprise

Il est courant qu'un portefeuille ne détienne que des actions de grande capitalisation. Les petites et moyennes capitalisations représentent pourtant 30 % de la valeur du marché mondial. En nombre, les petites et moyennes capitalisations représentent la grande majorité des sociétés cotées en Bourse. De plus, la recherche universitaire documente l'existence d'une prime de rendement sur les petites capitalisations. Selon moi, vous devriez détenir entre 20 % et 30 % de vos actions en petite et moyenne capitalisation pour optimiser le rendement ajusté pour le risque de votre portefeuille.

6 Concentration sectorielle et absence de certains secteurs boursiers

Certains investisseurs tombent amoureux de certains secteurs en particulier. C'est souvent le cas avec les actions des banques canadiennes à cause de leur généreux dividende ou encore celles des sociétés technologiques à cause de leur potentiel d'appréciation perçu très favorablement. Je l'ai déjà écrit dans cette chronique, je ne crois pas que les actions à haut revenu de dividende soient intrinsèquement supérieures aux autres (2). Les sociétés du secteur des technologies non plus. L'éclatement de la bulle des technos au début des années 2000 a montré que les titres de ce secteur peuvent connaître de grands hauts et de grands bas.

7 Frais trop élevés

Questionnez-vous à propos des honoraires qui vous sont facturés. Votre portefeuille est comme une PME : sa rentabilité dépend des revenus moins les dépenses. Dépensez trop et la rentabilité disparaît. Les frais peuvent inclure : les honoraires payés directement à votre conseiller, le ratio des frais de gestions des fonds communs et des FNB que vous détenez, ainsi que les commissions sur les achats et ventes effectués dans votre portefeuille. Selon mes estimés, un portefeuille équilibré d'actions et d'obligations offre un rendement espéré d'environ 5 %. Donc chaque tranche de 1 % en frais soustrait 1/5 au rendement de votre portefeuille. Il faut que les services rendus en échange de ces frais (planification financière, autres conseils afin d'organiser votre vie financière) en vaillent le coût. Si vous faites affaires avec un conseiller et que la somme de tous ces frais dépasse largement 1 %, posez-lui des questions à propos des services obtenus. Peut-être en conclurez-vous que le travail effectué vaut largement ces frais. Si, toutefois, vous trouvez les frais trop élevés, il est temps de discuter d'une réduction d'honoraires ou de rechercher un nouveau conseiller. Si, par ailleurs, vous gérez votre portefeuille vous-même et que la somme de vos frais dépasse 1 %, vous payez probablement trop cher.

À la lumière de la liste de vérification ci-dessus, il est facile de comprendre pourquoi j'aime investir à l'aide des FNB (3). Comment à la fois atteindre des objectifs exigeants de diversification par titres, pays, tailles d'entreprise et par secteurs, le tout en maintenant des frais qui ne réduisent pas trop le rendement ? C'est simple : la majorité des autres produits financiers ne peuvent même pas rivaliser avec ce qui se fait de mieux dans le marché des FNB.

(1) Dimson, E., P. Marsh, M. Staunton, Credit Suisse Investment Yearbook, 2018.
(2) Kerzérho, R. « Pour ou contre les fonds d’actions à dividende élevé ? », Les Affaires, juillet 2017.
(3) Pour une suggestion de portefeuille de FNB qui répond aux critères discutés dans cette chronique, voir Kerzérho, R., « Un portefeuille de FNB résistant aux krachs immobiliers et autres calamités », Les Affaires, juin 2017.

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