Vincent ­Dostie: «Nous misons sur l'enrichissement de la classe moyenne dans les pays émergents»

Offert par Les Affaires


Édition du 10 Novembre 2021

Vincent ­Dostie: «Nous misons sur l'enrichissement de la classe moyenne dans les pays émergents»

Offert par Les Affaires


Édition du 10 Novembre 2021

Par Denis Lalonde

Vincent Dostie est président et cochef des placements à Investissement Mount Murray depuis 2018. Depuis le début de sa carrière, il a occupé divers postes de direction, notamment ceux de vice-président aux investissements à Patrimonica Gestion d’actifs et de gestionnaire de portefeuille et directeur du développement des affaires à Globevest Capital. (Photo : courtoisie)

À PORTE-FEUILLE OUVERT. 

Les Affaires — Comment Investissement Mount Murray a-t-elle été sélectionnée par le Programme des gestionnaires en émergence du Québec (PGEQ)?

Vincent Dostie — Le processus de sélection a commencé en 2019 et était ouvert à toutes les firmes de gestion. Nous avons soumis notre candidature pour obtenir une allocation dans le secteur des actions de marchés émergents, secteur que ne couvrait pas le PGEQ.

Nous sommes passés par diverses étapes en répondant à des questionnaires et en passant des processus de vérification diligente.

Puis, une journée avant la date prévue de notre présentation devant le comité consultatif du PGEQ, le Québec a été placé en confinement.

Nous avons finalement pu faire notre présentation, en virtuel, durant l’été 2020. Nous avons ensuite attendu que les fonds soient débloqués, ce qui est arrivé cet été. Globalement, notre sélection a été retardée d’un an en raison de la pandémie de COVID-19.

 

L.A. — Quel montant avez-vous obtenu?

V.D. — On nous a alloué 14 millions de dollars (M$).

 

L.A. — Quelle clientèle servez-vous exactement?

V.D. — Le mandat du PGEQ est d’offrir à des investisseurs institutionnels, comme la Caisse de dépôt et placement du Québec, Desjardins, la Banque Nationale, le Fonds de solidarité FTQ, Fondaction et Investissement Québec, la possibilité de diversifier leurs sources de rendement en étant exposés à des gestionnaires émergents. Nous n’avons donc aucune vente à faire dans le cadre de la gestion de ce portefeuille.

 

L.A. — À quoi comparez-vous votre portefeuille d’actions de marchés émergents?

V.D. — Nous comparons nos rendements à celui du fonds négocié en Bourse (FNB) iShares MSCI Marchés émergents (EEM, 50,66 $ US).

 

L.A. — Vous détenez des actions de l’entreprise chinoise Sunny Optical Technology dans votre portefeuille. Qu’est-ce qui vous attire dans ce titre?

V.D. — Sunny Optical Technology (SOTGY, 267,24 $ US) est une entreprise dont la capitalisation boursière s’approche des 30 milliards de dollars américains (G$ US). La société est un leader mondial des lentilles installées dans les téléphones intelligents et dans les automobiles. Elle compte une liste de clients très prestigieux partout dans le monde.

Les lentilles et les modules de caméras complets pour téléphones constituent 80 % de ses ventes, comparativement à plus de 8 % pour le secteur de l’automobile. Toutefois, c’est le secteur de l’automobile qui est en plus forte croissance en ce moment, avec une progression annuelle estimée entre 30 % et 35 %. L’entreprise est aussi présente dans l’industrie des radars de détection par ondes lumineuses. Elle est très sophistiquée et investit beaucoup dans sa production, avec des rendements sur les capitaux propres de plus de 30%. Elle est bien positionnée pour la nouvelle économie.

 

L.A. — Vous aimez également la banque chinoise China Merchants Bank?

V.D. — Oui, China Merchants Bank (CIHKY, 40,30 $ US) possède une capitalisation boursière de plus de 200 G$ US et se démarque dans le secteur des services financiers au détail. C’est là que sa plus grande profitabilité se trouve. Nous investissons selon des thèmes qui vont regrouper quelques entreprises. L’un de ceux-ci est de miser sur l’enrichissement de la classe moyenne chinoise, dont les membres veulent de plus en plus gérer eux-mêmes leur bas de laine pour assurer leurs vieux jours et ceux de leurs familles.

Cette banque a la marque la plus forte en Chine, surtout sur le plan de la gestion privée, qui est en forte croissance, et elle est aussi très forte en technologie.

L’entreprise possède un ratio PEG* (cours/bénéfice/croissance ou « price/earnings to growth ») de près de 1, ce qui est excellent, avec un rendement des capitaux propres de près de 15 %. Nous sommes prudents avec les investissements en Chine en raison des mesures interventionnistes du gouvernement central, mais certains titres performent bien malgré tout.

* NDLR: plus le ratio PEG d’un titre est faible, plus il est jugé abordable.

 

L.A. — Vous investissez aussi notamment au Brésil, en Russie, en Inde et au Pérou. Y a-t-il une entreprise qui se démarque à vos yeux dans l’un de ces marchés?

V.D. — Nous misons sur le titre de la minière Vale S.A. (VALE, 12,09 $ US), un titre axé sur la croissance pure de l’économie mondiale. L’entreprise a fait face à une immense tragédie ces dernières années avec la rupture d’un barrage au Brésil en janvier 2019 qui a entraîné d’importantes inondations, détruit un écosystème entier et fait 270 victimes et neuf disparus.

La société a annoncé en février dernier qu’elle allait verser un montant de 7 G$ US aux familles des victimes.

Selon nous, la direction de l’entreprise a appris de ses erreurs et mis en place beaucoup de mesures pour améliorer sa gouvernance et la sécurité de ses employés pour prévenir d’autres catastrophes écologiques et humaines.

L’entreprise est le leader brésilien dans le minerai de fer et près de 75 % de sa production est exportée en Chine. Si on pense que la reprise économique mondiale entre dans un nouveau cycle, nous considérons que l’évaluation du titre est très basse.

De plus, l’impopularité du président brésilien Jair Bolsonaro nuit au sentiment de marché et a fait reculer la devise locale, le réal. Cela profite à Vale, dont les dépenses sont en réals et les revenus, en dollars américains.

 

L.A. — L’Inde est aussi un marché immense, quels secteurs vous attirent dans ce pays?

V.D. — Le plus gros est le secteur bancaire, mais nous aimons aussi celui de la technologie. Du côté des banques, ICICI Bank Limited (IBN, 21,18 $ US) est très forte dans les services financiers de détail et en technologie. C’est un bon titre pour profiter de l’enrichissement de la classe moyenne en Inde.

L’Inde profite d’une forte consommation intérieure et l’économie du pays est capable de très bien se débrouiller malgré ce qui se passe dans le reste du monde. On en a eu un bon exemple cette année avec la deuxième vague de cas de COVID-19, qui a été 10 fois pire que la première. Le pays a relâché les mesures sanitaires alors que le variant Delta commençait à faire des ravages. Avec une population immense de près de 1,4 milliard de personnes, la crise a été difficile à gérer. Malgré tout, l’économie a fait preuve de résilience.

À long terme, c’est l’économie qui générera la meilleure croissance dans le monde. C’est une belle histoire stratégique à long terme.

 

L.A. — En Inde, privilégiez-vous des titres, des FNB ou des fonds communs?

V.D. — Nous investissons dans quelques titres, mais aussi dans des FNB, entre autres dans le iShares MSCI India Small-Cap (SMIN, 61,55 $ US), qui nous donne une exposition à des entreprises de petite et de moyenne capitalisation. C’est une façon pour nous de détenir des entreprises technologiques en forte croissance dans ce pays. Nos actifs sous gestion sont d’environ 30 M$, alors nous n’avons pas encore accès à tous les marchés dans le monde. Notre taille ne nous permet pas d’investir dans des titres de petites capitalisations en Inde ou au Brésil, par exemple. Les fonds négociés en Bourse nous permettent d’investir indirectement dans ces titres. Ce FNB a généré l’un de nos meilleurs rendements au cours des 12 derniers mois.

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