Transat aura besoin d'un autre coup de pouce financier d'Ottawa

Publié le 10/03/2022 à 14:15

Transat aura besoin d'un autre coup de pouce financier d'Ottawa

Publié le 10/03/2022 à 14:15

Par La Presse Canadienne

Au 31 janvier, la société avait utilisé 790 millions $ des 820 millions $ du financement maximal qu'elle pouvait obtenir de la part de ses créanciers. (Photo: 123RF)

Frappée par le variant Omicron qui a retardé la reprise du tourisme, Transat a besoin d'obtenir plus d'argent de la part du gouvernement fédéral tandis que la hausse subite du prix du pétrole représente un autre vent de face qui souffle sur le transporteur aérien.

La société montréalaise a entamé des discussions avec le gouvernement fédéral afin d'obtenir du financement «complémentaire» tandis qu'elle pourrait continuer à opérer à perte d'ici l'été, a dit la présidente et cheffe de la direction, Annick Guérard, lors d'un appel visant à discuter des résultats du premier trimestre. Elle affirme que le gouvernement semblait «très à l'écoute».

Transat a déjà obtenu certains assouplissements de la part du fédéral. Certaines échéances dans le cadre du Crédit d'urgence pour les grands employeurs (CUGE) ont été reportées. La société a également obtenu 43,3 millions $ en financement supplémentaire.

Au 31 janvier, la société avait utilisé 790 millions $ des 820 millions $ du financement maximal qu'elle pouvait obtenir de la part de ses créanciers. Elle disposait de 343,1 millions $ en liquidités, toujours à la fin janvier.

Le variant Omicron est venu chambouler les prévisions de la direction, qui espérait une reprise progressive du tourisme, a expliqué Patrick Bui, le chef des finances. Il a souligné que les annulations ont excédé les réservations à la fin du mois de décembre et pendant une bonne partie du mois de janvier.

L'entreprise a ainsi dévoilé des résultats financiers inférieurs aux attentes des analystes pour le premier trimestre de son exercice 2022 (terminé le 31 janvier). Elle a enregistré une perte d'exploitation de 73,8 millions $, comparativement à une perte de 98 millions $ au cours de la période comparable.

Les revenus, pour leur part, ont bondi de 382,9% pour atteindre 202,4 millions $, une augmentation de 160,5 millions $, par rapport à 2021. Comparés à 2019, soit avant la pandémie, les revenus sont inférieurs de 68,7%.

La perte ajustée par action était de 2,53 $, contre 2,89 $ l'an dernier. Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient une perte de 2,38 $, selon les données de la firme Refinitiv.

 

L'horizon s'éclaircit, malgré l'Ukraine

Les réservations seraient toutefois revenues dans un cycle de reprise depuis février, constate Mme Guérard. Jusqu'à maintenant, l'incertitude géopolitique liée à l'invasion russe en Ukraine ne semble pas avoir fait dérailler la reprise graduelle de l'industrie, rapporte-t-elle.

«Nous n'avons pas vu d'effet sur nos ventes estivales pour l'Europe. Les ventes continuent de progresser semaine après semaine, grâce à l'assouplissement des restrictions sanitaires.»

La direction prévoit que la capacité du transporteur aérien atteindra 91% de celle de l'été 2019. «Ça veut dire que la direction anticipe un été beaucoup plus fort que ce que laissaient entrevoir nos prévisions», réagit Tim James, de Valeurs mobilières TD. L'analyste prévoyait que Transat afficherait des revenus équivalant à 74% de ceux enregistrés en 2019, pour la deuxième moitié de l'année.

La hausse des prix du carburant dans la foulée de l'invasion en Ukraine amène une autre source de turbulence sur le chemin d'une industrie déjà frappée sévèrement par la pandémie. «Heureusement, nous avons l'appareil le plus efficace en consommation de carburant pour les routes transatlantique, le A321neoLR. Ça va nous permettre de mitiger une partie des impacts pour l'été à venir», a dit Mme Guérard.

 

Les relations avec WestJet

La dirigeante a aussi commenté l'offre d'acquisition de Sunwing par WestJet. Si elle est acceptée telle quelle par les autorités réglementaires, la transaction viendrait augmenter la concentration du marché, particulièrement dans l'Ouest canadien, selon elle. «Ce n'est pas une bonne nouvelle pour les consommateurs.»

En novembre, Transat avait conclu une entente avec WestJet afin de partager leurs codes pour les voyages transatlantiques. L'accord permet aux voyageurs de réserver des vols vers l'Europe impliquant les deux compagnies aériennes sur un seul billet, avec des bagages enregistrés jusqu'à leur destination.

L'alliance entre Sunwing et WestJet ne mettrait pas en péril cette entente, assure la dirigeante de Transat, qui dit en avoir discuté la semaine dernière avec la direction de l'entreprise, qui «a toujours été une concurrente». «Ils nous ont assuré que ça n'allait pas affecter notre entente. Nous verrons ce qui arrivera dans les prochains mois, mais nous avons confiance que l'accord va rester en place.»

Plus tôt cette semaine, Transat a annoncé la signature d'un autre accord de partage de codes avec Porter Airlines. La première phase de l'accord consistera à relier les bases de Porter, à l'aéroport Billy Bishop de Toronto et à l'aéroport d'Halifax, à la plaque tournante d'Air Transat à Montréal.

Vers midi, l'action de Transat perdait 15 cents, ou 3,24%, à 4,48 $ à la Bourse de Toronto.

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