Bombardier : un rendement de 60 % d'ici 2020

Offert par Les Affaires


Édition du 06 Mai 2017

Bombardier : un rendement de 60 % d'ici 2020

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Édition du 06 Mai 2017

Par Richard Guay

Le prix des actions de Bombardier a atteint 26 $ au début des années 2000. Aujourd'hui, plus de 15 ans plus tard, il est à 2,30 $. Une chute de 90 %...

Le résultat est décevant, c'est le moins qu'on puisse dire. De quoi décourager même les investisseurs les plus patients de Bombardier. Les mauvaises décisions des 15 dernières années et les pertes importantes des 5 dernières années sont incompatibles avec la rémunération élevée des dirigeants qui sont à l'emploi de l'entreprise depuis plusieurs années.

Cela dit, pourrait-on espérer une consolation en achetant des actions de Bombardier à moins de 2,30 $ ? Est-ce une belle occasion d'investissement ?

Oui, et une hausse de 60 % est vraisemblable d'ici 2020.

Ma réponse s'appuie sur la valeur fondamentale de Bombardier qui peut être anticipée pour 2020.

Rappelons d'abord que, pour établir la valeur d'une entreprise, c'est l'avenir qui importe. La valeur de Bombardier est essentiellement liée à sa capacité de générer des bénéfices dans l'avenir. Or, le pire - des pertes à coups de milliards - est chose du passé pour Bombardier. La faillite a notamment été évitée grâce à l'aide gouvernementale.

Les objectifs de 2020 de l'entreprise exigent bien sûr un revirement impressionnant par rapport aux résultats des dernières années, mais ils apparaissent réalisables.

Le premier de ces buts est l'atteinte de 25 milliards de dollars américains (G$ US) de ventes. C'est un bond de 50 % par rapport à 2016 (ventes de 16 G$ US). Une commande importante, certes, mais il faut savoir que les ventes dépassaient déjà 20 G$ US en 2014. La progression prévue des ventes d'avions commerciaux devrait grandement contribuer à l'atteinte de l'objectif de ventes de 2020.

L'objectif le plus ambitieux (et surtout le plus pertinent pour l'investisseur) demeure cependant d'augmenter la marge bénéficiaire brute à plus de 7 % d'ici 2020 (bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement, ou BAIIA). C'est ici que réside la clé de l'amélioration de la valeur de Bombardier. Pour un investisseur, il n'y aurait évidemment rien d'intéressant si l'objectif de ventes de 25 G$ US était atteint, mais que les avions ou les trains étaient vendus à perte et que la marge bénéficiaire était négative. C'est la capacité de vendre les avions et les trains à un prix supérieur aux coûts qui importe le plus. Cet objectif de 7 % paraît raisonnable dans le contexte actuel, où Boeing, le compétiteur de Bombardier dans le secteur de l'aviation, dégage une marge de 9 %.

S'il est atteint, Bombardier devrait enregistrer un bénéfice de 1,75 G$ US par année, et sa valeur en Bourse pourrait être beaucoup plus élevée. En moyenne, les entreprises ont des valeurs qui sont supérieures à 8 fois le bénéfice. En ramenant le tout en dollars canadiens ($ CAN), même avec un multiple conservateur de 7, on obtient une valeur de 12,25 G$ US pour Bombardier (7 x 1,75 G$ US). Si on soustrait la dette et les intérêts minoritaires et si l'on convertit en dollars canadiens, on obtient une valeur des actions de 8,1 G$ CAN. Pour établir la valeur d'une action de Bombardier, il faut donc diviser 8,1 G$ CAN par le nombre d'actions, qui est d'environ 2,2 milliards.

Selon ce scénario, la valeur des actions de Bombardier en 2020 serait de 3,69 $ CAN (8,1/2,2).

Autrement dit, si les objectifs de 2020 de Bombardier sont atteints, la valeur des actions devrait atteindre 3,69 $, une hausse de 60 % par rapport au prix actuel, qui oscille autour de 2,30 $.

Un rendement de 60 % sur les actions de Bombardier d'ici la fin de 2020 apparaît donc réaliste. En fait, pour dégager ce rendement élevé, Bombardier n'a pas besoin de devenir la meilleure de l'industrie. Ce rendement sera dépassé dès qu'elle atteindra des marges bénéficiaires similaires à celles de ses principaux concurrents. Bref, le potentiel de rendement élevé est lié au fait que le titre est déprimé et que plusieurs investisseurs doutent de la capacité de l'entreprise à dégager des marges bénéficiaires normales pour l'industrie.

Je peux comprendre les inquiétudes et les frustrations des investisseurs, incluant celles du gouvernement du Québec. C'est toujours la famille qui détient le contrôle avec ses actions à droits de vote multiples. Les investisseurs ont très peu d'influence sur les décisions de la société, qui ont parfois été douteuses dans le passé. Toutefois, compte tenu du bas prix de Bombardier, c'est un investissement intéressant qui dégagera un rendement de 60 % si les objectifs de 2020 (qui sont réalistes) sont atteints.

Biographie

Richard Guay est professeur titulaire en finance à l'ESG UQAM et ancien président de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

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