COVID-19: il faut une vraie sortie de crise

Publié le 27/08/2021 à 17:35

COVID-19: il faut une vraie sortie de crise

Publié le 27/08/2021 à 17:35

Des soignants repositionnaient un patient atteint de la COVID-19 dans un hôpital de Toronto, en avril dernier. (Photo: Getty Images)

ANALYSE. La pandémie, qui s’annonce plus longue que prévu en raison de la quatrième vague et du variant Delta, est avant tout un enjeu de capacité à soigner les personnes hospitalisées. Si ces capacités étaient illimitées, la population doublement vaccinée pourrait vivre normalement, avec un coronavirus endémique, mais sous contrôle.

Bien entendu, ces capacités d’hospitalisation sont limitées. Les gouvernements doivent donc faire des choix. C’est la raison pour laquelle plusieurs pays affichent un nombre de lits d’hôpitaux par 1000 habitants beaucoup plus élevé qu’au Canada.

En 2020, selon les données les plus récentes de l’OCDE, le Canada comptait 2,5 lits d’hôpitaux par 1000 habitants, soit sensiblement le même niveau qu’aux États-Unis (2,8), comme on peut le constater sur ce graphique.

 

Nombre de lits d'hôpitaux par 1000 habitants. Le Canada est représenté par la barre rouge, à gauche du graphique. (Source: OCDE)

 

En revanche, c’est beaucoup moins qu’au Japon (12,8), en Corée du Sud (12,4%), sans parler de l’Allemagne (7,9%), la France (5,8) ou de l’Italie (3,2). En fait, dans le G7, seul le Royaume-Uni compte un peu moins de lits par 1000 habitants que le Canada à 2,4.

Cette capacité hospitalière est un enjeu de taille.

On peut l’associer en quelque sorte à l’offre par rapport une demande en matière de gestion des opérations, la demande étant constituée dans le cas présent des gens atteints de la COVID-19 qui doivent être hospitalisés.

Tous les chefs d’entreprise ou responsables des opérations se posent la question, peu importe leur secteur d’activité: ai-je la bonne capacité pour répondre à la demande?

Les gouvernements devraient davantage réfléchir en mode gestion des opérations.

 

S'attaquer à l'offre, pas seulement à la demande

Depuis le début de la pandémie, le gouvernement du Québec, par exemple, s’est attaqué essentiellement à réduire la demande en soins médicaux — la fameuse courbe des nouveaux cas qu’il fallait à tout prix abaisser.

Comment? D'abord en confinant la population et en imposant des mesures sanitaires strictes (port du masque, distanciation sociale, etc.) puis maintenant avec une campagne de vaccination efficace qui fait l’envie du monde entier.

Le 26 août, 69,6% de l’ensemble de la population québécoise était adéquatement vacciné (deux doses), alors que ce niveau atteignait 79,5% chez les 12 ans et plus, selon les données de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

Imaginez quelle serait la situation si le Québec figurait également parmi les leaders mondiaux en termes de capacité à offrir des soins médicaux, avec un nombre de lits d’hôpitaux équivalent ou supérieur à celui de l’Allemagne, par exemple.

Nous n’aurions sans doute pas à débattre si les employés doivent ou non revenir travailler dans les centres-villes.

Pourquoi nous posons-nous cette question depuis le début de la quatrième vague?

Parce que les autorités craignent à nouveau une saturation de notre système de santé, et ce, en raison d’une offre insuffisante de soins médicaux pour répondre adéquatement à une hausse de la demande en soins médicaux.

Bien entendu, on ne peut pas augmenter du jour au lendemain la capacité de notre système de santé, car il faut aussi davantage de personnel, et ce, des infirmières aux médecins en passant par personnel de soutien.

 

Cibler les vraies priorités budgétaires

Il faut aussi que les crédits budgétaires soient au rendez-vous. Les ressources budgétaires de l’État étant limitées, cela nécessiterait de couper ailleurs, dans des projets, des programmes et des activités moins stratégiques pour le bien commun.

Deux choses sont fondamentalement vitales dans une société, soit l’éducation et la santé, sans parler d’infrastructures de qualité et vraiment nécessaires.

Si nous estimons qu’il est important de vivre dans une société résiliente, capable d’encaisser un choc sans devoir fermer son économie tout en soignant sa population, et bien il faut commencer à accroître rapidement la capacité de notre système de santé.

On appelle cela de la planification stratégique.

Cette planification nous permettrait de sortir plus rapidement de cette crise, et de mieux nous préparer à la prochaine.

Car il y en aura d’autres.

À propos de ce blogue

Dans son analyse bimensuelle Zoom sur le Québec, François Normand traite des enjeux auxquels font face les entrepreneurs aux quatre coins du Québec, et ce, de la productivité à la pénurie de la main-d’œuvre en passant par la 4e révolution industrielle et les politiques de développement économique. Journaliste à Les Affaires depuis 2000 (il était au Devoir auparavant), François est spécialisé en ressources naturelles, en énergie, en commerce international et dans le manufacturier 4.0. François est historien de formation, en plus de détenir un certificat en journalisme de l’Université Laval. Il a réussi le Cours sur le commerce des valeurs mobilières au Canada (CCVM) de l’Institut canadien des valeurs mobilières et il a fait des études de 2e cycle en gestion des risques financiers à l’Université de Sherbrooke durant 15 mois. Actuellement, il fait un MBA à temps partiel à l'Université de Sherbrooke. François connaît bien le Québec. Il a grandi en Gaspésie. Il a étudié pendant 9 ans à Québec (incluant une incursion d’un an à Trois-Rivières). Il a été journaliste à Granby durant trois mois au quotidien à La Voix de l’Est. Il a vécu 5 ans sur le Plateau Mont-Royal. Et, depuis 2002, il habite sur la Rive-Sud de Montréal.