Le grand mystère de la Bourse canadienne

Publié le 05/02/2018 à 12:30

Le grand mystère de la Bourse canadienne

Publié le 05/02/2018 à 12:30

Si la Bourse canadienne montre des symptômes de faiblesse laissant penser à un début de marché baissier, il y a un titre qui semble marcher sur l’eau en dépit de sa valorisation très généreuse. Pis, il n’a même pas été affaibli par la vague baissière des derniers jours: Shopify(SHOP, 155,10$).

Le titre du fournisseur de logiciels qui aident les marchands à gérer leurs boutiques dans toutes les sphères(Web, mobile, réseaux sociaux, magasins physiques, etc.) a grimpé de 22% à ce jour en 2018, pendant que l’indice S&P/TSX de la Bourse de Toronto reculait de 3,7%. Au cours de la dernière année, l’action de la société d’Ottawa a bondi de 128%.

Ce qui me fascine le plus, c’est que l’entreprise qui se targue d’avoir la meilleure solution pour faciliter le commerce a résisté au tremblement qui a secoué les marchés ces derniers jours.

La vague baissière a touché autant les titres de nature plus spéculative, telle le fournisseur de marijuana Canopy Growht(WEED, 27,05$), qui a baissé de 18%, que les sociétés de consommation essentielle réputées pour être mieux immunisées par les reculs des marchés, telles Alimentation Couche-Tard(ATD.B, 61,56$), Loblaw(L, 64,96$) ou Saputo(SAP, 40,88$), Metro(MRU, 39$) ou Empire(EMP.A, 22,60$), qui ont perdu entre 4% et 7%. Ces sociétés, admettons-le, ont chacune des raisons propres qui les ralentissent.

Tout de même. Shopify, qui a touché un sommet historique le 31 janvier, n'est pas à l'abri de tous les dangers.

L’ascension du titre de Shopify est d’autant plus saisissante parce qu’elle a eu lieu en dépit de l’attaque d’un des vendeurs à découvert les plus en vus, Andrew Left, de Citron Research. Pour rappel, M. Left avait largué en octobre dernier une vidéo coup-de-poing envers l’entreprise d’Ottawa, qui remettait en question la qualité de sa clientèle.

Celui qui a contribué à faire tomber la pharmaceutique lavalloise Valeant(Tor., VRX) avait alors dit «nous espérons que Shopify fera l’objet d’une enquête minutieuse comme les nombreuses autres entreprises qui par le passé vendaient du rêve à des clients crédules».

Ce que les investisseurs retiennent

Les investisseurs ont fait abstraction de la sortie de M. Left et semblent surtout retenir que Shopify est une grande bénéficiaire du succès d’Amazon(AMZN, 1443$US), avec qui elle fait des affaires. Le géant du commerce en ligne a dévoilé de solides résultats à son quatrième trimestre le 1er février, ce qui a contribué à soutenir le titre de Shopify.

La coqueluche techno canadienne va dévoiler ses résultats du quatrième trimestre le 15 février prochain. Les analystes attendent des revenus de 207,59M$US et un bénéfice ajusté de 0,06$US par action, selon Reuters.

Richard Tse, de la Financière Banque Nationale, dit s’attendre à de bons résultats, portés par de solides ventes réalisées au cours des périodes de magasinage des Fêtes(dont le Vendredi fou et le Cyber lundi).

L’analyste a récemment relevé sa cible pour le titre de 120$US à 150$US(le titre se négocie à 124,27$US à la Bourse de New York). Todd Coupland, de CIBC Marchés des capitaux, a pour sa part relevé sa cible de 120$ à 160$US le 1er février. Il croit que le titre devrait se négocier à 10 fois les revenus(pas les bénéfices!).

Peut-être que je me trompe une fois de plus et que le titre mérite une valorisation très généreuse compte tenu de sa croissance rapide, même si elle commence à peine à générer des bénéfices. Je vous avais mentionné en avril dernier que l’évaluation qui lui était accordée m’apparaissait démentielle. Le titre s’est apprécié de 50% depuis.

Avec une valeur boursière de 15G$, Shopify vaut aujourd’hui autant que Saputo et près de 3G$ de plus que Power Corporation(Tor., POW). Certes, Shopify possède 10$US d'encaisse par action. Mais espérons pour ses actionnaires qu’elle livrera de bonnes nouvelles lors du dévoilement de ses résultats trimestriels, parce que la secousse pourrait être plus forte que celle qui a frappé les Bourses ces derniers jours.

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À propos de ce blogue

Après près de 16 années passées au journal Les Affaires, dernièrement en tant que chef de publication pour lesaffaires.com, Yannick Clérouin a rejoint en mars 2018 la société de gestion de portefeuilles Medici.

Yannick Clérouin