Comment se mettre en danger en 2017

Offert par Les Affaires


Édition du 28 Janvier 2017

Comment se mettre en danger en 2017

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Édition du 28 Janvier 2017

[Photo : Shutterstock]

Il n'y a rien de tel que de connaître une excellente année en Bourse avec un minimum d'efforts pour baisser la garde. Si 2016 a été pour vous l'équivalent du millésime de la dernière décennie grâce au rendement total de 21,1 % de la Bourse de Toronto, il y a danger à l'horizon. Voici comment vous pourriez mettre votre portefeuille à risque cette année.

Ceux dont la majeure partie du portefeuille est investie au Canada ont eu la vie facile l'an dernier. C'est tout le contraire qui pourrait se produire cette année. Les titres des pétrolières et des banques ne bondiront pas de 32 % et de 21 % respectivement une deuxième année de suite. On peut aussi difficilement imaginer les producteurs de matériaux rééditer leur ascension de 45 % de l'an dernier.

Nombreux sont les investisseurs aveuglés par le biais de récence. Ils ont tendance à croire que les événements récents se perpétueront. Par exemple, la performance spectaculaire du titre du géant minier Teck Resources(TECK.B, 31,42 $) l'an dernier - il a multiplié sa valeur par plus de six depuis son creux de janvier 2016 -, va certainement piéger ceux qui ne veulent pas rater un train en marche.

Or, le titre de Teck s'est envolé non pas grâce à la vigueur de la demande mondiale, mais en raison du rebond inespéré des prix des matériaux que la minière produit, notamment le charbon métallurgique. Il y a peut-être encore des gains à espérer de l'embellie des prix des matières premières et du bilan de l'entreprise, mais ce serait faire un pari hasardeux que de conserver une participation élevée dans un tel titre.

Ne pas être sélectif

Une des façons les plus faciles de mettre en péril son portefeuille cette année est de manquer de rigueur dans la sélection de ses titres. Contrairement à 2016, où le seul fait de détenir les sociétés phares de la Bourse de Toronto ou un fonds reproduisant l'indice S&P/TSX assurait une bonne performance, 2017 devrait récompenser les stocks pickers, qui sélectionnent leurs titres avec minutie.

Les aubaines étant très rares, la probabilité de payer trop cher pour la croissance future des entreprises est donc accrue. On s'expose ainsi à une sévère punition advenant une déception. L'action du détaillant de thé montréalais David's Tea(DTEA, 6,65 $ US), qui commandait une évaluation très généreuse, a plongé de 26 % le 9 décembre après avoir dévoilé des résultats et des perspectives inférieurs aux attentes. Stella-Jones (SJ, 38,78 $), pourtant réputée pour la constance et la prévisibilité de ses résultats, a aussi goûté à la médecine des investisseurs déçus à la mi-janvier, son titre cédant plus de 10 % en quelques séances.

Faire preuve de sélectivité, c'est résister au chant des sirènes même s'il est fort. Un bon exemple est celui de la coqueluche techno de l'heure au Canada, Shopify (SH, 66,71 $). La société d'Ottawa vient de toucher un sommet historique en Bourse après avoir confirmé que sa plateforme en nuage qui facilite le commerce électronique était désormais intégrée à la place de marché d'Amazon(AMZN, 808,33 $ US).

Shopify a le vent dans les voiles et recèle un fort potentiel de croissance : ses revenus devraient grimper de plus de 45 % au cours de l'exercice 2017. Sa valeur boursière a toutefois de quoi donner le vertige : 6 milliards de dollars canadiens, soit sept fois ses revenus anticipés, alors qu'elle ne devrait pas dégager un cent de profit avant au moins l'exercice 2018.

S'écarter de sa zone de confort

Un autre moyen de s'exposer au danger est de s'écarter de sa stratégie de placement dans l'espoir de saisir des occasions bon marché. Ce faisant, on ferme les yeux sur ses critères habituels pour investir dans des entreprises plus endettées, que l'on comprend moins bien ou qui sont affaiblies par les changements technologiques.

Un exemple qui me vient à l'esprit serait de tenter de profiter du redressement de Sandvine (SVC, 2,68 $). Le fournisseur de solutions de réseaux qui facilitent entre autres la gestion des forfaits de données se négocie à seulement 8,9 fois le bénéfice de l'exercice 2017, si on tient compte de son encaisse nette de 0,94 $ US par action. Ses liquidités représentent près de la moitié de sa valeur boursière. Attrayant, n'est-ce pas ? Sauf qu'il est loin d'être facile de bien évaluer les activités de Sandvine. Et encore moins de comprendre la portée des changements technologiques qui touchent ses clients comme les câblodistributeurs.

Si vous n'avez pas encore assez de façons de mettre votre portefeuille à risque, je vous suggère de baser votre stratégie sur une interprétation euphorique des politiques économiques promises par Donald Trump.

Les marchés se sont positionnés pour un retour en force de l'inflation et des mesures procroissance (réductions d'impôts, investissements dans les infrastructures, diminution du fardeau réglementaire pour les institutions financières, etc.). Les titres bancaires et industriels ont grimpé en flèche pour refléter cette nouvelle donne. Autant la réaction favorable des investisseurs à l'élection de M. Trump a trompé tout le monde, autant les sanctions à toute promesse non tenue du président coloré pourraient être extrêmes.

Faites-vous à l'idée qu'il faudra mettre les bouchées doubles cette année pour tirer un rendement décent de vos placements. Consacrez plus de temps à parfaire vos connaissances sur vos titres, à évaluer les occasions et les risques entourant vos placements. Dans un contexte qui s'annonce tendu, il s'agit d'une bonne approche pour vous prémunir contre les nombreuses épées de Damoclès.

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À propos de ce blogue

Après près de 16 années passées au journal Les Affaires, dernièrement en tant que chef de publication pour lesaffaires.com, Yannick Clérouin a rejoint en mars 2018 la société de gestion de portefeuilles Medici.

Yannick Clérouin