La brebis et les moutons financiers

Publié le 01/11/2021 à 19:31

La brebis et les moutons financiers

Publié le 01/11/2021 à 19:31

(Photo: Chilli Charlie JawjIHm3nOA pour Unsplash)

BLOGUE INVITÉ. Dans un troupeau, situé dans un champ clôturé au Québec, il y a des moutons financiers et la brebis financière. D’un côté, le comportement du premier animal est influencé par ses pairs. Il craint de déplaire, donc il se fond dans la masse. Il fera des choix financiers douteux, car il veut se calquer à ses compatriotes.

Lorsqu’on y pense, on se rend compte combien le regard des autres peut être puissant. Plusieurs hiérarchisent le regard des gens avant le désir de prendre de bonnes décisions quant à leurs finances personnelles. De l’autre côté de la pâture, il y a la brebis, seule et marginale sur son lopin de terre financier. Elle veut prendre des décisions rationnelles alignées avec son principal intérêt. Son objectif premier est de gonfler son patrimoine. Regardons-les à l’œuvre.

 

La maison

Dans un premier temps, le mouton financier aura tendance à acheter une maison dès qu’il sort de l’école, car il veut ressembler aux autres moutons. Il vient de terminer ses 90 crédits à l’université ou son DEP et il s’empresse à contacter des courtiers immobiliers ou à s’inscrire à l’infolettre des différentes plateformes de courtage immobilier pour trouver la perle rare.

Le problème ici, ce n’est pas le fait qu’il veut s’acheter une maison, mais bien le moment à laquelle il l’achète. Si le mouton l’achète en sortant de l’école et qu’il puise dans toutes tes liquidités, ce n’est probablement pas le bon moment pour l’acheter. Je comprends tout de même qu’il y a certaines situations faisant en sorte que nous ne devons pas attendre pour acheter (ex. : enfants, opportunités, héritage, etc.).

Présentement, le marché immobilier favorise également le vendeur et les acheteurs âgés. Pourquoi les acheteurs âgés? Car ce sont ceux qui ont engraissé leur tirelire pendant plus de 20-30-40 ans. Le jeune acheteur de la génération Z doit paralyser toutes ses liquidités pour arriver à ses fins, tandis que le baby-boomer s’assoit sur un CELI, un REER, une maison payée à 100 % ou encore un fonds de pension à prestations déterminées.

En immobilisant toutes ses liquidités dans sa maison, le jeune mouton perdra une opportunité de faire du rendement libre d’impôts. Je m’explique : si tu prends 100 % de ton argent pour acheter une maison, tu perds la possibilité de cotiser à ton CELI qui génère du rendement libre d’impôts. Le moment de l’achat est donc crucial. La brebis financière, quant à elle, va prendre le temps d’accumuler du capital avec le CELI et le REER et va planifier l’achat de la maison 35 kilomètres avant d’arriver à l’intersection.  

 

L’auto

Dans un deuxième temps, regardons le mouton financier qui s’achète une auto neuve ou qui va louer une automobile neuve dès son entrée sur le marché du travail. Il veut le plus petit paiement possible pour que ses amis remarquent sa nouvelle automobile. Maintenant, imaginez que je suis un vendeur d’automobiles.

Dès que j’entends ça, ça sonne comme de la musique à mes oreilles. Il est évident que je demande à l’acheteur de financer l’automobile sur 45 ans. C’est une relation gagnant-gagnant, car le vendeur encaisse plus de revenus d’intérêts et l’acheteur paie moins cher par mois pour son automobile. Mais malheureusement, la relation est uniquement gagnante pour le concessionnaire, car l’acheteur sera pris pour la vie à pelleter par en avant la « balloune » du concessionnaire à chaque changement d’automobile.

Dès la fin de ses études, la brebis financière, quant à elle, achète l’automobile du mouton qui l’a retourné à la fin de sa location et la paie rapidement, car elle sait qu’il est souvent plus intéressant de payer son auto rapidement en raison du taux d’intérêt élevé sur les véhicules d’occasion. La brebis financière achète une automobile dont elle a les moyens de payer et s’assure par le fait même d’assainir son budget pour se doter d’une capacité d’épargne excédentaire. 

En résumé, j’aurais pu illustrer l’achat de plusieurs biens, mais je voulais présenter ceux ayant le plus gros impact sur votre portefeuille en bas âge, soit l’automobile et la maison. Ces deux actifs sont des générateurs de dépenses indirectes : essence, assurance automobile, entretien & réparations, taxes foncières, droit de mutation, nouveaux meubles, assurance maison, aménagement paysager, etc.

L’élément le plus important à retenir ici est le choix du moment. Il faut d’abord s’assurer que vos finances vont bien avant de penser à ces deux importants achats. En général, les gens sont impressionnés de voir les biens de leurs voisins, mais ils seront sans mots si vous leur annoncez que vous êtes prêt à prendre votre retraite à l’aube de votre 45e anniversaire.

À ce moment-là, votre voisin et votre patron vous demanderont comment vous avez fait pour y arriver. Vous montrerez deux photos, car une photo vaut mille mots. La première: une photo de votre contrat automobile indiquant que vous avez acheté une auto 2010 en 2016. La deuxième: une photo de votre bail signé sur cinq ans dès que vous sortez de l’école.

Soyez marginal dans la gestion de vos finances et vous aspirerez à être une brebis.

À propos de ce blogue

Thomas Gaudet est CPA de formation, mais sa véritable passion est de démocratiser les finances personnelles. L’homme «aux bas bruns» adore tout ce qui touche la planification financière. Il travaille actuellement pour le cabinet de gestion de patrimoine Altitude conseils financiers. Il rencontre chaque jour des entrepreneurs, des professionnels des affaires et de la santé pour discuter de leurs enjeux et leurs besoins financiers. Il s’implique également beaucoup dans sa communauté. Il siège sur les conseils d’administration du Cégep de Drummondville et de la Jeune Chambre de Drummond.

Thomas Gaudet

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