La douleur de payer

Offert par Les affaires plus


Édition de Avril 2014

La douleur de payer

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Édition de Avril 2014

La méthode de paiement utilisée et le moment choisi pour acquitter la facture changent tout dans le plaisir de consommer et dans la vitesse à laquelle on s'endette.

Tous les jours, ma boîte de courriel regorge d'offres plus alléchantes les unes que les autres. Il s'agit parfois d'un week-end dans une auberge, d'un souper dans un restaurant sympathique, d'un massage, et j'en passe.

Les sites d'achats en ligne nous courtisent à toute heure de la journée. En 2014, nul besoin d'être un consommateur compulsif pour dépenser de façon déraisonnable. Il suffit de quelques clics.

Que penser de la boutique virtuelle iTunes ? On enregistre au premier achat les informations de sa carte de crédit et on peut dès lors télécharger ces chansons et ces films qui suscitent notre envie.

À la fin du mois, on retrouve ses esprits. Le budget devient soudainement plus serré. On reporte à plus tard le surplus destiné à l'épargne-retraite, au REEE des enfants. L'ivresse laisse la place au regret.

Si nous comprenions mieux la «douleur de payer», nos comportements de consommation changeraient. Selon Dan Ariely, chercheur à l'Université Duke, ce sentiment est intimement lié à la méthode de paiement utilisée et au moment où nous réglons nos achats.

Imaginez-vous dans un bon restaurant. Vous consultez le menu et la carte des vins, et vous décidez de vous payer la traite. En recevant la facture, vous pouvez payer comptant ou par carte de crédit. Quel mode de paiement réduira le plus votre plaisir ? Pour la majorité, ce sera la première option.

Le moment où l'argent sort de nos poches a une importance, explique le chercheur. Si on dépense ses sous pendant qu'on consomme un bien ou un service, on éprouvera une moins grande satisfaction. Et ce désagrément sera d'autant plus vif qu'il s'agit de choses superflues. C'est ce que Dan Ariely appelle la taxe morale de nos achats.

Cette «douleur de payer» sera ressentie dans diverses circonstances. Si par exemple vous planifiez un voyage dans un tout inclus durant l'hiver, votre séjour sera plus agréable si vous payez quelques mois à l'avance plutôt que le jour de votre retour.

Sachant cela, nous pouvons freiner nos dépenses superflues en les contrôlant. Comment ? En payant le moins possible au moyen d'une carte de crédit, puisque celle-ci dissocie la consommation de sa conséquence directe : notre sentiment de culpabilité et notre appauvrissement.

Au casino, les jetons nous donnent l'impression que tout n'est qu'un jeu. On les a pourtant achetés. De même, nous sommes beaucoup plus prompts à nous plaindre d'une hausse du prix de l'essence à la pompe, alors que nous sommes relativement indifférents à notre consommation d'électricité, puisque le compteur se trouve à l'extérieur et que la facture nous parvient plusieurs semaines plus tard.

Remarquez que cette logique s'applique aussi à la personne qui voudrait tirer le maximum de satisfaction d'un bien ou d'un service qu'elle s'offre rarement. Ainsi, des vacances prépayées dans un tout inclus peuvent avoir leur raison d'être, rappelle Dan Ariely.

Soyons conscients de nos dépenses extravagantes, agissons, et surtout, cessons de nous culpabiliser.

LE CADEAU IDÉAL

Vous souhaitez offrir un cadeau à un ami ou à l'être cher ? Suivez le principe de la «douleur de payer» et donnez-lui quelque chose qu'il hésiterait à s'acheter en raison de son prix élevé. Vous lui épargnez alors le désagrément de se l'offrir, et ce plaisir coupable lui donnera entière satisfaction !

N'oublions pas non plus nos adolescents. Les cartes-cadeaux sont une solution de rechange à l'argent comptant quand on désire les gâter. Les parents peuvent ainsi contrôler leurs dépenses et leurs sorties, tout en leur accordant plus de liberté. On peut donner une carte d'épicerie à son enfant qui s'installe en appartement, par exemple. Sachant ce qu'il en coûte pour aller voir un film sur un grand écran, les billets prépayés qui comprennent le maïs soufflé et la boisson sont également populaires.