Pas de vote pour la culture

Publié le 03/05/2012 à 11:30, mis à jour le 03/05/2012 à 12:09

Pas de vote pour la culture

Publié le 03/05/2012 à 11:30, mis à jour le 03/05/2012 à 12:09

BLOGUE. La culture a été la grande absente de la campagne présidentielle française. J’ai décidé d’aborder le sujet ici, car, lorsque nous parlons de la culture et de son financement, notre regard se tourne souvent vers la France. Eh bien, pas un mot sur la culture durant le débat qui a réuni les deux candidats hier, quelques annonces peu relayées durant des rassemblements, c’est tout. J’ai fouillé dans le programme des candidats. Fouiller c’est le bon mot, car il faut chercher longtemps pour trouver quelques éléments sur la culture. Voici le volet culture du programme officiel de chaque candidat :

Nicolas Sarkozy

• Sanctuariser le budget consacré à l'entretien des monuments historiques. Le régime fiscal des travaux sur ces monuments et dans les secteurs sauvegardés sera maintenu;

• Encourager le mécénat des PME;

• Promouvoir une taxe à taux réduit sur les biens culturels, physiques et en ligne;

• Encourager le développement de l'offre légale de contenus culturels qui rémunèrera équitablement l'ensemble des acteurs de la création, et s'étendra également à l'ensemble du patrimoine immatériel de l'État;

• Création d'une Agence culture France;

François Hollande

• "Plan national" d'éducation artistique;

• "Loi d'orientation" avec des objectifs, un financement, des partenaires pour le spectacle vivant;

• Taxe à 5,5 % pour le livre et la billetterie;

• Responsables des chaînes publiques de télévision et de radio désignés par une autorité indépendante et non plus par le chef de l'Etat;

• Ratification de la charte européenne des langues régionales ou minoritaires;

 

Et tout cela, on le finance comment ? Les candidats ne le disent pas. Mais dans un sondage de la firme BVA en février dernier, les Français ont montré qu’en ce qui concerne le financement des politiques culturelles, leur point de vue a évolué. Ils sont de plus en plus en faveur du financement privé (29 % des réponses au lieu de 18 % en 2007). Ils pensent à 18% que l’État doit soutenir la culture (25% en 2007). Ils ne sont plus que 11% à penser que les régions et villes doivent soutenir la culture (31% en 2007). En temps de crise économique, la culture semble être considérée comme un luxe que le gouvernement n’est plus en mesure de se payer.

Le Carrefour du mécénat d’entreprise (Admical) publie les résultats de son baromètre biennal du mécénat d’entreprise. Malgré la crise, le mécénat augmente : un tiers des entreprises françaises sont mécènes (40 000 entreprises contre 35 000 en 2010). Cette hausse vient principalement des PME : 32 % des entreprises de moins de 100 salariés sont mécènes contre 27 % des moyennes et grandes entreprises. Le mécénat culturel n’avait pas la cote en 2010. Depuis, il augmente même si les causes sociales remportent la faveur des entreprises.

Il est vraiment intéressant de voir que ce pays de tradition étatique intègre de plus en plus le financement privé dans ses projets culturels et que les entreprises répondent positivement.

Pour le reste, comme les Français, ici au Québec nous sommes nous aussi confrontés à la question du droit d’auteur, à la rémunération des créateurs à l’ère de l’internet et des supports virtuels. Repenser la taxation des produits culturels, protéger véritablement notre patrimoine matériel et immatériel, envisager à nouveau le prix unique du livre, soutenir l’éducation et la pratique artistique… tout cela pourrait se retrouver dans le programme d’un de nos partis pour les prochaines élections au Québec. En ce qui me concerne, je vote pour !

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Sébastien Barangé, Directeur des communications et affaires publiques de CGI. (Twitter @SBarange)

 

Sébastien Barangé est activement engagé auprès de plusieurs organismes à but non lucratif:

membre du comité exécutif d'artsScène Montréal (Business for the arts)

président du conseil d'administration d'Art Souterrain

membre du conseil d'administration de la Fondation Michaëlle Jean

membre du conseil d'administration de la Fondation Tolérance

 

Ancien journaliste à Radio-Canada et collaborateur du Devoir, diplômé en communication de l’Institut d’Études Politiques (Aix-en-Provence, France) et en gestion des arts de HEC Montréal, Sébastien Barangé est curieux de tout ce qui est créatif et invite à penser différemment. Ce blogue est un espace de dialogue autour des liens entre les arts et le monde des affaires.

 

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