Jeune et mécène

Publié le 05/10/2012 à 11:51, mis à jour le 05/10/2012 à 12:00

Jeune et mécène

Publié le 05/10/2012 à 11:51, mis à jour le 05/10/2012 à 12:00

BLOGUE. Quand vous entendez les mots « mécène » ou « philanthrope»,  j’imagine que vous pensez tout de suite à un monsieur âgé, parfois une dame âgée, probablement millionnaire et qui signe chaque année des dizaines de chèques pour les bonnes œuvres, les fondations et les musées. Je peux vous dire que les  300 personnes réunies mardi soir au Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) n’avaient rien d’un club de l’âge d’or. DJ, vin mousseux, bouchées très sixties, tout cela dans l’esprit de l’expo Tom Wesselmann et visant à célébrer la naissance du Cercle des jeunes philanthropes du Musée. Des jeunes gens branchés et aisés, jeunes avocats, comptables, entrepreneurs… Le Musée vise les jeunes professionnels de 25 à 45 ans et souhaite favoriser l’émergence d’une nouvelle génération de philanthropes.

À la tête de ce groupe : Marc-Antoine Saumier, directeur de la commercialisation des fournitures chez Xerox Canada, souhaite organiser plusieurs de ces soirées festives autour des expos du MBAM, des D-Vernissages, etc. Ils proposeront aussi des causeries à propos du marché de l’art et bien entendu des activités de financement pour le Musée.

Les institutions culturelles montréalaises peuvent presque toutes compter maintenant sur un comité de jeunes mécènes : le Musée d’art contemporain, la Place des arts, le Musée McCord, l’Opéra, l’OSM, BJM. Phénomène de mode ou véritable engagement d’une nouvelle génération de mécènes, la question se pose car tous ces groupes fonctionnent sur un modèle semblable : jeunes gens branchés, soirée éclatée et créative, espace de réseautage, tout cela au profit d’un organisme culturel. Si tous ces groupes proposent la même formule à un nombre forcément restreint de jeunes mécènes, le concept risque de s’essouffler et la mode pourrait se porter vers un autre type de sortie et de divertissement.

Il faut aller au-delà de l’entertainment et de la collecte de fonds, sans négliger cet aspect important pour le financement des institutions. C’est là que les mécènes d’expérience ont un rôle à jouer en devenant les mentors de cette nouvelle génération qui souhaite soutenir la culture. Dites-nous ce qui a fonctionné dans vos démarches philanthropiques passées, dites-nous comment organiser de grandes campagnes de financement! Il faut aussi que la jeune génération de mécènes regarde ailleurs, voit ce qui se fait à Toronto, à New York, en Grande-Bretagne, en Australie… Nous avons tout à apprendre car le Québec a un réel retard et une certaine frilosité en matière de mécénat.

Enfin, il faudrait aussi corriger cette image du mécène millionnaire. Un jeune professionnel peut tout simplement faire un don à la mesure de ses moyens, soutenir un peintre plutôt que de s’acheter le dernier modèle de voiture de luxe. Il peut aussi offrir son expertise professionnelle, se joindre à un conseil d’administration. Le conseil, le bénévolat, c’est un don précieux pour les organismes culturels.

À l’initiative d’artsScène Montréal, que j’ai le plaisir de présider, nous allons réunir les comités jeunes des organismes culturels et donc discuter de tous ces enjeux. J’espère voir émerger des idées nouvelles pour soutenir la culture, voir aussi ces jeunes groupes se structurer pour ne pas être en concurrence et aider au mieux le milieu artistique. Il y a un mouvement en marche et c’est très motivant.

Et tiens : profitez donc du lock-out au hockey pour amener vos clients vers le monde de la culture! Dépensez l’argent prévu pour le match du Canadien pour une œuvre, une sortie culturelle! C’est une idée comme ça…

Sébastien Barangé, Directeur des communications et affaires publiques de CGI. (Twitter @SBarange)

 

Sébastien Barangé est activement engagé auprès de plusieurs organismes à but non lucratif:

président du comité exécutif d'artsScène Montréal (Business for the arts)

président du conseil d'administration d'Art Souterrain

membre du conseil d'administration de la Fondation Michaëlle Jean

membre du conseil d'administration de la Fondation Tolérance

 

Ancien journaliste à Radio-Canada et collaborateur du Devoir, diplômé en communication de l’Institut d’Études Politiques (Aix-en-Provence, France) et en gestion des arts de HEC Montréal, Sébastien Barangé est curieux de tout ce qui est créatif et invite à penser différemment. Ce blogue est un espace de dialogue autour des liens entre les arts et le monde des affaires.

 

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