Viser les marchés étrangers, au-delà de Donald Trump


Édition du 21 Avril 2018

Viser les marchés étrangers, au-delà de Donald Trump


Édition du 21 Avril 2018

Un exemple concret de cet accès facilité à l’Union européenne? ­Dès la signature de l’accord, la surtaxe sur les crevettes pêchées dans le ­golfe du ­Saint-Laurent est passée de 12 % à 0. [Photo: Pixabay]

L'entreprise Boulet, à Saint-Tite, est bien connue par les amateurs de bottes de cow-boy dont elle est le plus important fabricant du Canada. Une qualité irréprochable.

Elle produit également, ce qui est moins connu, des bottes utilitaires pour les forces de l'ordre. Et du fait de la nouvelle entente de libre-échange avec l'Europe, il lui est maintenant possible de faire des soumissions pour équiper les gendarmes français, les carabinieri italiens et autres du genre.

C'est un des exemples qu'aime présenter le ministre fédéral du Commerce international, François-Philippe Champagne, quand il parle du potentiel de l'AECG, l'Accord économique et global avec l'Europe. En passant, il est aussi député de Saint-Maurice-Champlain, qui englobe Saint-Tite. Alors, il connaît.

« Nous avons maintenant accès à un marché public de 3,3 milliards de dollars », dit-il, tout en rappelant l'importance de diversifier la gamme des partenaires commerciaux du pays. Tant mieux si les Américains baissent le ton dans la renégociation de l'ALÉNA. Commercer librement avec l'Europe, et bientôt l'Asie (à l'exception de la Chine), offre enfin cette autre option dont on parle depuis Pierre-Elliot Trudeau.

J'ai pu joindre le ministre par téléphone à Winnipeg, où il était allé constater la vigueur de l'industrie canadienne de la machinerie agricole, avant de revenir vers Montréal, puis à Shawinigan, qui est en pleine renaissance, pour ensuite se diriger vers Paris pour une autre mission.

Il est toujours dans ses valises. Mais c'est le mandat qu'il a accepté du premier ministre Trudeau lors du remaniement ministériel de janvier 2017, lui qui se présente maintenant comme le chef de la mise en marché du Canada à l'étranger (le « marketer-en-chef », dit-il).

Pourquoi ? Parce que la population canadienne ne représente que 0,5 % de celle de la planète, alors que ses entreprises sont toujours plus ambitieuses, et le sort des collectivités où elles sont situées en dépend.

De là l'importance de l'ouverture de ces nouveaux marchés, vers l'Europe d'un côté, de l'Asie de l'autre.

Un exemple concret de cet accès facilité à l'Union européenne ? Dès la signature de l'accord, la surtaxe sur les crevettes pêchées dans le golfe du Saint-Laurent est passée de 12 % à 0. Évidemment, encore faut-il des crevettes. On a appris que les quotas seront réduits, mais au moins, le marché est ouvert.

Pareil, ou presque, pour le homard. S'il est surgelé, la surtaxe passera de 25 % à 0 sur quelques années. Sachant ce qu'il coûte en Europe... « Le Canada devient le pont commercial entre l'Atlantique et le Pacifique », affirme le ministre Champagne, en signalant que ces accords de libre-échange vont aussi stimuler l'investissement international ici.

Des méga-entreprises étrangères sont en prospection. Il cite en exemple la société coréenne Netmarble Games qui produit des jeux vidéo. Pas très connue ici, son chiffre d'affaires est supérieur à celui d'une autre multinationale coréenne plus visible, LG Electronics. On est dans l'ordre des milliards de dollars.

Comme il le précise, ses jeux produits en Corée vont alimenter le marché coréen. Aux États-Unis, on servirait - peut-être - le marché nord-américain. Mais au Canada, ils pourraient voyager de l'Ouest vers l'Est, et bientôt vers le Sud parce que le Canada cherche activement à nouer des liens avec cet autre immense marché commun, celui de l'Amérique du Sud.

Stabilité. Prévisibilité. État de droit. Diversité. Société inclusive. Ce sont là les cinq piliers sur lesquels le Canada peut se faire valoir à l'échelle internationale, nous explique M. Champagne, qui précise que quoi qu'il arrive, nous serons toujours étroitement liés avec les États-Unis.

Avant d'ajouter : « La marque Canada n'a jamais été aussi forte. » En effet, les astres sont bien alignés. Mais encore faut-il dès à présent en profiter !

Il a bien mérité, Jacques Ménard

Il y a banquier et banquier. Jacques L. Ménard est, ou était un banquier pas comme les autres.

On demande souvent aux gens d'affaires de s'engager. Beaucoup sont frileux. Lui, régulièrement, a répondu « présent ».

Le 16 avril, il a officiellement déposé les armes comme président du Groupe financier BMO, Québec. Son successeur, Claude Gagnon, n'est pas un poids plume ; il travaille au sein de l'institution depuis 40 ans. En ce qui la concerne directement, la BMO, ici, est probablement entre bonnes mains.

Mais Jacques Ménard a si souvent plongé dans la mêlée... les Expos, qu'il a tant bien que mal cherché à sauver, la vente du Canadien de Montréal, revenu entre les mains d'une authentique famille montréalaise, les Molson, le lancement de cette initiative pour revitaliser Montréal Je vois Montréal, devenu par la suite Je fais Montréal.

Je me rappellerai cependant toujours de son engagement pour la toute première édition québécoise du programme « Parlons argent avec nos enfants », de la Fondation canadienne d'éducation économique, un organisme pancanadien, non partisan et sans but lucratif (dont je suis un membre du conseil d'administration bénévole).

Nous l'avions approché prudemment, connaissant son intérêt pour la question ; il avait coprésidé le Groupe de travail sur la littératie financière, lancé en 2010 par Ottawa.

Il avait rapidement accepté notre invitation, sans faire plus de façons.

Et sachant que nous nous adressions beaucoup aux jeunes des écoles secondaires, il avait ajouté cette remarque, en évoquant toutes les sollicitations commerciales qui leur sont déjà adressées : « Il est important de les aider à faire la différence entre les caprices et les besoins réels, pour les aider à devenir des consommateurs responsables. »

Pour cette observation, et pour tout le reste, merci, monsieur Ménard.

À la une

Bourse: Wall Street craint une escalade au Moyen-Orient

Mis à jour le 15/04/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. Toronto a perdu près de 160 points, plombé par la faiblesse des actions du secteur de l’énergie.

À surveiller: Quincaillerie Richelieu, Cogeco Communications et Constellation Brands

15/04/2024 | Jean Gagnon

Que faire avec les titres de Richelieu, Cogeco et Constellation Brands ? Voici quelques recommandations d'analystes.

Bourse: les gagnants et les perdants du 15 avril

Mis à jour le 15/04/2024 | LesAffaires.com et La Presse Canadienne

Voici les titres d'entreprises qui ont le plus marqué l'indice S&P/TSX aujourd'hui.