Le grand enjeu du XXIe siècle au Québec, vu de Mont-Laurier


Édition du 02 Juin 2018

Le grand enjeu du XXIe siècle au Québec, vu de Mont-Laurier


Édition du 02 Juin 2018

Miels d’Anicet est le plus important centre d’élevage de reines abeilles du ­Canada. [Photo: Facebook / Miel d'Anicet]

Le Québec au grand complet cherche du renfort. Un taux de chômage historiquement bas conjugué à une démographie vacillante pose de solides défis à toute entreprise en mal de ressources.

Québec vient d'ailleurs de présenter sa Stratégie nationale de la main-d'oeuvre, qui veut essentiellement améliorer l'employabilité des jeunes et des immigrants ; le PQ, lui, suggère que ces immigrants soient davantage dirigés vers les régions qui en ont désespérément besoin, ce qui aiderait au passage à leur francisation.

Mais ce ne sont pas que les régions réputées dynamiques affichant un faible taux de chômage qui demandent de l'aide.

Prenez la MRC d'Antoine-Labelle, dans les Hautes-Laurentides. Elle englobe un large territoire au nord de Mont-Tremblant. Contrairement à la partie sud de la région administrative des Laurentides, le taux de chômage y est supérieur à la moyenne québécoise, près de 10 %, comparativement à 5,4 %. Le déclin de l'industrie forestière n'a pas aidé.

Pourtant, on cherche constamment du renfort dans ce centre régional qu'est Mont-Laurier. Voilà une municipalité attrayante avec tous les services... et en panne de travailleurs pour assurer son présent et son avenir.

Voici quelques exemples, dans les secteurs les plus diversifiés, qui illustrent les difficultés causées par ce manque de ressources.

Miels d'Anicet

Il s'agit ici du plus important centre d'élevage de reines abeilles du Canada. La demande est particulièrement forte cette année, alors que l'hiver a été désastreux pour les apiculteurs, déjà éprouvés par quelques années de mortalité importante dans leurs ruches. De plus, on y produit aussi des « bébés ruches », pour remplacer celles qui ont été décimées.

L'entreprise est située à Ferme-Neuve, à une vingtaine de kilomètres de Mont-Laurier. Elle existe depuis 18 ans et emploie, ou devrait employer, 35 personnes... « Nous fonctionnons actuellement à plein rendement, mais il nous faudrait plus de monde, notamment des apiculteurs, et c'est quand même un métier spécialisé », dit Anne-Virginie Schmidt, copropriétaire de Miels d'Anicet. Il n'y a que le collège d'Alma qui offre cette formation professionnelle, et encore, pas de façon régulière, précise-t-elle.

Au moins, pour les ruches, elle peut maintenant compter sur l'apport de deux travailleurs mexicains venus en renfort.

Par ailleurs, l'entreprise est aussi active en agrotourisme et en tourisme « gourmand » grâce à la vente de ses produits. Mais il faut des cuisiniers, et il lui en manque actuellement deux... Même situation pour les visites guidées de la ferme, normalement prises en charge par des étudiants de cégeps et d'universités, doués pour l'apprentissage et la communication, mais pas faciles à trouver...

« Nous allons même en recruter à Montréal et les héberger sur place, dit-elle. Le tourisme est un important moteur de développement économique pour une région comme la nôtre, pour autant qu'on ne soit pas pris avec ce manque d'effectif qui nous touche actuellement. »

Groupe KTG

Le secteur agroalimentaire des environs de Mont-Laurier doit composer avec une pénurie de main-d'oeuvre, mais c'est aussi le cas pour le milieu industriel.

Le Groupe KTG effectue du placement de travailleurs spécialisés, comme des mécaniciens ou des soudeurs, pour des projets donnés. Il intervient lui-même dans les usines, notamment pour l'optimisation de la production ou les travaux d'entretien préventifs. Il en emploie aussi une soixantaine de personnes dans son atelier d'usinage à Mont-Laurier.

Sa clientèle se répartit au Québec, en Ontario et aux États-Unis. Pour bien remplir toutes ses fonctions, il lui faudrait compter sur une centaine de travailleurs. Mais il lui en manque au moins 40...

« Des contremaîtres, des soudeurs, du personnel d'usine... nous en cherchons toujours, mais nous n'en trouvons que très peu », se désole Laurence Tardif, directrice, Ressources humaines et santé-sécurité chez KTG. « À tel point que nous avons ouvert notre propre salle de formation pour requalifier des gens intéressés », ajoute-t-elle.

Le renfort arrivera en partie de l'extérieur. En juin, avec la collaboration d'agences de recrutement, des soudeurs tunisiens seront reçus sur place, avec l'espoir qu'il s'en trouvera bien quelques-uns avec les habiletés recherchées, ce qui allégerait un peu la pression. Pour l'instant, KTG est forcé, comme tant de PME, de prendre la décision toujours douloureuse de refuser des mandats.

La Turquoise

Le cabinet d'assurances La Turquoise, établi à Saint-Eustache, possède 11 succursales au Québec, dont une à Mont Laurier. Elle y emploie 17 personnes et en recherche activement au moins trois autres. La concurrence pour le personnel compétent et accrédité est vive dans l'industrie des services financiers. « Et on doit aussi vivre avec les départs à la retraite », explique Yanick Thibault, directeur du développement des affaires en assurances des entreprises chez La Turquoise. Qui plus est, on ne s'improvise pas courtier en assurances : la profession est régie par l'AMF, qui exige des examens et un stage avant la pratique.

« Au besoin, nous engageons des gens prometteurs sans permis, et nous les formons tout en les rémunérant et en assumant les frais de l'examen requis par l'AMF. Si nous ne le faisons pas, des succursales comme la nôtre, en région, n'existeront plus dans dix ans », dit-il.

Ajoutez tous les besoins des institutions, des commerces, des organismes communautaires... Oui, la pénurie de travailleurs est bien réelle au Québec. Les employeurs de Mont-Laurier, pour ne parler que de ceux-ci, peuvent en témoigner.

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