Bourse: une patience à deux vitesses

Publié le 13/09/2019 à 15:15

Bourse: une patience à deux vitesses

Publié le 13/09/2019 à 15:15

Une voiture de course commanditée par Copart.

(Photo: Getty)

BLOGUE INVITÉ. C’est en étudiant les plus récents résultats trimestriels de la société Copart («CPRT»), un titre que nous détenons dans nos portefeuilles «croissance», que l’idée m’est venue. On ne cesse de répéter que la patience est une vertu essentielle pour l’investisseur «valeur». C’est tout à fait vrai. J’ajouterais toutefois qu’il faut être patient avec ses titres gagnants et moins patient avec les titres de sociétés qui ne livrent pas la marchandise.

Revenons à Copart, qui procède entre autres à la vente aux enchères en ligne de véhicules usagés ou accidentés. Nous avons recommandé et acheté le titre en octobre 2013 dans la Lettre financière COTE 100 alors qu’il valait un peu plus de 16,50$ (en tenant compte d’un fractionnement 2-pour-1 qui a eu lieu en avril 2017). Six ans plus tard, le titre vaut près de 82$, pour un rendement total de 397%, ou de 30,6% sur une base annuelle composée.

Au moment où nous avons acquis le titre, il s’échangeait à un ratio cours-bénéfices prévus de près de 21,0, ce qui ne semblait pas l’aubaine du siècle. Or, depuis ce temps, les bénéfices par action sont passés de 0,70$ en 2012 (l’exercice de la société prend fin le 31 juillet) à 2,23$ en 2019, une augmentation de 219%. C’est d’ailleurs cette forte croissance qui explique que le ratio d’évaluation du titre soit passé de 21,0 à 32,0 fois les bénéfices de 2,55$ l’action que nous prévoyons en 2020.

Depuis 2013, nous avons eu de nombreuses occasions de vendre le titre parce qu’il se négociait à des ratios d’évaluation que nous jugions quelque peu élevés. Aujourd’hui même, le titre nous semble encore une fois particulièrement cher, à 31 fois les bénéfices prévus.

Nous avons toutefois résisté à la tentation de vendre nos actions. Pourquoi? Parce que nous jugeons que Copart est une société de grande qualité et que ses perspectives de croissance à long terme restent attrayantes. J’avais d’ailleurs écrit un blogue sur la société en mars dernier: «Qu’entend-on par 'société de qualité'?».

Quand on réussit à mettre la main sur une entreprise de grande qualité, il faut à mon avis résister à l’envie récurrente de la vendre pour encaisser des profits ou parce que son titre paraît momentanément trop cher. Avec une telle entreprise, il faut faire preuve d’une grande patience et conserver ses actions très longtemps. Au moins tant que l’entreprise continue de progresser et que son modèle d’affaires demeure pertinent. À moins que l’évaluation ne devienne complètement déraisonnable, nous conserverons nos actions de Copart.

L'évolution du titre de Copart depuis 10 ans. (Graphique: Reuters)

En revanche, j’estime qu’on a tous tendance à être trop patients avec certains de nos titres perdants, ces titres dont on réalise avec le temps que la qualité est plutôt douteuse. Il n’est jamais facile d’admettre qu’une décision d’investissement passée s’avère avoir été une erreur. Mais à partir du moment où nous arrivons à cette conclusion, notre patience devrait être beaucoup moins grande.

Les années m’ont appris qu’il n’est pas vrai qu’il faille toujours être patient. Il faut être très patient et très tolérant avec ses titres de grande qualité alors qu’il faut être beaucoup moins patient et plus intolérant envers ses titres perdants et savoir reconnaître ses erreurs d’investissement passées.

Un bon investisseur doit ainsi faire preuve d’une patience à deux vitesses!

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

Président exécutif du conseil et chef des placements, COTE 100

 

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