Une chute de 50% des marchés, une issue improbable


Édition du 09 Mars 2022

Une chute de 50% des marchés, une issue improbable


Édition du 09 Mars 2022

Selon les données de la firme Standard & Poors, l’indice S&P 500 se négocie présentement à 20,1 fois les bénéfices prévus en 2022 pour les 505 sociétés qui le composent. (Photo: Getty Images)

Tout récemment, un investisseur me demandait si, tel que l’a suggéré le cofondateur de Grantham, Mayo & van Otterloo (GMO), Jeremy Grantham, les marchés boursiers sont présentement dans une «superbulle» qui pourrait voir l’indice S&P 500 chuter de 50 %. Ma réponse est que les marchés boursiers sont toujours susceptibles de subir une correction. Quant aux chutes de 50 % ou plus, elles ne sont pas inédites. Voici un tableau qui présente la fréquence des corrections (10 % de baisse par rapport à un sommet récent), des marchés baissiers (20 % de baisse) et des chutes de 50 %. Vous noterez que les marchés ont connu trois baisses de 50 % ou plus au cours de la période, ce qui veut dire qu’ils se sont produits en moyenne aux 31,3 ans.

Les marchés boursiers sont-ils présentement surévalués et pourraient-ils chuter de 50 % cette année ou d’ici quelques années ? C’est toujours possible, mais improbable, selon moi. Je crois d’ailleurs qu’un investisseur boursier à long terme devrait toujours être prêt psychologiquement à une telle éventualité.

Cela dit, habituellement, les fortes corrections surviennent après des périodes d’excès outranciers. Pour ma part, le meilleur exemple est la bulle techno de la fin des années 1990, qui avait emporté les sociétés technologiques et plus spécialement celles qui agissaient de près ou de loin dans l’Internet, les menant à des évaluations que je jugeais farfelues. On connaît la suite:l’indice technologique Nasdaq a perdu plus de 80 % de sa valeur après son sommet atteint en 2000.

Or, mon opinion est que les marchés boursiers dans leur ensemble ne sont pas nécessairement surévalués, même s’il y a des segments du marché boursier qui le sont.

Je me fie aux données présentées par la firme Standard & Poors, qui produit l’indice S&P 500. L’indice se négocie présentement à 20,1 fois les bénéfices prévus en 2022 pour les 505 sociétés qui le composent. Un tel ratio est supérieur aux ratios cours/bénéfices historiques des marchés qui se situent à près de 15,0.

 

 

En revanche, il faut tenir compte des taux d’intérêt courants pour se faire une meilleure idée du niveau d’évaluation des titres (et de tout actif financier). Or, à un peu plus de 2,0 %, le taux offert présentement par une obligation du gouvernement américain 10 ans est sensiblement plus faible que la moyenne historique, et ce, en dépit de son fort rebond au cours des dernières semaines.

Qui plus est, en date du 31 décembre 2021, l’indice S&P 500 était dominé par sept mégaentreprises:Amazon (AMZN, 3 027,16 $US), Apple (AAPL, 162,74 $US), Microsoft (MSFT, 294,59 $US), Tesla (TSLA, 800,77 $US), la société mère de Facebook, Meta Platforms (FB, 207,60 $US), la société mère de Google, Alphabet (GOOGL, 2 653,82 $US) et Nvidia (NVDA, 237,48 $US), qui constituaient près de 27 % de l’indice. Or, ces titres s’échangent en moyenne à 42,6 fois leurs bénéfices prévus de 2022, ce qui signifie que le reste des titres (les 498 autres) s’échange à un ratio de moins de 20,1.

C’est principalement pour cette raison que je crois qu’une chute de 50 % est très improbable (même si elle est possible) au cours des prochains mois, comme le prévoit Jeremy Grantham. Je ne crois pas qu’un investisseur devrait passer beaucoup de temps à tenter de prévoir les mouvements boursiers à court terme. Il devrait le faire pour le long terme et y rester présent en tout temps et en toutes circonstances.

Il est selon moi préférable de se concentrer sur les titres que l’on détient dans son portefeuille et de s’assurer que chacun de ceux-ci ne devient pas trop cher.

Lorsque j’effectue cet exercice pour les titres de nos portefeuilles sous gestion, je constate qu’ils ne sont pas très chers et que la correction récente a même suscité plusieurs occasions d’investissement attrayantes.

À propos de ce blogue

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100+. Il est également l’auteur du livre Avantage Bourse et coauteur de La Bourse ou la Vie.

Philippe Leblanc
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