Rien de mieux que le tennis et la Bourse pour rester humble

Publié le 15/10/2021 à 10:03

Rien de mieux que le tennis et la Bourse pour rester humble

Publié le 15/10/2021 à 10:03

Un joueur de tennis

Les leçons que l'on tire du sport s'appliquent tout aussi bien à la Bourse. (Photo: 123RF)

BLOGUE INVITÉ. Je joue au tennis depuis ma plus tendre enfance. J’ai participé à de nombreuses compétitions dans ma jeunesse, jusqu'à l'université américaine où j'ai eu la chance de décrocher une bourse de tennis. Plus récemment, après une pause de quelques décennies, je me suis remis à la compétition en devenant membre du circuit des tournois de joueurs «senior». De fait, c’est plutôt bizarre, mais ce n’est que maintenant que je réalise à quel point j'aime et ai toujours aimé la compétition. Encore plus bizarre, je suis toujours aussi nerveux avant un match de tennis à 50 ans que je ne l’étais à 12 ans!

Au fil des tournois, des victoires et des (nombreuses) défaites, je me rends compte à quel point la compétition est formatrice, tant pour les jeunes que les moins jeunes! En particulier, rien ne vaut la compétition pour nous forcer à rester humbles. Si un jour on a la prétention d'être devenu un bon joueur de tennis, quelques tournois auront tôt fait de nous ramener sur terre. Qui plus est, la défaite reste la meilleure source d’apprentissage et de développement pour le joueur de tennis, pourvu qu’il sache en tirer des leçons.

Ces leçons que l'on tire du sport s'appliquent tout aussi bien à la Bourse. L'investisseur qui acquiert le dangereux sentiment d'être invincible sera rapidement ramené sur terre par les marchés boursiers.

En premier lieu, le vaste monde de la Bourse nous rappellera sans cesse qu’il est futile de tenter de prévoir les mouvements des marchés boursiers. À mon avis, il y a simplement trop de variables imprévisibles qui pourront influencer le cours des marchés boursiers pour espérer prévoir ses variations avec le moindrement de succès. Prenez l’inflation, une variable qui fait toutes les manchettes depuis quelques mois: croyez-vous vraiment qu’il soit possible de prévoir comment elle évoluera au cours des prochaines semaines ou des prochains mois?

Deuxièmement, le sentiment de confiance et de sécurité que nous apporte un long marché haussier sera tôt ou tard fracassé par une bonne correction boursière ou un marché baissier. Au cours des vingt dernières années, l’éclatement de la bulle techno en 2000, la crise financière de 2008-2009 et la pandémie de la COVID-19 ont refroidi bien des investisseurs devenus trop confiants. À mon avis, l’investisseur ne devrait pas non plus se laisser emporter par le fort rebond des marchés boursiers depuis plus d’un an.

Troisièmement, l’investisseur qui fait parfaitement ses devoirs – qui épluche les états financiers d’une entreprise, analyse son plan d’affaires, étudie son industrie, mesure les divers risques, prend le temps de bien évaluer sa valeur – ne pourra jamais avoir raison à tout coup. L’investissement dans un titre boursier comportera toujours des risques. Comme l’a dit Warren Buffett, «Si vous n’êtes pas en mesure de voir un de vos titres perdre 50% de sa valeur sans paniquer, vous ne devriez pas investir dans le marché boursier.» Dans le monde de l’investissement, il n’est pas nécessaire d’avoir raison à tout coup pour réussir; j’ai toujours aimé dire qu’il suffisait d’avoir raison plus souvent qu’on a tort.

Enfin, l’investisseur boursier qui s’aventure à l’extérieur de son champ de compétence risque d’être rapidement remis à sa place. Investir dans des sociétés en démarrage ou dans des situations de revirement, utiliser des stratégies d’options ou la marge, miser une portion substantielle de son portefeuille dans un seul titre... voilà autant de façons d’agir de l’investisseur trop confiant.

Même les plus grands champions des mondes du tennis et de la Bourse, Roger Federer et Warren Buffett, ont essuyé de nombreuses défaites pendant leurs longues carrières.

Mes passions pour le tennis et la Bourse m'ont appris qu'il faut les approcher sur une base probabiliste. Réussira celui qui aura raison plus souvent que tort. De plus, comme au tennis, il faut avoir l’humilité d’apprendre de ses échecs afin de ne pas les répéter (trop souvent).

L'investisseur et le joueur de tennis humbles se préparent de manière professionnelle avant chaque match ou avant chaque décision d'investissement. Il sait qu'il doit faire ses devoirs adéquatement s'il veut mettre toutes les chances de son côté. Il sait aussi que s'il prend un tant soit peu son adversaire à la légère, il prendra tôt ou tard une grosse gifle de modestie en plein visage.

 

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

Chef des placements chez COTE 100

À propos de ce blogue

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100+. Il est également l’auteur du livre Avantage Bourse et coauteur de La Bourse ou la Vie.

Philippe Leblanc
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