Metro, un «racheteur en série»

Publié le 20/02/2012 à 10:53, mis à jour le 12/04/2012 à 11:26

Metro, un «racheteur en série»

Publié le 20/02/2012 à 10:53, mis à jour le 12/04/2012 à 11:26

BLOGUE. La semaine dernière, j’ai parlé de Groupe CGI et du fait que la société n’a jamais versé de dividendes à ses actionnaires, mais a plutôt opté de racheter systématiquement ses propres actions. En sept ans, cette société a racheté pas moins de 41,4 % de ses actions, une stratégie qui s’est avérée très enrichissante pour ses actionnaires.

Or, CGI n’est pas la seule à avoir adopté une telle stratégie. De nombreuses autres entreprises le font depuis plusieurs années. C’est le cas de Metro, dont j’ai noté dans les rapports récents de transactions d’initiés qu’elle poursuivait ses rachats d’actions : elle en a racheté plus de 850 000 entre les 1er et 26 janvier à des prix variant entre 51,00 $ et 53,00 $. Au cours des cinq derniers exercices, Metro a investi 639,9 M$ pour racheter ses actions, ce qui a fait passer son nombre d’actions en circulation de 114,7 M à la fin de son exercice 2006 à 101,1 M à la fin de 2011, une diminution de 11,9%.

Contrairement à Groupe CGI cependant, Metro verse également des dividendes importants et croissants à ses actionnaires. Ainsi, les dividendes versés sont passés de 51,8 M$ ou 0,45 $ par action en 2006 à 77,1 M$ ou 0,75 $ par action en 2011 et augmenteront à nouveau en 2012 car le dividende actuel se chiffre maintenant à 0,86 $ par action. À son cours récent, le dividende du titre offre un rendement de 1,7 %.

La caractéristique fondamentale qui permet aux entreprises telles que Groupe CGI et Metro de racheter leurs actions année après année est leur capacité à dégager des fonds autogénérés libres importants. En anglais, on parle de « free cash flow » – ce sont simplement l’encaisse excédentaire qui reste à une entreprise après tous ses investissements en fonds de roulement et en immobilisations. Ils se calculent en soustrayant des fonds autogénérés par l’exploitation, la somme investie en immobilisations au cours d’un exercice. Par exemple, en 2011, Metro a dégagé des fonds autogénérés par l’exploitation de 543,2 M$ et a investi 148,1 M$ en immobilisations corporelles, ce qui se traduit par des fonds autogénérés libres de 395,1 M$ (543,2 M$ – 148,1 M$). Cette somme a permis à l’entreprise de compléter des acquisitions pour la somme de 74,5 M$, de verser des dividendes totalisant 77,1 M$ et de racheter pour 188,3 M$ de ses propres actions tout en diminuant légèrement son ratio d’endettement de 0,41 à 0,40 en cours d’année.

Or, l’année 2011 n’était pas du tout exceptionnelle pour Metro, tel qu’en fait foi le tableau suivant :

     Fonds autogénérés libres (M$)   Dividendes (M$)     Rachats d'actions (M$)

2011            395,1                              77,1                        188,3

2010            382,4                              69,2                        159,5

2009            285,0                              59,3                        142,5

2008            262,4                              55,3                        120,7

2007            133,6                              51,8                          28,9

2006            221,3                              47,5                            0,0

Total           1 679,8                              360,2                         639,9

Metro a donc dégagé des fonds autogénérés libres de plus de 1,6 milliard $ au cours des six derniers exercices, lesquels lui ont permis de verser des dividendes croissants totalisant plus de 360 M$ à ses actionnaires et de racheter pour près de 640 M$ de ses propres actions, tout en conservant une santé financière exemplaire.

Cette stratégie de verser une proportion importante de ses fonds autogénérés libres à ses actionnaires, soit en versant des dividendes ou en rachetant des actions, s’est avérée enrichissante pour les actionnaires de Metro. Ainsi, l’investisseur qui aurait acheté des actions de Metro à la fin de 2005 aurait payé près de 30,50 $ pour ses actions par rapport à plus de 52,00 $ aujourd’hui. Le rendement du titre au cours de cette période a été de 9,1 % sans compter les dividendes qui totalisent 3,29 $ par action.

À mon avis, avant d’investir simplement dans des titres qui offrent des rendements en dividendes élevés, les investisseurs devraient plutôt rechercher les entreprises comme Metro ou CGI qui, bon an mal an, dégagent des fonds autogénérés libres importants.

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

De nombreux portefeuilles sous la gestion de COTE 100 possèdent des actions de CGI et de Metro.

À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100.

À propos de ce blogue

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100+. Il est également l’auteur du livre Avantage Bourse et coauteur de La Bourse ou la Vie.

Philippe Leblanc
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