Bourse: le retour vers la moyenne

Publié le 01/10/2021 à 10:25

Bourse: le retour vers la moyenne

Publié le 01/10/2021 à 10:25

Un graphique boursier

Depuis son creux atteint en février 2009, l’indice phare américain, le S&P 500 Total, lequel tient compte des dividendes, a enregistré un rendement annuel composé de 18,58%. (Photo: 123RF)

BLOGUE INVITÉ. Quand les marchés s’apprécient depuis longtemps, de plus en plus de gens y sont inexorablement attirés. Or, les marchés boursiers ont définitivement enregistré une forte progression depuis la crise financière 2008-2009. Il y a bien eu quelques épisodes de corrections, notamment la forte baisse essuyée au printemps 2020 en raison de la pandémie de la COVID-19, mais la performance boursière des indices nord-américains a toutefois été extraordinaire.

À preuve, depuis son creux atteint en février 2009, l’indice phare américain, le S&P 500 Total, lequel tient compte des dividendes, a enregistré un rendement annuel composé de 18,58%! Il s’agit là d’un rendement très largement supérieur au taux de rendement annuel composé de près de 10,0% qu’il a enregistré au cours des quelque 100 dernières années.

Dans son livre La Bourse ou La Vie, mon père a écrit : «Les arbres ne montent pas jusqu’au ciel; la Bourse est faite du même bois». Pour moi, cette citation veut dire au moins deux choses :

 

  1. Il ne faut pas extrapoler la performance récente d’un indice ou d’une société, qu’elle soit positive ou négative;
  2. La plupart des phénomènes naturels reviendront tôt ou tard à leur moyenne à long terme.

 

Rappelez-vous qu’un rendement annuel composé de 18,58% signifie que l’on double la valeur de son capital en moins de quatre ans, en utilisant la règle de 72*. Rappelez-vous aussi que Warren Buffett, probablement le meilleur investisseur des temps modernes, a obtenu un rendement annuel exceptionnel de près de 20% au cours d’une période de plus de 50 ans. Croyez-vous vraiment que le S&P 500 puisse soutenir une progression annuelle composée de plus de 18% pendant encore plusieurs années?

De nombreux phénomènes naturels sont dictés par ce qu’on pourrait appeler «le retour vers la moyenne». En Bourse, vous l’observerez constamment: le titre qui a affiché la meilleure performance boursière l’an dernier pourra très bien connaître une piètre année l’an prochain et vice versa. Les marges bénéficiaires très élevées d’une entreprise attireront la concurrence, ce qui exercera une pression à la baisse sur ces mêmes marges. Le secteur qui fait l’objet d’un fort engouement de la part des investisseurs pendant un certain temps perdra forcément de son attrait avec le temps.

C’est pourquoi je crois qu’un investisseur devrait être prudent face aux rendements boursiers exceptionnels des dernières années. D’une part, il devrait en être reconnaissant et se féliciter d’y avoir allègrement participé. Mais d’autre part, il devrait se rappeler que les rendements des 12 dernières années ont été tout simplement exceptionnels et qu’ils ne pourront certainement pas se poursuivre indéfiniment.

Après plusieurs années de rendements exceptionnels et en présumant que les rendements boursiers futurs se rapprocheront de la moyenne historique à long terme de près de 10% par année, il faudra nécessairement que les rendements futurs soient moins élevés que 10% au cours des années à venir. C’est du moins ce que le phénomène du retour de la moyenne nous enseigne.

C’est pourquoi je crois qu’un investisseur devrait demeurer prudent face aux marchés boursiers, s’en tenir aux titres de sociétés de qualité à bon prix, bien diversifier son portefeuille et éviter l’utilisation de la marge ou des stratégies d’options. C’est aussi pourquoi il devrait établir des projections conservatrices de rendements pour les années à venir.

J’ajouterais que même si les rendements boursiers des prochaines années risquent d’être moins élevés que la moyenne historique, ils seront probablement largement supérieurs à ceux de la plupart des autres options de placement.

 

* La règle de 72 est une manière de calculer le nombre d'années qu'il faudra pour doubler vos épargnes. Il vous suffit de diviser le nombre 72 par le rendement en pourcentage que vous espérez obtenir. Le résultat vous indique le nombre approximatif d'années nécessaires pour que la valeur de votre argent double.

 

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

Chef des placements, COTE 100

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