Hydro-Québec: une privatisation partielle pourrait être bénéfique

Publié le 28/04/2014 à 14:10

Hydro-Québec: une privatisation partielle pourrait être bénéfique

Publié le 28/04/2014 à 14:10

BLOGUE. Compte tenu de l’état des finances du Québec, plusieurs se demandent s’il serait opportun de privatiser Hydro-Québec. Je lisais entre autres qu’une telle décision pourrait en quelque sorte «tuer la poule aux œufs d’or» pour le gouvernement.

Pour ma part, je crois qu’une privatisation partielle pourrait être bénéfique pour le gouvernement à long terme, en plus de lui permettre à court terme de monétiser une partie de son investissement.

En effet, j’estime qu’il est probable que la vente de 10% ou 20% d’Hydro-Québec et la venue de cette société en Bourse amélioreraient sa rentabilité. Je ne connais pas la rentabilité d’Hydro-Québec, mais il est généralement reconnu que les sociétés d’État sont moins efficaces que les entreprises privées. Les dirigeants de la société auraient soudainement des comptes à rendre à davantage d’actionnaires et ses actions seraient scrutées par tous.

L’exemple qui illustre le mieux ce processus est probablement celui du Canadien National. Après avoir été privatisée en 1995, cette société de la Couronne plutôt inefficace a tant et si bien changé qu’elle est aujourd’hui un fleuron de l’industrie nord-américaine.

De fait, après sa privatisation, le CN, qui était l’entreprise la moins efficace de l’industrie ferroviaire nord-américaine, est rapidement devenue une des plus performantes. À preuve, son ratio d’exploitation (dépenses d’exploitation par rapport aux revenus – plus il est bas, plus l’entreprise est efficace) est passé de 90% en 1995, le pire de l’industrie nord-américaine à l’époque, à 63,4% en 2013, le meilleur de l’industrie. Je ne veux pas insinuer qu’Hydro est mal gérée, mais l’expérience du CN permet de croire qu’il y aurait probablement place à une amélioration.

En vendant 10 % d’Hydro-Québec, le gouvernement ne tuerait pas la poule aux œufs d’or, mais il la rendrait probablement plus productive et il détiendrait toujours 90% d’une entreprise plus rentable. En outre, je crois qu’il vaut mieux détenir une partie d’une entreprise très rentable que 100% d’une entreprise marginalement rentable.

Enfin, une fois Hydro-Québec en Bourse, le gouvernement serait bien placé pour réduire sa participation davantage au moment opportun ou lorsque le prix lui paraîtrait attrayant.

Lorsqu’un gestionnaire est embauché pour redresser les finances d’une entreprise, il considère toutes les options qui s’offrent à lui, même celles qui étaient considérées comme inadmissibles par l’ancienne direction. En ce sens, le gouvernement devrait sérieusement réfléchir à la privatisation d’Hydro-Québec.

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100. COTE 100 détient des actions de Canadien National.

 

 

À propos de ce blogue

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100+. Il est également l’auteur du livre Avantage Bourse et coauteur de La Bourse ou la Vie.

Philippe Leblanc
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