Évaluer la correction objectivement

Publié le 28/02/2020 à 15:09

Évaluer la correction objectivement

Publié le 28/02/2020 à 15:09

Un graphique en baisse

(Photo: 123RF)

BLOGUE INVITÉ. Dans les périodes difficiles, il n’y a rien de mieux selon moi que de faire le point sur l’état des choses, et ce, d’une manière aussi la plus objective et rationnelle que possible.

Cette façon de faire ne mène pas nécessairement à la bonne décision à tout coup, mais elle a l’avantage de réduire sensiblement la part des émotions dans le processus.

Étant donné le contexte de correction dans lequel nous vivons ces jours-ci, je me suis justement permis de procéder à un tel exercice au sujet de la Bourse et des investissements boursiers que nous détenons dans le but de dresser une liste des facteurs positifs et négatifs et de faire le point. En voici un résumé :

Facteurs positifs

- L’économie sous-jacente va bien. C’est le plein emploi en Amérique du Nord.

- Les taux d’intérêt sont très bas et favorisent la croissance économique. Ils favorisent également les actions de titres boursiers aux dépens des obligations.

- Les sociétés vont généralement bien.

- Les gouvernements ne veulent pas laisser la situation dégénérer. On peut s’attendre à des mesures draconiennes de leur part pour contenir la contagion du coronavirus. On peut aussi s’attendre à ce qu’ils interviennent pour soutenir l’économie, soit en réduisant à nouveau les taux d’intérêt ou en injectant des liquidités dans l’économie.

- Les évaluations boursières demeurent raisonnables. Je calcule que, avec la correction des derniers jours, le S&P 500 s’échange à environ 17,0 fois les bénéfices prévus de 2020. Il est vrai, toutefois, qu’on peut s’attendre à ce que la prévision des bénéfices baisse en raison de l’impact économique engendré par le coronavirus. Mais en présumant que les choses reviendront à la normale d’ici un an, le S&P 500 s’échange à 15,4 fois la prévision de bénéfices de 2021.

Facteurs négatifs

- Le coronavirus est une source de grande inquiétude et sa propagation pourrait devenir une pandémie.

- Les médias amplifient, à mon avis, la gravité du coronavirus. La peur du virus pourrait être plus dommageable économiquement que le virus même.

- L’impact sur l’économie pourrait être majeur alors que les gens arrêteront de voyager et dépenseront moins, et que des usines seront fermées.

- Avant la correction récente, la complaisance des investisseurs me paraissait assez élevée depuis plusieurs mois. Nombre d’entre eux investissaient sur marge ou prenaient des risques élevés. Plusieurs seront forcés de vendre afin de rembourser leur marge, amplifiant la baisse.

- Les gouvernements sont endettés et disposent de moins de munitions pour intervenir monétairement afin de stimuler l’économie.

- De nombreuses sociétés sont déjà fortement affectées par le coronavirus, notamment celles liées au secteur du voyage. Plusieurs ont déjà averti que leurs résultats seront inférieurs au prochain trimestre et possiblement plus longtemps encore.

J’oublie certainement d’autres facteurs, tant positifs que négatifs.

Dans l’ensemble, je crois que la situation est hautement imprévisible à court terme. Les conséquences économiques du coronavirus pourraient être majeures, mais probablement d’une durée limitée. À moyen terme, l’économie se relèvera de cette crise, les entreprises s’ajusteront et retrouveront la croissance. À long terme, les marchés boursiers continueront d’enrichir les investisseurs qui auront fait preuve de calme et de patience pendant cette période difficile.

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

 

À propos de ce blogue

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100+. Il est également l’auteur du livre Avantage Bourse et coauteur de La Bourse ou la Vie.

Philippe Leblanc
Sujets liés

Bourse

Blogues similaires

Bourse: la Banque Royale fait trembler le marché des actions privilégiées

19/04/2024 | Denis Lalonde

BALADO. La Banque Royale envoie un signal clair qu'elle pourrait racheter toutes ses actions privilégiées.

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.

Productivité: les entreprises doivent investir davantage

22/04/2024 | Pierre Cléroux

EXPERT. Depuis 2019, le Canada a enregistré le plus faible rythme de croissance de productivité parmi le G7.