COVID-19: Employeurs, devriez-vous fermer vos bureaux lundi?

Publié le 12/03/2020 à 12:00

COVID-19: Employeurs, devriez-vous fermer vos bureaux lundi?

Publié le 12/03/2020 à 12:00

Des bureaux vides, mais sains... (Photo: Drew Beamer/Unsplash)

BLOGUE. La pandémie de coronavirus Covid-19 se répand à toute allure en Amérique du Nord, à tel point que de plus en plus d’entreprises – soucieuses de la santé de leurs employés et de l’environnement dans lequel elles évoluent – décident de carrément fermer leurs bureaux. Le travail s’y fait désormais par télétravail. À 100%. Le temps que le nouveau virus passe et s’estompe, soit au minimum une quinzaine de jours.

C’est particulièrement le cas dans la Silicon Valley, aux Etats-Unis, comme l’indique le site Web Staying Home Club qui répertorie les firmes technologiques qui imposent désormais à leurs employés de travailler depuis chez eux. Parmi les quelque 200 listées hier figuraient des entreprises comme Airbnb, Cisco, Glassdoor, Indeed, Shopify, Twitch, Twitter et Zappos. À noter que le télétravail est actuellement «conseillé» ou «fortement conseillé» aux employés de : Adobe, Amazon, Apple, Autodesk, Buzzfeed, Capital One, Crunchbase, Dropbox, eBay, Expedia, Facebook, Google, Groupon, IBM, Intel, Intuit, LinkedIn, Lyft, Mozilla, Netflix, Pinterest, SAP, Salesforce, Slack, Spotify, Square, SurveyMonkey et Uber.

La question saute aux yeux : feriez-vous bien, à votre tour, de miser sur le télétravail? Voire de carrément fermer les portes de votre bureau – temporairement – dès lundi matin?

Tomás Pueyo est vice-président, croissance, de Course Hero, une plateforme de cours en ligne dont le siège social est établi à San Francisco. Après avoir noté que de plus en plus d’entreprises de la Silicon Valley avaient pris la décision de fermer leurs portes dans le but d’atténuer l’impact de la pandémie, il s’est demandé s’il s’agissait là d’une surréaction, ou pas.

Pour s’en faire une idée, il a concocté un modèle de calcul basé sur ce qui s’est produit dans la province chinoise du Hubei, l’épicentre de la pandémie mondiale du nouveau coronavirus. Celui-ci lui a permis de mettre au jour le fait qu’il suffisait de retarder d’une journée la décision de freiner le mouvement des gens – en particulier, d’arrêter le service de transports en commun et de fermer les entreprises – pour qu’on assiste à un bond de 40% des cas de personnes contaminées. Oui, si la province chinoise avait retardé d’une seule journée ses mesures drastiques pour enrayer la pandémie, elle aurait connu 40% plus de malades, soit quelque 20.000 personnes contaminées supplémentaires. Ni plus ni moins.

«Et encore, il ne s’agit là que de personnes contaminées, note M. Pueyo dans son analyse mise en ligne sur Medium. Cela aurait également fait 40% plus de morts, et aurait contribué à perturber davantage le système de santé chinois. Bref, cela aurait eu un effet boule de neige qui fait froid dans le dos, rien qu’à y penser.»

Et de souligner : «Chaque jour compte, dit-il. Le temps d’agir est maintenant».

Comment agir adéquatement? En créant une «distance sociale» autour de vous. C’est-à-dire en réduisant au maximum les «contacts physiques» que vous avez régulièrement avec autrui, dans le cadre professionnel : utiliser un transport en commun pour aller et revenir du travail, manger au restaurant sur l’heure du lunch, participer à une réunion de travail, aller à une conférence publique, etc.

Cela peut aller jusqu’à la décision, par l’employeur, d’imposer le télétravail. Et donc, de fermer les portes du bureau, pour une quinzaine de jours, voire un mois complet.

Est-ce là la décision qu’il vous faut prendre? Il se trouve que M. Pueyo a concocté un autre modèle de calcul à ce sujet, lequel peut vous permettre de le savoir. Voici d’ailleurs trois exemples concrets qui ressortent de ce modèle de calcul:

– Si votre entreprise compte 100 employés et se trouve dans l’État de Washington (l’un des plus grands foyers actuels de contamination aux Etats-Unis), il y a 25% de chances que l’un de vos employés soit contaminé. Ce qui signifie que vous devriez «immédiatement» imposer le télétravail à tous vos employés.

– Si votre entreprise compte 250 employés et se trouve à South Bay (les comtés de San Mateo et Santa Clara), il y a environ 2% de chances qu’un de vos employés soit contaminé. Un signe qu’il vous faudrait fortement envisager le télétravail généralisé.

– Si votre entreprise compte 250 employés et se trouve à Paris (intramuros), en France, il y avait hier 0,85% de chances qu’un de vos employés soit contaminé et il y a aujourd’hui-même 1,2% de telles chances, vu la rapidité de la progression de la contagion. Ce qui, là encore, est un signe qu’il est vivement conseillé de recourir sans tarder au télétravail généralisé.

Bien entendu, M. Pueyo souligne qu’il ne faut pas prendre au pied de la lettre le résultat que vous indiquera son modèle de calcul. Car chaque cas est particulier : «Si vous êtes à Paris et que les 250 employés de votre entreprise prennent tous le métro ou le RER pour venir au travail, il est clair que la décision la plus sage est d’immédiatement fermer vos locaux», indique-t-il, en guise d’exemple.

Et d’ajouter : «N’oubliez jamais que 26% des cas de contamination sont dus à des personnes contaminées qui ne présentaient aucun symptôme de maladie», dit-il.

PLUS : Allons-nous droit à une catastrophe économique?

Voilà. Chers employeurs, chers entrepreneurs, vous avez toute la journée de vendredi pour penser à tout ça. Voire la fin de semaine. À vous de voir si la sagesse va s’imposer à vous, et si vous allez faire une grande annonce à vos employés lundi matin…

*****

Découvrez mes précédents billets

Mon groupe LinkedIn

Ma page Facebook

Mon compte Twitter

Et mon dernier livre : 11 choses que Mark Zuckerberg fait autrement

À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

Blogues similaires

L’exclusion des cadres des casinos du droit à la syndicalisation serait constitutionnelle

L’Association des cadres de la Société des casinos du Québec a déposé une requête en accréditation syndicale en 2009.

Les salutations de Jacques Ménard... ainsi que les miennes

Édition du 30 Juin 2018 | René Vézina

CHRONIQUE. C'est vraiment la fin d'une époque chez BMO Groupe financier, Québec... et le début d'une nouvelle. ...