Comment diminuer les risques de dépression durant votre retraite?

Publié le 14/03/2016 à 06:36, mis à jour le 14/03/2016 à 10:38

Comment diminuer les risques de dépression durant votre retraite?

Publié le 14/03/2016 à 06:36, mis à jour le 14/03/2016 à 10:38

Non, la retraite n'est pas le long fleuve tranquille qu'on croit.... Photo: DR

La retraite. Quand on y pense, on se dit qu'on en profitera à fond: on aura enfin le temps de se préparer de bons petits plats accompagnés de vins délicieux, de passer des journées entières à rigoler avec nos chums ou nos petits-enfants, d'écrire le roman qu'on s'était juré d'écrire durant sa vie, de partir au soleil tous les trois mois, que sais-je encore? Et on croise les doits pour que la santé soit au rendez-vous.

Mais voilà, avez-vous pensé une seconde qu'une monstruosité pouvait vous attendre dans l'ombre et vous sauter dessus sans prévenir à l'instant-même où vous allez quitter à jamais votre travail? Je veux parler d'une véritable monstruosité : la dépression. Hum... Pas sûr que vous y ayez vraiment pensé.

C'est qu'un tel changement de routine, pour ne pas dire de vie, représente un véritable choc. Un choc qui peut aisément se traduire par un sentiment de déprime, lequel peut finir par prendre l'allure d'une dépression : fatigue, perte d'appétit, difficulté à se concentrer, etc. Et l'on sombre dans une spirale infernale, sans comprendre ce qui nous arrive.

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Alors, un affreux cauchemar vous attend-il au tournant, tapi dans l'obscurité? Et si tel est le cas, y a-t-il moyen de l'empêcher de vous sauter dessus? Eh bien, la bonne nouvelle du jour, c'est que j'ai mis la main sur une étude qui traite justement de ce sujet sensible. Intitulée Retirement blues, elle est signée par Gabriel Heller-Sahlgren, chercheur à la London School of Economics (Grande-Bretagne). Et elle lui apporte un éclairage intéressant...

Ainsi, le chercheur s'est penché sur une base de données dénommée Survey of health, ageing, and retirement in Europe (Share), qui combine une foule d'informations sur la santé physique et psychique des pré-retraités et des retraités de dix pays européens, dont la Belgique, la France et la Suisse. Il s'est intéressé à un échantillon représentatif de 4.697 personnes de plus de 50 ans, donc de personnes commençant à préparer leur retraite et de personnes effectivement à la retraite, depuis plus ou moins longtemps.

Qu'a-t-il regardé, au juste? Tout simplement si le fait d'être à la retraite avait de nos jours un impact, ou pas, sur la santé mentale des gens, voire sur certaines catégories de gens.

Résultats? Je vous les donne de ce pas :

> Aucun impact à court-terme. Au moment où l'on prend sa retraite, rien ne se produit de particulier, en général, sur le plan psychologique : on ne connaît ni joie immense ni déprime prononcée. Et ce, durant les premiers mois de la retraite, peu importe que l'on soit un homme ou une femme, ou encore que l'on ait un niveau d'éducation élevé ou modeste.

> Un impact franchement négatif à long terme. Si rien de particulier ne se produit généralement dans les premiers temps de la retraite, cela n'est plus le cas par la suite. Un phénomène étrange semble se produire très exactement quatre années après le départ à la retraite : la dépression surgit, sans avertissement particulier. Et ce, alors même qu'on pensait que tout allait bien, qu'on commençait à prendre goût à la vie de retraité. Une fois de plus, peu importe que l'on soit un homme ou une femme, ou encore que l'on ait un niveau d'éducation élevé ou modeste.

M. Heller-Sahlgren n'a pas d'explication à cet étrange phénomène. Mais cela ne l'empêche pas de le constater. Et de souligner que, contrairement à la croyance populaire, la retraite n'est pas un long fleuve tranquille...

Bien entendu, tout le monde ne va pas souffrir de dépression, pile quatre années après le jour de son départ à la retraite. Il ne s'agit là que d'un constat statistique, mais d'un constat qu'il convient de ne surtout pas rejeter du revers de la main : la dépression nous guette et aime passer à l'attaque, de manière sournoise, à cet instant précis.

La question saute aux yeux : que faire pour parer au mieux cette attaque? Le chercheur de la London School of Economics a une suggestion que je trouve pertinente à plus d'un titre :

> Une parade peut consister à reculer l'âge normal de la retraite. En effet, plus on repousse dans le temps le jour de notre retraite, plus l'attaque, si elle doit avoir lieu, sera retardée dans le temps. Logique. Par ailleurs, une telle décision a un autre impact positif, cette fois-ci sur le plan économique national : plus on repousse dans le temps le jour de la retraite des gens, plus on soulage le système de retraite de la société (on sait à quel point les fonds de pension connaissent des difficultés financières, ces temps-ci...). Autrement dit, une telle mesure a des impacts positifs microéconomique (à l'échelle de l'individu) et macroéconomique (à l'échelle de la société).

De surcroît, il peut être bon de profiter de la poignée d'années dont on dispose avant que la dépression ne frappe - si jamais elle doit frapper - pour s'y préparer. C'est-à-dire pour réaliser que la retraite qui nous attend va connaître des hauts et des bas, puis pour réagir en conséquence. Comment ça? Par exemple, en prenant la ferme résolution de nous lancer dans un projet qui nous tient vraiment à coeur, ou encore, en se vouant à une cause que nous chérissons. Car, c'est bien connu, lorsqu'on fait du bien à autrui, on se fait soi-même du bien. Toujours.

Que retenir de tout ça? Ceci, à mon avis :

> Qui entend éviter la dépression quatre années après le jour de son départ à la retraite se doit... de repousser le plus possible le moment du départ. Mais attention à ne pas transformer ces dernières années de travail en une souffrance quotidienne. Car cela n'arrangerait rien, bien au contraire. L'idéal serait d'adapter son travail au fait qu'il s'agit là des dernières années, d'assurer une transition la plus douce possible. Puis, de veiller au grain quatre ou cinq années après le jour du départ.

En passant, l'écrivain français Albert Camus a dit dans Caligula : «Il faut bien que vieillesse se passe».

À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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