Comment bien exprimer votre reconnaissance au travail?

Publié le 18/09/2018 à 06:06

Comment bien exprimer votre reconnaissance au travail?

Publié le 18/09/2018 à 06:06

La reconnaissance permet de s'extraire du flou du quotidien... Photo: DR

La reconnaissance. Ça a l’air de rien, mais elle nous est nécessaire dans notre quotidien au travail. Elle nous est même vitale. Pourquoi ? Tout bonnement parce que, vous comme moi, nous sommes avant tout des «animaux sociaux», comme le disait Aristote : sans lien fort avec les autres, nous dépérissons.

Et pourtant, combien de fois par jour reconnaissons-nous le travail des autres, ou à tout le moins leurs efforts ? Hein ? Pensez-y deux secondes, et vous allez vous rendre compte combien, en vérité, nous faisons preuve d’indifférence. C’en est même pathétique.

D’où ma joie lorsque Jean-Pierre Brun, professeur, titulaire de la Chaire en gestion de la SST, à l’Université Laval, m’a fait parvenir une copie de son tout nouveau livre – cosigné avec Christophe Laval, ex-DRH et DG de groupes internationaux (Schlumberger, Yoplait,…) et actuel président-fondateur du cabinet-conseil en management VPHR –, qui traite justement de ce sujet si sensible. Son titre : «Le Pouvoir de la reconnaissance au travail – 30 fiches pratiques pour motiver et améliorer la performance» (Eyrolles, 2018).

Il y est expliqué que la reconnaissance n’est pas seulement une attente des employés vis-à-vis de leur hiérarchie, mais aussi des managers vis-à-vis de leur équipe. Il s’agit également de la reconnaissance entre collègues, ou encore de la reconnaissance envers les clients, les usagers, les patients…

Ce n’est pas tout. La notion de reconnaissance est bien plus large qu’on l’imagine, d’après les auteurs : au-delà des augmentations de salaire ou des primes, il existe une multitude de pistes pour développer la motivation individuelle et la mobilisation collective.

Vous me connaissez, je vais me faire un plaisir de partager avec vous l’une de ces pistes. Une piste que je trouve on ne peut plus pertinente à explorer, si d’aventure vous n’y aviez jamais vraiment songé : l’intérêt de reconnaître l’équipe dans sa globalité. Regardons ça ensemble…

Reconnaître les équipes, pas seulement les individus

«Dans beaucoup d’organisations, la multiplication des procédures et des indicateurs, le management par objectifs, les évaluations individuelles et le raccourcissement des délais ont éclipsé la reconnaissance d’équipe, et par conséquent, la place et le sens que chacun peut trouver dans un projet collectif. Pourtant, un manager ne gère pas uniquement des individus, mais aussi une équipe, un collectif. Nous aimons bien cette phrase : « Seul on va vite, mais ensemble, on va plus loin ! » Il est donc urgent de repenser certaines pratiques de reconnaissance fondées exclusivement sur des critères individuels.

«De manière générale on conçoit la reconnaissance comme un geste envers un individu. C’est en effet la base de la reconnaissance, ce besoin de se différencier des autres. Toutefois, au cours de centaines de discussions avec des employés et des managers, les phrases suivantes ont été prononcées: « Notre département n’est pas reconnu ! », « Nous, les cols bleus, nous sommes la cinquième roue du carrosse ! », « Ici, une secrétaire, ça ne compte pas, c’est comme si on n’existait pas ! »

«Ces commentaires font certes référence à la reconnaissance au travail, mais surtout au manque de reconnaissance d’un métier, d’un groupe, d’un département spécifique et montrent le besoin d’être aussi reconnu collectivement.

«Il faut donc porter une attention particulière à cette autre dimension plus collective de la reconnaissance, car le travail d’équipe est de nos jours essentiel et la coopération entre les unités d’une même organisation la clé du succès.

«Les efforts et l’énergie déployés par certaines équipes doivent être régulièrement reconnus sous peine de disparition de toute coopération entre les acteurs et de désengagement chronique.

«En effet, une évaluation strictement individuelle conduira certainement les employés à se mettre dans une position de compétiteurs, avec le risque de générer la perception que ce n’est pas l’effort réalisé qui est reconnu, mais seulement la performance individuelle. Poussé à l’extrême, cela pourrait même conduire à récompenser des comportements indésirables,

chacun essayant de tirer au mieux son épingle du jeu au détriment des collègues, voire du client. C’est une raison qui amène actuellement plusieurs entreprises à revoir leur mode d’évaluation individuel et à miser un peu plus sur le collectif de travail.

«Dans ses travaux, le sociologue français Norbert Alter a montré que la coopération n’est pas contractuelle, qu’elle ne se décrète pas et qu’on est d’autant moins incité à coopérer que cette coopération n’est pas reconnue. Or, dit-il, la coopération prend la forme d’un échange fondé sur l’engagement affectif à l’égard d’une personne, d’un groupe ou d’un métier. En conséquence, il convient de reconnaître les efforts pour créer du collectif. (…)

«Voici quelques pistes qui vous permettront certainement de renforcer la dimension collective de la reconnaissance :

- reconnaissance des comportements de coopération ;

- reconnaissance de l’entraide au sein d’une équipe ;

- information et consultation de l’équipe avant une prise de décision ;

- colloque de reconnaissance du métier ;

- revalorisation de l’image de certains métiers ;

- moments de convivialité ;

- célébration des réussites d’équipe ;

- remerciements publics pour l’effort fourni par une équipe ;

- affectation de plusieurs personnes à un groupe projet ;

- article sur une réalisation collective dans le journal interne ;

- création d’un générique de film pour montrer la collaboration de chacun dans un projet.

> Mise en pratique

• Ne reconnaissez pas sur des critères exclusivement individuels.

• Reconnaissez les efforts générateurs de mobilisation collective.

• Reconnaissez des collectifs de métier plus ou moins larges.

• Reconnaissez les comportements de coopération.

• N’oubliez pas cette phrase : «Seul on va vite, ensemble on va plus loin!»

Voilà. Vous disposez à présent de trucs pratiques permettant de reconnaître adéquatement le travail de votre équipe. À vous d’en faire bon usage à l’avenir !

En passant, le philosophe grec Aristote disait : «La reconnaissance vieillit vite».

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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