À quoi bon additionner les employés talentueux?

Publié le 17/11/2014 à 06:09

À quoi bon additionner les employés talentueux?

Publié le 17/11/2014 à 06:09

Bon. Mais qu'est-ce qui fait que l'addition de talents n'est pas forcément une bonne chose? «Qui dit talent dit ego. Et lorsqu'on demande à de forts egos de travailler ensemble, ça ne fonctionne pas. Du moins, ça ne fonctionne pas aussi bien que ce qu'on pourrait espérer a priori. Si l'on pense au basketball, il est clair que si les meilleurs cherchent avant tout à briller aux yeux du public et à marquer plus de points que les autres, ils vont moins jouer collectif, et donc nuire à à la collaboration au sein de l'équipe», expliquent les chercheurs.

Ce n'est pas tout. Les chercheurs ont eu la curiosité de regarder si leur trouvaille s'appliquait également au baseball. Et là, une surprise les attendait : il n'y a pas ici de point de bascule. Plus on ajoute de joueurs talentueux à une équipe, plus sa performance va croissante, même si la progression va en se tassant. À aucun moment, elle ne se met à chuter.

Comment expliquer ce mystère? C'est, en vérité, assez simple : le baseball a cette particularité qu'il ne s'agit pas d'un sport d'équipe à 100%. «La victoire au baseball ne dépend pas autant de l'interdépendance des joueurs entre eux qu'au soccer et au basketball. Il s'agit plutôt d'une addition d'individualités, qui n'ont pas besoin pour briller d'être aussi coordonnés entre eux que doivent l'être des joueurs de soccer ou de basketball», estiment les chercheurs.

L'air de rien, cette découverte est cruciale. Car elle permet de déceler des moyens pratiques pouvant permettre d'éviter de souffrir d'une trop grande proportion de talents :

> Une nouvelle forme de travail. L'addition de talents ne peut se révéler nuisible qu'à partir du moment où les membres de l'équipe en question interagissent beaucoup entre eux. Par conséquent, s'il s'agit d'une équipe qui se voit tous les jours au bureau, le risque est grand de voir sa performance décliner. Mais s'il s'agit d'une équipe virtuelle – en ce sens que chacun est appelé à travailler de son côté de manière autonome (on peut penser à des équipes qui travaillent à distance : télétravail, collaboration internationale, etc.) –, alors le risque est nul.

> Une nouvelle forme de collaboration. Une proportion élevée de talents amène une proportion démesurée d'egos. Du coup, la collaboration en pâtit. Si l'on veut contrer cela, il faut par conséquent trouver une façon d'améliorer la collaboration entre tous les joueurs, ce qui revient à inciter chacun – et en particulier les meilleurs – à faire en sorte que les autres brillent plus que d'habitude. Une astuce peut consister à demander à un champion de ne miser que sur l'un de ses nombreux talents durant une période de temps : au basketball, ça peut revenir à lui donner comme consigne de ne plus faire que des tirs à 3 points durant tout une phase de jeu. De cette contrainte naîtra la possibilité, pour les autres, de s'exprimer davantage. Et ce, pour le bienfait de toute l'équipe.

Voilà. D'autres idées vous sont peut-être venues à l'esprit pour éviter qu'une trop forte proportion de talents ne freine la performance d'une équipe. En ce cas, n'hésitez pas à les partager avec nous tous, via la section Commentaires.

En passant, l'écrivain russe Anton Tchekhov a dit dans Oncle Vania : «Le talent, c'est la hardiesse, l'esprit libre, les idées larges».

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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