Où va le voyage ?

Publié le 01/08/2014 à 11:23

Où va le voyage ?

Publié le 01/08/2014 à 11:23

Réponse: vers une révolution.

Les temps sont moroses. Et le resteront un bon bout de temps.

Au plan politique, la planète fait de plus en plus peur. Israël et la péninsule de Gaza constituent une véritable poudrière, dans tous les sens du terme. Idem pour l’Iraq et l’Afghanistan. L’Afrique du Nord, de la Libye à l’Égypte, est à nouveau en ébullition. Au Sud-Soudan et en République centrafricaine, ça ne va guère mieux. Ne disons rien de l’Iran, du Yémen, de l’ouest de la Chine, de l’est du Congo. Pour leur part, l’Inde et le Pakistan se regardent en chiens de faïence. Le conflit en Ukraine n’est pas à la veille de se régler. Et on parle d’une nouvelle guerre froide entre les États-Unis et la Russie.

En termes de sécurité aérienne, les accidents, provoqués ou non, se sont multipliés jusqu’ici en 2014. Un avion de la Malaysian Airline a disparu quelque part dans l’océan... et n’a pas été retrouvé. Un autre a reçu l’impact d’un missile – le bel euphémisme... – dans le ciel ukrainien pro-russe. Un appareil d’Air Algérie s’est pulvérisé en Afrique, un autre s’est écrasé à Taïwan. Ça commence à faire beaucoup de morts. L’OACI veut revoir la définition des corridors de vol internationaux pour qu’ils soient plus sécuritaires. Sera-ce suffisant?

Que dire des effets de l’épidémie d’Ebola? Atteindra-t-elle l’Europe et le monde occidental? Le gouvernement fédéral souligne que les risques d'infection sont faibles pour la plupart de ses ressortissants; il a tout de même diffusé des conseils et avertissements à l'intention des voyageurs qui se rendent en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone. Des frontières en viendront-elles à être verrouillées?

Les conditions économiques? Les générations qui montent dans les pays dits riches – ou économiquement avancés, appelez-les comme vous voudrez – sont et seront plus pauvres que celles qui les ont précédées. Une première au cours des derniers siècles. Elles ont et auront moins de temps et d’argent à consacrer aux voyages d’agrément. Les prix du pétrole, eux, sont appelés à exploser, vous pouvez gager un vieux deux là-dessus.

Le climat? Les extrêmes de précipitations, de chaleur et de froid, plus fréquents que jamais, confirment les prédictions des experts. Des voyagistes ont mis Beijing sur leur liste noire, because un taux de pollution de l’air trop élevé. Ces derniers jours, les États insulaires d'Océanie ont lancé, lors du 45e Forum des Îles du Pacifique, un nouvel appel de détresse aux pays industrialisés, car ils sont de plus en plus menacés par la montée des eaux du gigantesque océan: des plages et des pans entiers de littoraux disparaissent, des populations sont déplacées. Allez voir du côté des Bahamas, des Seychelles, des Maldives, c’est idem.

Au printemps dernier, les participants aux Assises du tourisme québécois se sont cassés la nénette pour trouver des moyens de ramener chez nous les touristes originaires des États-Unis. Réussiront-ils? Cette semaine, un vigneron de mes amis établi à Dunham, le haut-lieu de la vigne d’ici, m’a confié: «Oui, ce n’est pas mal. Mais, depuis trois ans, ce n’est plus ce que c’était. Les gens se déplacent moins.» C’est pareil dans toutes les régions... et pas seulement dans le domaine de la vigne.

En d’autres mots, les gens restent de plus en plus chez eux. La tendance ne se renversera pas demain matin. Le cocooning, bercé par tous les appareils androids qui font dorénavant partie de nos vies, prend de l’ampleur. Et puis, et puis, on parlait des pays riches: leurs populations vieillissent. Les populations vieillissantes sont plus frileuses, moins audacieuses. Même les croisières, dont elles sont si friandes, commencent à s’essouffler.

Les États et l’«industrie» du voyage devront – et au plus vite – réfléchir, à l’échelle de la planète, sur l’impact de ces changements. Qui voyagera? Où? Quand? Comment? L’organisation mondiale du tourisme aura fort à faire. Elle ne sera pas la seule à le faire, croyez-moi.

Ça prendra de l’imagination... et c’est ce qui m’effraie.