Quand le recrutement devient un jeu d'enfant !


Édition du 08 Septembre 2018

Quand le recrutement devient un jeu d'enfant !


Édition du 08 Septembre 2018

Transformer la recherche de son futur emploi en une expérience amusante : c’est la clé ! ­[Photo: 123RF]

Depuis toujours, le jeu est bénéfique, peu importe l'âge, que ce soit pour le plaisir, pour l'apprentissage ou pour la santé mentale. La façon dont nous jouons est d'ailleurs révélatrice de notre personnalité. Tout le monde se souvient de parties de cartes ou de jeux de société avec le mononcle mauvais perdant...

Aujourd'hui, on ne joue plus dehors ou au coin du feu, on joue sur nos ordinateurs, nos téléphones, nos tablettes.

Avec 3,7 milliards d'utilisateurs d'Internet, 2,5 milliards sur les réseaux sociaux, dont 2 milliards juste pour Facebook, 4,9 milliards d'utilisateurs de téléphones cellulaires et 2,2 milliards de gamers, nous sommes 7,2 milliards d'humains dont la moitié est rivée à son écran.

Les entreprises l'ont bien compris et ont vu dans le jeu un moyen pour augmenter la loyauté de leurs clients, bonifier leur marque de commerce, l'expérience client et leurs revenus par la même occasion, grâce à la personnalisation et à une interaction ludique entre le produit ou le service et l'utilisateur. La mondialisation et le numérique permettent d'atteindre par n'importe quelle plateforme ses clients, ses employés et ses futurs employés où qu'ils se trouvent et quoi qu'ils fassent. Un jeu d'enfant (ou presque) !

La «gamification», un mot inventé pour la génération des milleniaux, réputés être dépendants aux jeux vidéo, s'applique désormais aux stratégies de ressources humaines. Si la pause café est remplacée par la pause Instagram ou Snapchat, pourquoi ne pas en profiter pour y chasser les meilleurs talents ? Et si jouer est plus agréable que travailler, pourquoi ne pas transformer le travail en une aire de jeux collectifs ?

Transformer la recherche de son futur emploi en une expérience amusante : c'est la clé ! Terminé les processus de recrutement de mon époque, pénibles et ennuyeux, qui ressemblent au parcours du combattant. Désormais, le candidat est le héros d'une aventure de Call of Duty !

L'objectif est de rendre le processus agréable et de créer une expérience unique tout en soumettant les candidats à des tests et des évaluations pour juger de leurs compétences et de leur adéquation aux valeurs de l'entreprise.

Comment est-ce que cela fonctionne ? Le candidat reçoit une invitation par un lien Internet sécurisé ou bien il télécharge l'application et il se retrouve illico dans un univers virtuel d'évaluation. Ce procédé est tout aussi valide pour des geeks qui codent à longueur de journée que pour des comptables, des juristes ou des ingénieurs. Tout est dans la conception spécifique de l'application.

Mieux encore, l'expérience ludique peut servir aux employés pour les motiver et créer non seulement une expérience hors du commun, mais également pour développer une marque employeur distincte. Ce qui fait automatiquement de l'entreprise une organisation qui croit en l'innovation et la créativité, critère numéro un des candidats d'aujourd'hui.

Google, L'Oréal, Novartis sont des pros en la matière. Reveal, le jeu développé par L'Oréal, permet aux candidats d'expérimenter ce que signifie travailler dans une entreprise internationale en interagissant avec des avatars d'employés pour déterminer quel service (marketing, ventes, opérations, finance, etc.) leur conviendrait le mieux. On leur demande de résoudre des énigmes pour trouver des solutions à des problèmes réels, mais en mode virtuel. Résultat ? 20 % des gestionnaires sont recrutés par ce procédé.

Le groupe hôtelier Marriott et son jeu My Marriott Hotel destiné aux milléniaux permet aux candidats d'exploiter leurs propres hôtel et restaurant virtuel. Ils en dessinent les plans, établissent leur budget, forment leurs employés et servent les clients. Ils accumulent des points pour chaque client satisfait. Les candidats qui récoltent les meilleurs scores se voient offrir un poste au final.

Chez LEGO, chaque année, des candidats sont invités à participer à une compétition pour construire des puzzles qu'ils doivent réaliser sous pression et en équipe.

PwC et son jeu Multipoly teste les compétences relationnelles et numériques en faisant jouer les candidats à 12 jeux différents mettant en scène des situations de travail au sein de la firme et des problèmes à résoudre typiques d'un cabinet de services-conseils. Les modules de jeu permettent de mesurer l'adaptabilité, la réactivité, l'écoute et la capacité à travailler en équipe.

Revelian, le développeur du logiciel de gamification Cognify, appliqué au recrutement, a développé l'application Theme Park hero pour faire des évaluations psychométriques. Au-delà de l'inventaire de personnalité, l'application permet de s'assurer de l'adéquation des valeurs du candidat à l'organisation ainsi qu'au rôle et aux responsabilités. Le candidat doit choisir un rôle dans la gestion d'un parc d'attractions et résoudre tous les problèmes qui lui sont présentés. Planifier la construction d'un nouveau parc aquatique, réparer une structure de montagne russe endommagée, calculer la valeur de bons d'échanges, imprimer des ballons pour un événement spécial.

Que ce soit pour recruter un commis, un gestionnaire, un directeur des ventes ou un directeur financier, le jeu est universel et il s'adapte à tous les échelons.

Dans tout coeur d'adulte, un enfant sommeille... Le recruteur d'aujourd'hui doit révéler l'âme de l'enfant dans le candidat, car comme l'écrivait Friedrich Nietzsche, « la maturité de l'homme, c'est d'avoir retrouvé le sérieux qu'on avait au jeu quand on était enfant. »

À propos de ce blogue

Nathalie Francisci est présidente exécutive pour le Québec chez Gallagher. Elle oeuvre en recrutement de cadres depuis 25 ans. Entrepreneure, experte en gestion des talents, elle est reconnue comme l’une des références au Québec. Femme d’affaires engagée, elle siège sur plusieurs CA. Conférencière et chroniqueuse, ses interventions font la différence par l’énergie et style direct qui s’en dégagent. Passionnée par nature, elle n’oublie jamais qu’elle travaille avec des gens, pour des gens. Elle partagera avec vous ses réflexions et expériences sur l’univers du recrutement et de la gestion des talents pour faire réfléchir autant les individus que les organisations. Nathalie Francisci a été Finaliste au Concours des Mercuriades en 2001, elle a reçu le Prix «Nouvelle Entrepreneure du Québec» en 2001 et «Entrepreneure – petite entreprise» en 2007 décerné par le RFAQ et elle a remporté le Prix Arista en 2008. Elle porte les titres de CRHA et de IAS.A.

Nathalie Francisci
Sujets liés

Stratégies