Virage numérique: le bon moment pour les minières

Publié le 23/05/2022 à 14:41

Virage numérique: le bon moment pour les minières

Publié le 23/05/2022 à 14:41

L’intelligence artificielle, la connectivité des équipements, l’analytique des données et l’infonuagique apportent des solutions novatrices dans de nombreux domaines d’exploitation. (Photo: 123RF)

BLOGUE INVITÉ. Les mines ont traversé la pandémie sans trop de dommages. Au prorata du nombre d’employés, le nombre de cas de COVID-19 est demeuré très bas. Le phénomène s’explique par la rapidité des mesures mises en place et une discipline reconnue dans ces milieux de travail.

Par ailleurs, le même contexte pandémique a favorisé la hausse des prix des métaux et des minéraux. De ce fait, la plupart des minières canadiennes ont connu d’excellents résultats en 2020 et 2021. Elles affichent aujourd’hui une situation financière enviable avec de bonnes liquidités.

Cette conjoncture favorable crée un moment idéal pour prendre les virages qui s’imposent.

Plusieurs minières en profitent pour revoir leur exploitation, réduire davantage leurs gaz à effet de serre, procéder à des acquisitions ou instaurer de nouvelles initiatives ESG.

Presque tous ces scénarios les conduisent à un passage obligé: l’amorce, la poursuite, l’accélération ou le parachèvement de leur virage numérique.

 

Quand croissance rime avec numérique

Les dirigeants des sociétés minières savent depuis longtemps que la technologie est essentielle à l’efficience de leur entreprise.

Et cette conviction se maintient.

Selon un sondage PwC, 70% des chefs de direction des sociétés minières mondiales prévoient investir dans la transformation numérique au cours des trois prochaines années.

D’autres priorités viennent appuyer ces intentions: 72% visent une croissance interne, tandis que 67% souhaitent améliorer leur efficience opérationnelle.

La transformation numérique est la clé pour y arriver.

L’intelligence artificielle, la connectivité des équipements, l’analytique des données et l’infonuagique apportent des solutions novatrices dans de nombreux domaines d’exploitation: maintenance préventive, planification intégrée avec simulation et optimisation, jumeaux numériques, robotique, chaînes de production adaptée aux prix courants, etc.

 

Numérique et stratégie d’ensemble

Certains projets numériques déçoivent. Le rendement n’est pas au rendez-vous. La collecte et l’analyse des données s’avèrent plus ou moins utiles parce qu’elles sont en décalage avec la prise de décision.

Dans d’autres situations, les informations émanant de systèmes différents procurent une image fragmentaire des activités de l’entreprise. Certains autres projets échouent parce qu’on n’a pas suffisamment impliqué le personnel.

Il faut donc élaborer une stratégie d’ensemble.

Voici humblement sept conseils pour y arriver, inspirés d’une récente analyse de PwC (Un nouveau virage numérique pour les minières).

 

Sept conseils pratiques

1. Analyser les données existantes – La plupart des minières disposent déjà d’une foule de données de leurs propres équipements informatiques. Avant d’investir dans de nouvelles technologies qui généreront encore plus de données, il peut être utile de s’interroger sur l’utilisation des équipements existants.

Les exemples ne manquent pas:

  • Analytique des données: il a des limites à la capacité d’analyser de grands volumes de données. L’analyse automatique permet d’extraire des informations exploitables à partir de données brutes et créer ainsi de la valeur.
  • Stockage en nuage: la centralisation des données dans le nuage en facilite grandement l’accès pour tous, employés et direction.
  • Convergence des données: les plateformes logicielles ne sont pas toujours reliées les unes aux autres. On peut alors implanter des suites logicielles qui intègrent plusieurs sources et qui établissent des liens entre les données. Les systèmes ERP (Enterprise Resource Planning) en sont de bons exemples.

 

2. Apprécier les petits gains – Il existe des solutions simples pour bonifier des indicateurs clés comme la profitabilité, les résultats en santé et sécurité, le coût par tonne de production et même les objectifs ESG. Par exemple, certaines entreprises utilisent la technologie existante pour créer des tableaux indiquant les réalisations du jour précédent. En multipliant ces petites améliorations, elles en arrivent à des résultats appréciables avec le temps.

3. Encore la stratégie – L’étude d’opportunité d’un investissement technologique doit reposer sur une vision stratégique et une connaissance de ce qui crée de la valeur pour l’entreprise. Sinon, on implantera une énième solution technologique qui ne répondra pas aux besoins.

4. Réorganiser les tâches – Partout où c’est possible, les tâches de faible valeur doivent faire l’objet d’une sérieuse réflexion. Cela permet de compter sur les bons employés aux bons endroits et de réduire les coûts.

5. Bâtir la confiance numérique – Toute nouvelle solution technologique soulève des enjeux de cybersécurité. Pour parer à ces menaces, l’entreprise doit évaluer ses risques, ses vulnérabilités et choisir les protections adéquates.

6. Assurer la cohérence – Bien qu’elles procurent des avantages indéniables, les technologies ne peuvent réparer un processus défaillant. Il est donc important d’identifier les processus à rationaliser et de mettre en place des programmes cohérents s’appliquant à toutes les fonctions de l’entreprise. De plus, la participation de l’ensemble des composantes de l’organisation dès le début est essentielle, au risque de mettre en péril toute la stratégie.

7. Prévoir la main-d’œuvre de demain. Il est primordial de réviser la stratégie de dotation en personnel pour réunir toutes les compétences nécessaires, surtout dans le contexte de nombreux départs à la retraite. Le défi d’attirer de nouveaux talents sur un marché très compétitif est aussi relié à la culture organisationnelle de l’entreprise. On doit l’adapter (ou la changer !) si on juge qu’elle pose des problèmes à cet égard.

 

 

 


À propos de ce blogue

Le regard d'un spécialiste du secteur minier au Québec auprès de l’industrie, des gouvernements et du grand public. Maxime Guilbault est associé au sein du groupe de Certification chez PwC Canada et leader du groupe Mines et Métaux pour le Québec. Au cours des 15 dernières années, il s’est spécialisé dans la prestation de services aux clients du secteur minier et il travaille avec des sociétés à différents stades, allant de l’exploration à l’exploitation. Plus récemment, Maxime s'est concentré sur les entreprises qui cherchent activement à développer de grands projets d'investissement. En 2017, Maxime a supervisé la rédaction de la plus importante publication mondiale de PwC sur l’industrie minière «Mine 2017. Stop. Think…Act».

Maxime Guilbault
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