Mines et développement durable: un avenir prometteur?

Publié le 05/11/2019 à 11:07

Mines et développement durable: un avenir prometteur?

Publié le 05/11/2019 à 11:07

(Photo: 123RF)

BLOGUE INVITÉ. Aujourd’hui plus que jamais, l’environnement et le développement durable offrent des occasions non négligeables pour le secteur minier, en plus de lui permettre d’agir concrètement dans les écosystèmes dans lequel il évolue. Qui plus est, ces éléments participent à l’émergence d’un nouveau modèle économique.

L’actualité des dernières semaines le démontre; partout sur la planète, on assiste à un intérêt pour des produits plus durables. La préoccupation touche autant l’origine des produits et les matériaux qui les composent que leur transformation.

À l’instar de la population générale, beaucoup d’investisseurs se soucient également de l’environnement, et les grands objectifs de développement durable des Nations Unies comptent de plus en plus d’adhérents.

Cette pression pour un développement durable gagne toutes les parties prenantes des sociétés – investisseurs privés et institutionnels, gouvernements, collectivités et clients.

Elle incite l’ensemble des acteurs de la chaîne d’approvisionnement – minières, fabricants, distributeurs et consommateurs – à interagir sur les paramètres de la durabilité.

Lentement mais sûrement, un nouveau modèle économique émerge. Il est encore tôt pour le définir clairement, mais certains phénomènes permettent d’en dessiner les contours.

On pense, entre autres, aux changements climatiques, à la croissance de la population mondiale, aux inégalités sociales, aux enjeux liés à l’ère numérique ou encore à la limite de plusieurs ressources planétaires.

Les entreprises de certaines industries ont déjà saisi la valeur d’un positionnement concurrentiel dans la mise en application du développement durable. Deux cas nous viennent à l’esprit : l’aluminium recyclé et l’extraction de l’or responsable.

L’aluminium recyclé pour l’automobile électrique et l’or responsable

Depuis des décennies, l’industrie de l’aluminium utilise des canettes de boisson recyclées pour fabriquer de nouveaux stocks de canettes. Or, la stratégie pourrait bien s’appliquer à l’automobile électrique, dont les lourdes batteries imposent des architectures de véhicule plus léger.

L’aluminium constitue évidemment le matériau idéal pour y parvenir, mais son empreinte carbone demeure lourde… si on fait abstraction des projets en cours de développement au niveau des procédés d’électrolyse de l’aluminium pour éliminer totalement les émissions de CO2.

Or, l’aluminium recyclé affiche de très faibles teneurs en carbone. Pour prendre un exemple extrême, l’aluminium primaire de Chine produit par l’électricité à partir du charbon peut atteindre 22,4 tonnes de CO2/tonne.

L’aluminium recyclé à partir de ferraille en fin de vie affiche une teneur en carbone inférieure à 0,5 tonne de CO2/tonne d’aluminium. La différence est plus qu’appréciable!

Beaucoup de minières aurifères se conforment aujourd’hui à la norme « sans conflit » du World Gold Council, une série de mesures qui permet aux producteurs qui évoluent dans des régions d’instabilité politique de garantir que l’or a été extrait de manière à ne pas soutenir un conflit armé ou à ne pas contribuer à des violations du droit international humanitaire.

L’environnement au cœur de l’exploitation responsable

L'impact des activités minières sur l'environnement est également devenu l’élément central d'une exploitation responsable. Plusieurs entreprises adoptent des politiques qui préservent la biodiversité locale et la qualité de l'eau.

Nous pouvons notamment penser au Code international de gestion du cyanure, du système de gestion environnementale ISO 14001 et au cadre de développement durable du Conseil international des Mines et des Métaux qui en sont de bons exemples.

Témoignant de l’importance des variables environnementales dans les différentes industries, l’édition 2019 de l’Indice de la santé de l’économie du Québec de PwC a analysé les différentes forces et faiblesses des économies québécoise et canadienne selon cinq blocs thématiques (démographie industrielle, investissement, croissance, capital humain et environnement).

Fait intéressant, la contribution relative des variables environnementales à l’économie québécoise a évolué au cours de la période 2010-2017, portant ainsi son soutien à hauteur de 20,5 %.

Les données le démontrent et rejoignent les constats mondiaux, la transition énergétique offre d’intéressantes opportunités économiques, offre à l’économie une occasion de se diversifier et la rendre plus résiliente face aux enjeux climatiques qui se présenteront.

On le constate, le développement durable est au cœur des préoccupations mondiales.

En ce sens, la filière minière doit non seulement agir en faveur de la durabilité, mais également mesurer l’impact des efforts qu’elle consent à rendre les produits, les opérations et les services encore plus durables.

Au final, c’est l’ensemble de l’industrie qui bénéficiera de ces avancées et des opportunités économiques offertes par cette transformation.

Avec la collaboration spéciale de Janice Noronha, associée et leader Développement durable et changements climatiques, PwC

 

 

À propos de ce blogue

Le regard d'un spécialiste du secteur minier au Québec auprès de l’industrie, des gouvernements et du grand public. Maxime Guilbault est associé au sein du groupe de Certification chez PwC Canada et leader du groupe Mines et Métaux pour le Québec. Au cours des 15 dernières années, il s’est spécialisé dans la prestation de services aux clients du secteur minier et il travaille avec des sociétés à différents stades, allant de l’exploration à l’exploitation. Plus récemment, Maxime s'est concentré sur les entreprises qui cherchent activement à développer de grands projets d'investissement. En 2017, Maxime a supervisé la rédaction de la plus importante publication mondiale de PwC sur l’industrie minière «Mine 2017. Stop. Think…Act».

Maxime Guilbault
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