Les minières junior doivent séduire les investisseurs

Publié le 06/12/2018 à 10:47

Les minières junior doivent séduire les investisseurs

Publié le 06/12/2018 à 10:47

Un lingot d'or.

(Photo: 123rf.com)

Le temps de séduire. Ce titre pourrait convenir à une téléréalité. Nous le proposons plutôt aux petites sociétés d’exploration minière qui peinent à intéresser les investisseurs séduits par des placements plus «glamour» ou mieux publicisés.

Le constat est difficile : les explorateurs juniors au Québec ne disposent pas de suffisamment d’argent. Pourtant, depuis plus de deux ans, l’industrie minière globalement affiche des résultats favorables, et l’année qui s’achève semble dans la même lignée.

Les chiffres d’affaires des sociétés productrices plus importantes, et les rendements sont majoritairement en hausse et/ou comparables avec l’année précédente.

Ces bouffées d’air frais devraient en principe favoriser l’exploration – c’est par elle que tout commence – qui profite non seulement de l’embellie de l’industrie, mais aussi de la demande pour de nouveaux métaux.

Malheureusement, plusieurs jeunes sociétés minières sur le point de décoller sont toujours en piste, faute… d’investisseurs!

Nous ne parlons pas des amateurs de portefeuilles peu risqués, mais des investisseurs de capital de risque, incluant maintenant une plus grande proportion de jeunes milléniaux, fort actifs sur les marchés et à la recherche d’occasions.

Ces investisseurs affichent un solide profil de tolérance au risque doublé d’une confiance mesurée d’obtenir, tôt ou tard, des rendements élevés proportionnels au niveau de risque assumé.

Or, force est de constater qu’à notre époque, ces types d’investisseurs affectionnent les industries de l’heure.

Ces nouveaux marchés, ce sont ceux des cryptomonnaies, de l’intelligence artificielle, voire du cannabis, sans oublier les fonds généralistes passifs qui gagnent en popularité avec l’usage des algorithmes, une autre tendance forte.

Lorsque nous ajoutons à cette situation l’excellente performance de milliers de titres boursiers au cours des dernières années (hormis la correction les derniers mois), nous pouvons rapidement conclure que les investisseurs ont de nombreuses autres occasions d’investir, souvent dans des secteurs aussi prometteurs, plus publicisés et moins réglementés que le secteur des mines.

Condamnés à l’imagination et à la création

Dans ce contexte, l’industrie minière, plus particulièrement les jeunes sociétés d’exploration, doit éminemment – et rapidement – faire preuve d’imagination et de créativité pour attirer les ces investisseurs qui, pour le moment, se divertissent dans des titres plus en vue.

Cette prise d’actions nous semble indispensable, au risque que ne meurent dans l’œuf plusieurs projets potentiellement importants pour l’économie des régions minières et du Québec tout entier.

Par ailleurs, il serait possible de faire connaître les atouts des jeunes minières. Ils constituent autant d’arguments susceptibles de séduire cette clientèle sélective. Nous en relevons au moins quatre :

  • Investir dans l’avenir. Plusieurs jeunes minières explorent des projets liés au lithium, au graphite au nickel et au cobalt, des métaux dont les prix ont monté au cours des dernières années. Ce phénomène pourrait se poursuivre avec la demande mondiale de production de véhicules électriques, d’appareils mobiles et de systèmes de stockage d’énergie.
  • Investir dans les technologies de pointe. La prospection a bien changé au fil des années. Nous pouvons maintenant recourir à la visualisation immersive du cycle de vie d’une mine avant même le début de la planification, grâce au traitement des données et aux technologies numériques.
  • Investir dans l’intelligence artificielle appliquée. Plusieurs minières utilisent déjà l’intelligence artificielle et la méthode des « jumeaux numériques » lors de l’exploration de projets pilotes, afin d’évaluer le potentiel avant leur déploiement à grande échelle.
  • Investir conjointement. Des investisseurs institutionnels québécois participent au financement de projets de prospection au Québec, une caractéristique assez unique dans le monde minier. Parmi eux, Ressources Québec, la Caisse de Dépôt et de placement du Québec, SOQUEM, la Société de développement de la Baie-James ou encore le Fonds de solidarité FTQ.

Ces quatre réalités pourraient se transformer en arguments à l’intention des investisseurs de capital de risque, non seulement pour que nous puissions les rassurer, mais également pour les convaincre de participer au développement technologique appliqué dans le secteur industriel.

 

À propos de ce blogue

Le regard d'un spécialiste du secteur minier au Québec auprès de l’industrie, des gouvernements et du grand public. Maxime Guilbault est associé au sein du groupe de Certification chez PwC Canada et leader du groupe Mines et Métaux pour le Québec. Au cours des 15 dernières années, il s’est spécialisé dans la prestation de services aux clients du secteur minier et il travaille avec des sociétés à différents stades, allant de l’exploration à l’exploitation. Plus récemment, Maxime s'est concentré sur les entreprises qui cherchent activement à développer de grands projets d'investissement. En 2017, Maxime a supervisé la rédaction de la plus importante publication mondiale de PwC sur l’industrie minière «Mine 2017. Stop. Think…Act».

Maxime Guilbault
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