Bourse: peut-on encore espérer de bons rendements en 2018?

Publié le 02/01/2018 à 06:49, mis à jour le 02/01/2018 à 08:18

Bourse: peut-on encore espérer de bons rendements en 2018?

Publié le 02/01/2018 à 06:49, mis à jour le 02/01/2018 à 08:18

Photo: Shutterstock

L’année 2017 s’est avérée plutôt prospère pour la majorité des investisseurs. Le S&P/TSX a engendré 9% de rendement, incluant les dividendes. Quant à l’indice américain S&P 500, il a dégagé une performance de 13,7% lorsque calculée en dollars canadiens.

Depuis la fin de la crise financière, nombre d’analystes et experts avaient prévu une mauvaise performance de l’indice américain, chaque fois que celui-ci avait connu une belle progression.

Heureux sont ceux qui les ont ignorés: le rendement annuel en dollars américains ces 8 dernières années a été de 17%, soit une valeur nettement supérieure à sa moyenne historique. Par exemple, de l’an 1871 à 2016, son rendement composé annuel surpasse légèrement 9%. Nous avons donc eu droit depuis la crise à une appréciation en Bourse presque deux fois plus élevée que la moyenne.

Comme on s’en doute, tôt ou tard, un retour vers la moyenne s’impose. Est-ce encore le temps d’investir, ou faut-il demeurer sur les lignes de côté?

Avec un ratio cours/bénéfice de 25 pour le S&P 500 comparativement à une moyenne à long terme entre 15 et 16 fois, nous opterions probablement pour la prudence si nous étions forcés de choisir entre l’indice ou l’encaisse.

Bien des experts prévoyaient des jours sombres dans le passé, car leurs arguments reposaient sur la forte appréciation passée. Il s’agit d’une erreur constamment commise: le biais de l’ancrage. Il consiste à fixer son attention sur un prix passé qui ne détient aucun lien avec le prix présent.

Par exemple, le S&P 500 a clôturé à 676 le 9 mars 2009, formant le creux ultime. S’il avait poursuivi sa chute jusqu’à 400, pour ensuite remonter à 676, nous parions que certains observateurs auraient lancé sur un ton prudent: «l’indice a remonté trop rapidement, c’est le temps de vendre!».

L’indice S&P 500 s'approchant du seuil de 2700, nous avons assisté à ce réflexe à de multiples occasions. Heureusement, nous n’y avions pas prêté attention, puisque notre regard se tournait davantage sur les nombreuses aubaines en Bourse. Il s’agissait d’une période extraordinaire pour se montrer agressif, alors que le prix des actions incorporait des marges de sécurité attrayantes.

De nos jours, les aubaines sont beaucoup moins nombreuses. Mais il en existe encore. Toutefois, l’évaluation de l’indice s’avère nettement moins intéressante qu’auparavant. Ajoutons à cela le facteur des taux d’intérêt. Si ceux-ci continuent de monter aux États-Unis, ils affecteront les évaluations à la baisse tôt ou tard.

Est-ce donc le temps de vendre?

Voilà une question bien difficile à répondre, puisque l’évaluation ne se situe pas nécessairement à un niveau extrême d’une part; d’autre part, certains événements récents pourraient continuer à alimenter les marchés pendant quelques temps.

Nous faisons bien sûr référence à la réforme fiscale qui devrait mousser la croissance des bénéfices des sociétés. Dans la réforme, on prévoit entre autres l’inclusion des dépenses en capital en tant que dépenses immédiates pendant 5 ans, ce qui pourrait fortement stimuler la création d’emploi.

Comment y voir clair?

Nous devons vous avouer quelque chose. N’étant pas investis dans des indices, nous jouissons du luxe de considérer chacun de nos titres individuellement, et non le marché dans son ensemble. Par exemple, en moyenne, nos titres se transigent à 30% d’escompte par rapport à nos estimés. Il y a quelques mois, nous avions une importante position en encaisse, Après avoir déniché de nouvelles idées, nous avons pu déployer l’argent. Nous n’avons pas eu à décider si les marchés étaient surévalués ou non. Il nous suffit simplement de nous assurer d’obtenir un bon prix pour chacune de nos positions.

Si nous devions nous prononcer sur les marchés sur une base régulière, la tâche s’avèrerait colossale! Il existe une grande zone grise, dans laquelle nous considérons les indices moins attrayants, mais pas nécessairement à éviter. Que conseillerions-nous alors?

Diminuez simplement vos attentes!

Warren Buffett avait écrit un texte fort intéressant en 1999 pour expliquer pourquoi les investisseurs devaient modérer considérablement leurs attentes par rapport aux rendements qu’ils avaient connus les années précédentes. Il comparait deux périodes, soit les 17 ans passés avec les 17 ans à venir. Le rendement moyen annuel antérieur du S&P 500 avait atteint 18%, et les investisseurs entretenaient des attentes très élevées pour les prochaines années. À l’opposé, M. Buffett anticipait plutôt qu’ils bénéficieraient d’un rendement de 6% sur 17 ans, en tenant compte des frais de gestion et commissions à payer. Pour vous donner une idée, le rendement annuel moyen du S&P 500 a été de 4,7% sur cette période.

Le marché canadien

L’indice S&P/TSX Composite n’a pas aussi bien performé que son équivalent américain. Toutefois, le poids important des financières et des sociétés pétrolières rend cet indice difficile à cerner.

Ceux qui nous suivent depuis longtemps ne seront pas étonnés du statu quo de notre opinion: nous sommes pessimistes depuis… 2006! Nous songeons à l’endettement des ménages et à l’ascension spectaculaire des prix de l'immobilier (ce dernier a été épargné durant la crise financière). Dans un contexte où les taux d’intérêt demeurent presque à leur niveau minimum possible, nous affichons peu d’optimisme pour le marché boursier en général. En cas de récession, la Banque du Canada ne pourra pas compter sur une baisse prononcée des taux pour stimuler l’économie.

Nous vous souhaitons une excellente année 2018!

À propos de ce blogue

Patrick Thénière et Rémy Morel sont associés et gestionnaires de portefeuille chez Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com

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