Les actions de votre employeur: exemple avec Bombardier

Publié le 30/10/2016 à 10:22

Les actions de votre employeur: exemple avec Bombardier

Publié le 30/10/2016 à 10:22

(Photo: Bombardier)

Nous avions discuté du titre de Bombardier (Tor., BBD.B) en mars 2012, alors qu’il était à 4$ (cliquer ici pour voir le blogue). Aujourd’hui, étant donné sa piètre performance des dernières années, nous en entendons beaucoup moins parler. Ce n’est pas nécessairement le cas des gens qui travaillent au sein de cette entreprise. Dès le moindre rebond, la question à savoir s’il s’agissait d’une opportunité refait surface.

Pourtant, très rares sont les personnes qui ont consulté les états financiers de la société, malgré leur grande disponibilité sur internet. Nous connaissons même un «comptable» chez Bombardier qui s’intéressait au titre, mais sans d’abord penser à effectuer la vérification la plus importante selon nous. Pourtant, les états financiers utilisent un langage avec lequel il est familier.

Dans bien des cas, l’analyse s’arrête à: «les actions sont à 2$, alors qu’elles étaient à 4$ quatre ans plus tôt. Quelque chose de bon s’en vient, c’est sûrement le temps d’acheter.» Nous avons parfois l’impression qu’étant donné sa proximité avec la compagnie, un employé pense qu’il détient un avantage sur les autres investisseurs, même sans avoir aucune idée du bilan et de l’état des résultats.

Un autre facteur amène les gens à agir. Lorsqu’un employé rafle un bon gain avec le titre de sa compagnie, son histoire à succès circule rapidement. Quand quelqu’un entend: «Pierre a acquis le titre lorsqu’il était sous les 1$ en février dernier; il a empoché 20 000$ de gains!», difficile pour un individu de ne pas penser aux extraordinaires vacances qu’il aurait pu se payer durant l’été s’il avait agi. Autrement dit, cela peut être interprété comme une occasion ratée.

Personnellement, nous recherchons constamment des nouveaux titres dans un bassin comptant des dizaines de milliers de candidats. Quelles sont les probabilités que le titre de son propre employeur constitue l’un des meilleurs titres à acheter parmi toutes ces possibilités? Elles s’avèrent bien minces.

Au prix d’aujourd’hui, représente-il une occasion d’achat?

À notre avis, le titre offre un gain potentiel intéressant, mais il s’avère encore trop risqué à notre goût. Nous exprimions une opinion similaire en 2012, alors qu’il se négociait à un prix deux fois plus élevé. Le nombre d’actions en circulations a augmenté depuis, mais la valeur boursière totale a tout de même fondu de 40%. Malgré ce prix moins élevé, soulignons que la dette nette a fortement augmenté, ajoutant un niveau de risque non négligeable.

Quant au secteur dans lequel la société évolue, il est demeuré tout aussi difficile qu’auparavant. D’importants coûts en capital sont requis pour supporter les projets, et ceux-ci requièrent beaucoup de temps avant de porter leurs fruits. En outre, lorsque ceux-ci sont enfin prêts à être commercialisés, on court le risque de se retrouver en pleine récession. En effet, les longs délais ne permettent pas de prévoir quelles seront les conditions économiques une fois le projet terminé, ajoutant un autre élément de risque.

De toute évidence, le titre de la compagnie pour laquelle vous travaillez fluctuera dans le temps, et vous en entendrez parler, particulièrement s’il procure de bons rendements. Toutefois, est-ce une bonne idée d’en faire un investissement important?

On doit garder à l’esprit le risque plus élevé pour les employés de l’entreprise. En effet, en cas de scénario noir, ceux-ci risquent de perdre leur emploi en plus d’assister à la fonte de leurs épargnes. Par conséquent, afin d’éviter une concentration trop élevée du risque, vaut mieux investir dans d’autres secteurs que celui de son employeur, comme en optant simplement pour des indices boursiers.

 

Au sujet des auteurs du blogue: Patrick Thénière et Rémy Morel sont analystes financiers et propriétaires de Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com

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