3 leçons à retenir de la faillite de Sears

Publié le 30/11/2018 à 14:00

3 leçons à retenir de la faillite de Sears

Publié le 30/11/2018 à 14:00

Magasin Sears

(Photo: 123rf.com)

Après quelques mois d'absence, nous sommes de retour avec notre blogue. Nous avons cependant adopté une formule différente. Ces blogues seront écrits sur une base individuelle, et seront donc signés par la personne l'ayant produit. Bonne lecture!

 

BLOGUE INVITÉ. C’est à la fin des années 1800 que Richard Sears et Alvah Roebuck ont ​​lancé une entreprise de vente par catalogue qui allait devenir Sears Roebuck en 1893. Sears s'est ainsi fait connaître pendant le XXe siècle. À l’époque son catalogue était tellement dominant que de 1908 à 1940, on pouvait même y acheter une maison Sears. Les clients pouvaient littéralement commander une maison par courrier!

On choisissait un modèle dans le catalogue Sears et quelques semaines plus tard, tous les éléments nécessaires à la construction de la maison étaient livrés. Cette vidéo historique nous raconte comment le Sears Modern Home Program s’est implanté dans les banlieues américaines. À travers les années, Sears a mis en place un puissant modèle de commerce de détail, qui regroupait les marques Kenmore et Craftsman, ainsi qu’une compagnie d’assurance, Allstate Insurance.

Bien qu'il soit difficile de déterminer le début de la fin pour Sears, la plupart des gens s'accordent pour dire que l'essor de Walmart après son introduction en bourse en 1969 ainsi qu'Amazon dans les années 1990 ont été deux moments décisifs dans le déclin de Sears. Après de nombreuses années difficiles, Sears s’est finalement placé sous la protection de la faillite le 15 octobre 2018, marquant ainsi la fin d'une époque pour le commerce de détail nord-américain.

L'histoire de Sears nous enseigne d'innombrables leçons à retenir. En voici 3 qui se révéleront utiles pour l’investisseur aguerri.

Bien que le commerce de détail constitue un concept relativement simple, il nécessite une exécution complexe et une équipe de gestion exemplaire: Jeff Bezos a souvent affirmé que les demandes du consommateur seront toujours les mêmes, soit de meilleurs prix, une plus grande sélection et un meilleur service. Cette réalité était du pareil au même pendant l’hégémonie de Sears. Son catalogue offrait de bons prix, une grande sélection et un service de qualité.

Sam Walton, fondateur de Walmart, a ensuite pris le relais, avant de le transférer entre les mains de Jeff Bezos d’Amazon. Tandis que Bezos poursuit le difficile processus d’exécution en utilisant des outils tels que l’intelligence artificielle pour prédire les préférences du consommateur et mettre en place une opération logistique complexe, Sears est demeurée dans le passé avec des emplacements physiques sans intérêt et un décevant programme de fidélité, Shop your Way.

Méfiez-vous de l’arrogance: Edward Lampert, le gestionnaire de fonds de couverture, a déjà été présenté en première page du magazine BusinessWeek comme le prochain Warren Buffett. Pour dire vrai, M. Lampert est un brillant gestionnaire admiré dans le milieu de la finance pour ses excellents investissements dans Auto Nation et Autozone, cependant ses compétences n’étaient pas applicables dans le commerce de détail.

Lampert a été une figure clé dans la fusion de Sears et de KMart en 2004/2005. Pendant une brève période, la société fusionnée a dégagé certaines synergies et la transaction a semblé réussir. L’action a même atteint un record de 144$ en 2007. Toutefois, les problèmes ont débuté par la suite. Les ventes ont chuté et des magasins ont été fermés. Lampert s’est ensuite nommé PDG en 2013 pour réitérer publiquement que Sears allait se repositionner. Malheureusement, le revirement n'a jamais eu lieu et l’action se négociait à 0,37$ en octobre 2018.

Attention à la dette: En janvier 2006, l'année suivant la fusion de Sears/Kmart, Sears possédait une encaisse nette de 420 M$. Par un ensemble complexe d’opérations d’ingénierie financière destinées à maintenir la société à flot, la compagnie a accumulé au cours des années une dette nette de 4,7 milliards (G)$ à ce jour. Ce chiffre est même sous-estimé, car Sears a effectué plusieurs transactions pour financer ses activités, par exemple une avance de 525 M$ pour la vente de la marque Craftsman et 2,7 G$ pour la vente et la cession de bail de certains de ses actifs immobiliers. Le commerce de détail est extrêmement compétitif, mais il s’avère d’autant plus difficile de réussir un repositionnement avec autant de dettes.

Comme le dit le dicton d'Otto von Bismarck, homme d'État allemand: «Seul un imbécile apprend de ses propres erreurs, le sage apprend de l'erreur des autres». Nous espérons que les investisseurs pourront tirer des leçons de Sears afin d'éviter d’investir dans des situations similaires à l'avenir.

 

Patrick Thénière, CIM, Associé, Barrage Capital

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