L’éloquence, nouveau savoir-être

Publié le 17/11/2022 à 16:17

L’éloquence, nouveau savoir-être

Publié le 17/11/2022 à 16:17

«L’éloquence s’acquiert essentiellement par la pratique, davantage que par la théorie.» (Photo: 123RF)

Un texte de Dominique Bohbot, traductrice agréée, rédactrice agréée et formatrice agréée. Experte langagière recherchée, elle s’exprime comme conférencière sur différentes tribunes au Québec, au Canada, aux États-Unis, en Europe et en Amérique latine.

 

COURRIER DES LECTEURS. Prendre la parole en public constitue l’une des plus grandes peurs, qui en tétanise plus d’un. La convergence des regards vers soi, la crainte de bafouiller ou d’avoir un trou de mémoire, la peur de l’imposture et autres manifestations anxiogènes peuvent décourager bien des orateurs. Si certains semblent disposer d’une facilité naturelle à s’exprimer en public, plusieurs recourent à l’évitement.

La vie professionnelle amène toutefois d’innombrables occasions de prendre la parole: entrevue de sélection, négociation salariale, négociation commerciale, présentation devant la clientèle, formation à des collègues, tour de table, intervention préparée ou improvisée dans une réunion, allocution ou mot de remerciement sont des exemples parmi d’autres. Ce n’est qu’une question de temps avant de devoir prendre le micro en personne ou en virtuel au cours de sa carrière!

Si prendre la parole en public rime avec panique, la bonne nouvelle est que l’éloquence est une compétence! Et toute compétence s’apprivoise, s’acquiert et se maîtrise. Peu ou pas enseigné dans les cursus traditionnels, l’art oratoire dans une langue d’excellence gagne à être connu et valorisé. Heureusement, les ressources et outils abondent en la matière. Les formations en art oratoire englobent l’aisance de l’expression, la diction, la construction argumentaire, l’assurance de soi, la présence sur scène, la gestion du trac, la gestion du comportement et d’autres contenus pratiques qui s’inscrivent dans une pléiade de ressources en habiletés oratoires.

L’éloquence ne suffit toutefois pas: la connaissance de la thématique, la recherche sur le sujet, la qualité des données s’avèrent cruciales pour bien maîtriser son contenu et faire preuve de persuasion envers un public, un auditoire, une clientèle ou des clients éventuels.

 

Langue soignée et adaptée à l’auditoire

La prise de parole qui se conjugue avec une langue d’excellence — adaptée à la compréhension de l’auditoire — sera d’autant plus efficace. En effet, des phrases bien construites, une terminologie sectorielle précise et un style adapté à l’auditoire enrichissent le propos et rehaussent la crédibilité de l’orateur — deux valeurs sûres pour convaincre son public. La langue française, l’une des langues les plus précises au monde, ouvre un éventail infini de subtilités. Le recours à quelques phrases d’accroche, l’élimination de mots ternes et de redondances, les formulations concises, les termes ciblés et évocateurs, les verbes d’action ou le vocabulaire positif sont des avenues qui améliorent grandement le discours et éviteront la monotonie.

Plus encore, la livraison efficace du discours s’accompagne d’une connexion rassembleuse: transmettre un message, c’est aussi savoir interpeller son public, le toucher, le rallier à ses propos. Il est notoire que la conclusion — le tout premier élément à préparer, car elle synthétisera le message — se veut souvent inspirante afin de laisser une impression durable à son public.

 

Sortie de sa zone de confort

L’éloquence s’acquiert essentiellement par la pratique, davantage que par la théorie. Les volets d’apprentissage et les exercices concrets focaliseront sur des éléments qui escorteront l’apprenant hors de sa zone de confort. L’apprenant pourra placer sa voix, être attentif à son élocution, user intelligemment de micropauses, changer d’humeur (si la thématique le permet), recourir avec parcimonie et respect à l’émotion et à l’humour, calibrer son débit, s’approprier — en juste dose — l’espace. Il pourra s’autoriser un paralangage (signaux corporels ou expressions faciales) naturel et authentique ; un langage corporel trop joué ferait dissonance avec le discours. Il saura aussi ressentir son auditoire — voire une possible perte d’intérêt temporaire — et relancer l’attention.

Si l’éventail d’habiletés à apprendre est infini, l’art oratoire ne se limite pas à un talent. Recenser ses propres forces pour s’y appuyer et choisir quelques avenues à approfondir et maîtriser permettront à tous et à toutes le développement de cette compétence précieuse, dans la voie royale de l’authenticité et de la crédibilité de soi.

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