«La sous-représentation des femmes au sein des firmes de capital de risque se répercute au niveau de l’entrepreneuriat.» (Photo: 123RF)
Un texte de Olivier Quenneville, président-directeur général, Réseau Capital.
COURRIER DES LECTEURS. Alors que nous soulignons en ce 8 mars la Journée internationale des droits des femmes, l’industrie québécoise du capital d’investissement se mobilise pour agir devant le constat suivant: plus de 80% des associés votant sur les décisions d’investissements sont des hommes, aux États-Unis et au Canada, incluant le Québec, selon l’étude State of diversity and inclusion 2021 de Diversio.
Les causes de cette sous-représentation sont multiples, mais proviennent essentiellement de difficultés qui se situent notamment au niveau du recrutement et de la rétention:
· Les femmes tendent à ne pas poser leur candidature pour un emploi si leurs aptitudes ne correspondent pas exactement à l’intitulé de l’annonce.
· Les femmes négocient généralement moins leur salaire que les hommes.
· Nombre de femmes aiment avoir une autre femme à qui demander conseil, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’entreprise.
· Malgré les mesures de soutien en place, avoir des enfants demeure une inquiétude professionnelle pour de nombreuses femmes.
L’industrie en mode action
Devant de tels constats et pour tenter d’y remédier, il est devenu impératif pour l’industrie de proposer des pistes de solutions concrètes. Le 19 janvier dernier, 20 représentant.e.s de fonds privés et institutionnels se sont rassemblé.e.s à Montréal afin d’ébaucher un guide des bonnes pratiques pour rééquilibrer le secteur, toujours largement masculin. Cette table ronde, un rare moment d’échange, a permis de croiser les expériences et de partager les initiatives les plus efficaces.
Bien que la situation soit encore loin d’être parfaite, elle s’améliore. Les données recueillies grâce à l’initiative Capital femmes montrent en effet que la représentation féminine à la direction des fonds et des entreprises au stade du capital de risque et de développement au Québec est en augmentation depuis six ans.
Les champs d’actions sur lesquels l’industrie est invitée à travailler sont toutefois multiples, à commencer par le changement des perceptions.
Les expériences partagées autour de la table suggèrent que notre industrie est méconnue, et par conséquent peu attirante pour les femmes, ce qui appelle à un effort d’éducation et de communication. Le métier d’investisseuse a un aspect profondément humain avec un potentiel d’impact concret qui le rend unique dans le monde de la finance. Nous devons en parler plus, y compris aux étudiantes.
De multiples solutions ont été par ailleurs mises de l’avant par l’industrie afin de recruter et de garder des talents féminins. Ces efforts commencent avec les méthodes de recrutement. Ils se poursuivent avec d’importants ajouts aux congés parentaux, la flexibilité des horaires, les perspectives d’évolution de carrière. Au total, ce sont plus de 20 mesures qui ont émergé des discussions de la table ronde.
La sous-représentation des femmes au sein des firmes de capital de risque se répercute au niveau de l’entrepreneuriat. Il est démontré qu’elle rend plus difficile la capacité des entreprises fondées par des femmes à trouver du financement. À l’inverse, les études récentes montrent que les fonds d’investissement ayant au moins une femme associée, réalisent en moyenne des gains 2-3% plus élevés. De plus, 60% des fonds dans le premier quartile de performance ont une femme dans leur équipe d’associés.
En cette journée du 8 mars, rappelons-nous l’importance de continuer d’encourager et de promouvoir la représentation et la réussite des femmes investisseuses œuvrant dans l’industrie du capital d’investissement au Québec.
