Attention, la COVID-19 dissimule une bombe à retardement!

Publié le 04/08/2020 à 08:00

Attention, la COVID-19 dissimule une bombe à retardement!

Publié le 04/08/2020 à 08:00

L'explosion pourrait survenir dès cet automne... (Photo: Warren Wong pour Unsplash)

CHRONIQUE. Au Canada, le nombre de défaillances d’entreprises a bondi de 36% en mai 2020 par rapport au même mois de l’année précédente. Et la situation devrait s’aggraver durant le second semestre de l’année et au début de 2021. C’est du moins ce qui ressort d’une étude mondiale de la société d’assurance-crédit Euler Hermes.

C’est bien simple, la crise consécutive à la COVID-19 est une véritable «bombe à retardement», qui devrait «exploser» cet automne, voire cet hiver. Pourquoi ça? Parce que c’est alors que devrait survenir la vraie vague de défaillances d’entreprises, incapables de faire face à leurs obligations financières, qu’il s’agisse de paiement de fournisseurs, de salaires ou d’autres dettes.

«La vague de défaillances est décalée dans le temps, elle aura lieu au second semestre de 2020 et au premier trimestre de 2021», avance l’étude. Ce décalage provient de deux facteurs principaux, d’après les experts d’Euler Hermes:

> Une raison purement statistique. «Certains pays ont fermé leurs tribunaux de commerce et/ou ont gelé les procédures d’enregistrement des faillites afin de laisser le temps aux entreprises de se relever de la crise, est-il expliqué dans l’étude. Il y a donc des entreprises d’ores et déjà en situation de défaut de paiement, mais qui ne sont pas encore prises en compte dans les statistiques.»

> Un facteur étatique. «De nombreux plans de soutien aux entreprises ont été mis en place par les États et jouent un rôle d’amortisseur, poursuit l’étude. Toutefois, ces mesures - reports d’impôts, prêts et garanties de l’État, subventions salariales, moratoires de la dette, etc. - ne sont pas éternelles, et les entreprises les plus en difficulté auront du mal à survivre à l’arrêt prochain de ces soutiens.»

In fine, Euler Hermes estime que les défaillances d’entreprises canadiennes croîtront de 25% entre 2019 et 2021. Soit le plus haut niveau jamais atteint depuis la crise de 2007.

Cela étant, d’autres zones géographiques devraient être davantage secouées que le Canada : à l’échelle de la planète, le même pourcentage devrait être de 35%; et aux États-Unis, de… 57%. «La rapide propagation du virus a accentué le recul de l’activité économique américaine et généré une crise de liquidités pour de nombreuses entreprises», note l’étude.

Point important : les grandes entreprises (dont le chiffre d’affaires dépasse les 50 M$ US) sont loin d’être à l’abri de cette terrible vague. Aux États-Unis, Bloomberg a enregistré 52 faillites d’entreprises cotées en Bourse au premier trimestre de 2020 et 76 au deuxième, soit un total de 128 grandes entreprises représentant une valeur d’actifs de 160 G$ US. Selon les données d’Euler Hermes, les insolvabilités de grandes entreprises ont «plus que doublé» aux États-Unis lors du premier semestre de 2020 en comparaison avec celui de l’année précédente: il y en a eu 66, dont plusieurs noms emblématiques comme Hertz, Latam Airlines, Frontier Communication, Intelsat, JC Penney, Neiman Marcus et McDermott Intl.

L’ennui, c’est que ces défaillances de grandes entreprises risquent fort d’avoir prochainement de lourdes conséquences pour les PME. «Le danger, c’est d’assister à un effet domino, dit Maxime Lemerle, directeur, recherches sectorielles, d’Euler Hermes. Les difficultés que connaissent les grandes entreprises fragilisent inévitablement leurs sous-traitants et autres fournisseurs, pour qui des impayés pourraient finir par signifier un arrêt de mort.»

Et de souligner : «Plus l’entreprise déclarant faillite est grande, plus le risque d’effet domino est élevé», dit-il, en précisant que «les États-Unis sont particulièrement exposés à ce risque-là».

Ce qui, de toute évidence, n’est pas de bon augure pour nous, notre économie étant «tissée serrée» avec celle de notre voisin du Sud. Pas de bon augure du tout.

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Un rendez-vous hebdomadaire dans Les affaires et Lesaffaires.com, dans lequel Olivier Schmouker éclaire l'actualité économique à la lumière des grands penseurs d'hier et d'aujourd'hui, quitte à renverser quelques idées reçues.

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ESPRESSONOMIE est le blogue économique d'Olivier Schmouker. Sa mission : éclairer l'actualité économique à la lumière des grands penseurs d'hier et d'aujourd'hui. Ce blogue hebdomadaire présente la particularité d'être publié en alternance dans le journal Les affaires (papier/iPad) et sur Lesaffaires.com. Olivier Schmouker est chroniqueur pour Les affaires et conférencier.

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