Les PDG ne travaillent pas tous dans de hautes tours

Publié le 09/10/2018 à 15:55

Les PDG ne travaillent pas tous dans de hautes tours

Publié le 09/10/2018 à 15:55

[Photo: 123rf]

BLOGUE INVITÉ. Depuis qu’il a endossé le rôle de PDG de la Mission Bon Accueil en 2016, Sam Watts a déjà réussi à faire progresser la mission de cet organisme à but non but lucratif : faire en sorte qu’il n’y ait plus de sans-abri à Montréal.

Pour de nombreuses personnes, cela est irréaliste. M. Watts est convaincu que cela est possible. Il croit même que Montréal peut aussi éliminer la faim sur son territoire : « Notre société possède les ressources nécessaires pour atteindre ces deux objectifs, il suffit d’avoir de la volonté et travailler ensemble. »

La carrière antérieure de M. Watts ne s’est pas déroulée au sein d’associations caritatives, ou du moins pas au sens traditionnel du terme. Il a commencé à Dominion Textile avant de concrétiser sa passion pour le travail d’équipe en créant ce qui deviendra un lucratif cabinet de conseil indépendant. Alors que sa propre entreprise était en pleine croissance, M. Watts accepte un poste à la Mission Bon Accueil.

M. Watts estime que les différences entre les entreprises axées sur le profit et les organismes à but non lucratif se limitent largement à leurs objectifs finaux. Diriger la mission s’apparente à gérer une société de taille moyenne : M. Watts administre un budget annuel de 19 millions de dollars et supervise 140 employés à temps plein. Comme tout PDG, Sam Watts doit gérer rigoureusement les relations avec de multiples partenaires et répondre aux besoins de ses clients. Toutefois, contrairement à une entreprise, la Mission Bon Accueil ne cherche pas à fidéliser ses clients, elle s’efforce de les sortir de la rue et de les intégrer à des modes de vie saine.

[Courtoisie]

À la mission, les initiatives de M. Watts reflètent sa conviction que les entreprises et les ONG peuvent apprendre énormément les unes des autres. Lorsqu’il travaillait encore comme consultant, M. Watts s’efforçait de faire comprendre à ses clients qu’il est « important de motiver ses employés, mais que leur enthousiasme sera de courte durée si leur motivation ne repose que sur la perspective de faire des profits. »

Comme une entreprise qui utilise les mégadonnées, la Mission Bon Accueil a considéré ses interactions avec la technologie. La transition récente de la gestion d’une banque alimentaire à une épicerie gratuite a permis de développer de meilleurs indicateurs et de préserver la dignité des prestataires de la mission. Aujourd’hui, elle perfectionne la gestion de ses stocks et comprend mieux ses clients, tout en fournissant des résultats concrets à plus de 300 supermarchés partenaires et donateurs privés.

Il peut être étonnant d’entendre que 75 % de ceux qui sont hébergés à la Mission Bon Accueil ne restent que pour 15 nuits ou moins. M. Watts réitère que, pour la plupart d’entre eux, ce n’est qu’une question de circonstance : « Cela nous permet de nous rendre compte qu’une personne a besoin d’assistance parce qu’elle a subi un ou deux malheurs consécutifs. »

Au-delà du rôle déterminant que la mission joue dans la vie de ses clients, elle assume également un rôle économique important. L’organisme a pu « démontrer que l’investissement dans le logement et le soutien aux laissés-pour-compte génère une valeur économique. » Lorsque ses clients sont en mesure de contribuer à la société, ils deviennent des consommateurs qui appuient les entreprises locales.

Mission Bon Accueil a continué d’étendre ses activités dans la région de Montréal en mettant l’accent sur les quartiers où les problèmes sociaux sont plus présents. Dernièrement, l’organisme a acheté un nouvel emplacement dans le Nord-est de l’île, notant que « le chômage à Montréal-Nord est deux fois plus élevé que dans le reste de Montréal. » M. Watts ajoute qu’« il existe des besoins énormes en dehors du centre-ville, et notre vision est de réaliser un Montréal transformé. »

Sa passion est manifeste : peu de gens osent quitter le secteur privé pour une ONG. Il ne fait pas mystère de sa foi chrétienne, mais il ne manque pas de souligner que le succès de la mission découle de la collaboration active d’un éventail de partenaires communautaires.

La présente entrevue est une version condensée et révisée de celle provenant de l’émission The CEO Series sur CJAD, animée par Karl Moore, professeur agrégé de l’Université McGill. Cet article a été rédigé par Pauline Sels, étudiante à McGill, baccalauréat en commerce. L’entrevue intégrale est accessible en version podcast sur iTunes (CEO Series) ici.

 

À propos de ce blogue

Chaque semaine, Karl Moore, professeur agrégé à la Faculté de gestion Desautels de l’Université McGill, s’entretient avec des dirigeants d’entreprise de calibre mondiale au sujet de leur parcours, les dernières tendances dans le monde des affaires et l’équilibre travail-famille, notamment.

Karl Moore
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