Voulez-vous vraiment devenir pdg?

Publié le 15/08/2016 à 10:59

Voulez-vous vraiment devenir pdg?

Publié le 15/08/2016 à 10:59

J’ai préparé plein de cafés glacés pour mon équipe et fait la vaisselle au bureau presque tous les jours, mais pas accompli grand chose de concret. [Photo : Demi DeHerrera, Unsplash.com]

BLOGUE. Cette semaine, j’ai envoyé des courriels et j’ai rencontré des gens. J’ai aussi préparé beaucoup de cafés glacés pour mon équipe et fait la vaisselle au bureau presque tous les jours. J’ai aussi effectué un paquet de microtâches ici et là. En m’assoyant pour réfléchir à ce que j’ai accompli au courant des 7 derniers jours et en regardant mes mesures de croissance, un sentiment de frustration m’a envahi. Je travaille 7 jours sur 7 à raison de 12 à 13 heures par jour pour arriver à ça? Est-ce que je suis stupide? Pourquoi je travaille autant pour aussi peu de résultats concrets?

Pour moi, ce qui est le plus frustrant, c’est que je pourrais avoir un impact majeur sur Hardbacon en faisant ce que je fais le mieux: écrire sur l’argent et l’investissement. Certes, j’ai la chance de pouvoir compter sur les services d’une ribambelle de collaborateurs bénévoles, et sur Ceilidh, notre directrice du contenu. Malgré tout, il s'avère que je suis le seul dans l’équipe à avoir des années d’expérience en tant que journaliste économique et blogueur.

C’est clair qu’il y a des projets que je pourrais accélérer si je passais plus de temps devant mon logiciel de traitement de texte et moins devant Gmail et LinkedIn. Notamment, on pourrait certainement devancer le lancement de notre encyclopédie des termes financiers si je pouvais y consacrer plus de temps, et notre comparateur pourrait être bonifié si j’avais le temps de faire des recensions de chacune des plateformes qui s’y trouvent. Cela, sans compter que je pourrais sans doute faire bouger mes mesures de croissances plus rapidement si je publiais ces contenus.

Le problème, c’est que je dois avant tout faire mon job de pdg de Hardbacon et, la semaine dernière, ça voulait dire envoyer des tonnes de courriel et de messages sur LinkedIn pour planifier des rencontres à Toronto, où je suis en ce moment. En effet, maintenant que notre comparateur de courtiers à escompte et de robot-conseillers est lancé, ma priorité est de faire de l’argent. Et pour en faire, il faut que je négocie des ententes d’affiliation avec les principaux acteurs de l’industrie.

Je ne suis pas un négociateur d’élite, ni super-efficace dans la planification et la prise de rendez-vous. Malgré tout, il faut que j’assume ces tâches, pour la simple et bonne raison que personne d’autre ne les accomplira à ma place. Un tel compromis fait plus mal au coeur lorsqu’une entreprise en est à ses débuts, car on n’a pas les moyens d’embaucher pour combler le vide.

On voit d’ailleurs souvent des programmeurs d’élite qui, après avoir fondé leur start-up, se rendent compte peu à peu qu’être pdg signifie qu’ils devront arrêter de programmer. C’est quelque chose qui n’est pas facile à faire, surtout quand on excelle dans ce qu’on fait et qu’on se rend compte qu’il est impossible d’exceller dans tout ce qu’on a à faire en tant que pdg.

C’est probablement la raison pour laquelle on voit souvent des ingénieurs visionnaires confier la gestion de leur start-up à un cofondateur ayant de meilleures assises en gestion qu'eux. Cela dit, très peu de gens peuvent se targuer d’avoir les compétences nécessaires pour diriger une start-up. Car la définition de tâches d’un pdg de start-up change de semaine en semaine, au fil de sa croissance. Ça implique donc d’avoir une bonne capacité à prendre des décisions pas trop éclairées (lorsqu’on n'a pas le temps de demander à quelqu’un qui est passé par là), beaucoup d’humilité et une capacité d’apprendre très rapidement.

C’est frustrant comme ça ne se peut pas, mais c’est tout aussi gratifiant. Et je trouve quand même encore le temps d’écrire, comme en fait foi le billet que vous êtes en train de lire. Par contre, ce n’est pas tout le monde qui a envie de faire un virage professionnel à 180 degrés, et c’est très compréhensible. Car il faut être assez masochiste pour vouloir échanger une profession dans laquelle on excelle contre une autre, dans laquelle on sera inévitablement incompétent la plupart du temps.

Principales réalisations:

  • Prise de rendez-vous avec des partenaires potentiels à Toronto
  • Embauche d’un nouveau stagiaire en développement Web
  • Conception d’une carte de tarifs en vue de vendre de la pub dans notre infolettre

Mesures de croissance:

  • Revenu: 0$
  • Nouveaux abonnés à l’infolettre : 60 (total: 1628, croissance hebdo: 4%)
  • Nouveaux abonnés sur Snapchat : 3 (total 93, croissance hebdo: 3%)
  • Nouveaux abonnés sur Instagram : 6 (total: 312, croissance hebdo: 2%)
  • Nouveaux J’aime sur Facebook : 38 (total: 1387, croissance hebdo: 3%)

À propos de ce blogue

DE ZÉRO À UN MILLION est le blogue de Julien Brault, qui a fondé la start-up Hardbacon en juin 2016. L’ancien journaliste de Les Affaires relate ici chaque semaine comment il transforme une idée en entreprise. Dans ce blogue, Julien Brault dévoile notamment chaque semaine ses revenus. Une démarche sans précédent qui est cohérente avec les aspirations de Hardbacon, qui vise à aider les gens à investir intelligemment en faisant voler en éclat le tabou de l’argent. Ce blogue sera ainsi alimenté jusqu’à ce que Hardbacon, qui n’avait aucun revenu lors de la publication du premier billet, génère un million de dollars en revenu annuel.

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